Petite histoire du laurier-rose

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25 juin 2020

Le laurier-rose, ou ​Nerium oleander​, décrit et nommé par ​Carl von Linné en 1753, est une espèce d'arbuste de la famille des ​Apocynacées​. Petite histoire de cette espèce aux fleurs roses, blanches, jaunes, orangées ou rouges, présente sur les deux rives de la Méditerranée​.
 

Joseph Pitton de Tournefort, ​Elemens de botanique, ou Methode pour connoître les plantes​, t. III, 1694.
 
 

Tantôt ​symbole de beauté et douceur​, ou de ​beauté, modération, gloire et génie​, le laurier-rose est une espèce connue depuis très longtemps. Dès le Ier siècle après J.-C., le grec Dioscoride en fait une description dans son ​De Materia Medica​. Plantés en pleine terre dans les régions méditerranéennes et en caisse ou pot dans les régions plus froides, on retrouve notamment des lauriers-roses dans le ​jardin royal des plantes de Nancy dans la seconde partie du XVIII​e​ siècle.

Au XIX​e siècle, de belles collections de lauriers-roses sont présentées dans les expositions horticoles, et de nouvelles variétés font leur apparition sur le marché. À Paris, le jardinier-fleuriste Michel Frédéric Mabire (1806-​1859​), établi ​rue de Lourcine​, s'illustre particulièrement avec ses lots de ​Nerium et de ​Rhododendrum​. Il remporte en 1840 un ​prix pour la plus belle plante en fleur la mieux cultivée à la dixième exposition publique des produits de l'horticulture, organisée par la ​Société royale d'horticulture de Paris​, pour son Nerium Mabiri (ou ​Nerium Mabirii​) obtenu deux ans plus tôt. Cette variété de laurier-rose à fleurs blanches disposées en pyramide est commercialisée en France dès les années 1840 (on la retrouve chez ​M. Vaillant à Angers en 1840, chez ​M. Foulard, amateur au Mans​, en 1850, etc.) mais aussi à New-York ou Londres dans les années 1850 et 1860. Le même fleuriste obtient le ​Nerium cupreum en 1841, et possède également dans sa collection des Nerium carneum​, ​Nerium grandiflorum​, ​Nerium luteum​, ​Nerium odorum​, etc.
À la même époque, ​M. Grangé-Fougouin, horticulteur à Orléans​, lance une souscription pour la commercialisation de son ​Nerium Jeanne d'arc​, également à fleurs blanches.

 

Loué pour sa beauté et son parfum, le laurier-rose est aussi connu pour sa ​grande toxicité​. Au début du XIX​e siècle, il aurait ainsi causé la ​mort d'une douzaine de soldats ayant utilisé ses tiges comme broches à rôtir. Les propriétés chimiques du laurier-rose ont fait l'objet de plusieurs ​études pharmacologiques​, qui ont permis de mettre en évidence son composé le plus caractéristique, ​l'oléandrine​, présente dans toutes les parties de la plante. Ainsi, l'ingestion de quelques feuilles suffit à tuer animaux et êtres humains. Malgré le danger, à la fin du XIX​e siècle, on va jusqu'à envisager l'utilisation du laurier-rose en médecine pour sa supposée ​action tonique sur le cœur​.

 

Sphinx du laurier-rose, dans Louis Figuier, ​Les Insectes​, Paris, L. Hachette, 1875

La toxicité du laurier-rose ne le protège pourtant pas des parasites comme le ​sphinx du laurier-rose​, ou ​Daphnis nerii​, lui aussi décrit par Carl von Linné en 1758. Ce lépidoptère est signalé à Paris et dans les villes environnantes en 1835​. Un puceron se nourrit également de la sève du laurier-rose, l'​Aphis nerii​, décrit par Étienne Boyer de Fonscolombe en 1841.
Le laurier-rose, de la famille des Apocynacées, ne doit pas être confondu avec le laurier-cerise​, de la famille des ​Rosacées​, ni avec le laurier-sauce, de la famille des Lauracées​.

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