La station de métro Opéra
Découvrez grâce à la RATP et Gallica l'histoire des stations du métro parisien. Pour ce cinquième épisode, nous vous emmenons à l’Opéra !
Situées à la limite des IXe et IIe arrondissements, la place et l’avenue de l’Opéra sont indissociables des grands travaux d’aménagements de Paris entrepris sous le Second Empire par le baron Georges Eugène Haussmann (1809-1891), préfet de la Seine. Au centre de la place se dresse l’Opéra, spectaculaire édifice aux influences baroques élaboré par l’architecte Charles Garnier (1825-1898) et dont la construction s’échelonne de 1862 à 1875, date de son inauguration par Mac-Mahon, sous la Troisième République. Immeubles et maisons anciennes sont démolis, des magasins sont expropriés et les buttes comme la butte des Moulins arasées pour permettre la percée de grands boulevards et de l’avenue de l’Opéra qui relie le Théâtre français, où joue la Comédie Française, à l’Opéra. Les premières photographies de Charles Malville (1813-1879) et les estampes de Jules-Adolphe Chauvet (1828-1898) documentent ces travaux qui se déroulent entre 1860 et 1873.
Plan de Paris indiquant toutes les avenues, boulevards, rues, passages, etc, 1870
Ce plan de 1870 met en évidence ces nouveaux boulevards qui sillonnent la capitale. L’Opéra est devenu un monument de Paris. Aussi toute tentative de modification de la physionomie de ce nouvel ensemble rencontre de l’hostilité. Les premiers projets de métro aériens élaborés dans les années 1880 font l’objet de polémiques relayées par la presse car ils proposent un tracé en viaduc passant devant l’Opéra. C’est le cas du projet de Jean Chrétien, pourtant novateur par son mode de traction électrique, élaboré en 1881 et soutenu par Louis Figuier : « Bien des personnes que l’on peut croire bons juges en la matière, trouvent que la place de l’Opéra gagnerait à être plus meublée qu’elle ne l’est. Ce serait une belle occasion de donner satisfaction à leur manière de voir (…) Tel qu’il est projeté par M. J. Chrétien, le viaduc n’a rien de désagréable. Ses lignes correctes, toutes régulières parallèles à celle du monument principal pourraient très bien concourir à faire ressortir encore davantage l’Opéra lui-même, plutôt que nuire à son aspect. »
La loi du 30 mars 1898 qui déclare d’utilité publique la création d’un réseau métropolitain prévoit déjà 6 lignes dont une devant passer par l’Opéra. Mais dès 1900, avant le début des travaux de la ligne 3, il est envisagé d’étendre le réseau au-delà de ces six premières lignes et les tracés sont déjà concédés. A Opéra, la ligne 3 doit croiser la ligne 7 (Palais-Royal-Danube) et la ligne 8 (Auteuil-Opéra). Si la construction de ces deux dernières lignes n’est programmée que plus tard, l’organisation de leur croisement est entreprise dès le début du chantier de la ligne 3 pour éviter la reprise ultérieure des tunnels, ainsi que le décrit la chronique de la RATP dédiée à cette station.
Trois tabliers métalliques se superposent sous la rue Auber pour faire passer les trois lignes : au plus près du sol, la ligne 3, qui passe au-dessus du collecteur de Clichy et, au plus profond, à 16 mètres de profondeur, la ligne 8. Ces travaux d’ampleur sont réalisés par l’entreprise de Léon Chagnaud, spécialisée dans le percement de tunnels grâce à la technique du bouclier et familière des travaux du métropolitain. Pendant presqu’un an entre mars 1903 et février 1904, la chaussée devant l’Opéra est éventrée, les étapes d’avancement des travaux sont couvertes par la presse généraliste comme Le Monde illustré en 1904. Enfin des essais sont réalisés pour éprouver la résistance des tabliers en faisant passer des motrices chargées de plomb, comme relaté par le Journal L’Humanité en 1904.
Le 19 octobre 1904, la ligne 3 Villiers-Père Lachaise est inaugurée, la ligne 7 est ouverte le 5 novembre 1910 sur le parcours Porte de la Villette-Opéra et la ligne 8 entre Opéra et Beaugrenelle (Charles Michels), le 13 juillet 1913. Juste à côté de la station Opéra, est construite une sous-station électrique. Le métropolitain, dont la traction est électrique, s’est assuré dès l’origine de son indépendance énergétique avec la construction de l’usine principale de Bercy en 1901. Située rue Caumartin, la sous-station Opéra est elle dédiée aux trois lignes qui circulent sur ce tronçon (ainsi que la ligne 9 ultérieurement) et transforme le courant triphasé. La sous-station accueille aussi des batteries d’accumulateurs qui permettent l’éclairage en station, via un circuit indépendant de l’alimentation électrique pour la traction du métro.
L’accès à la station Opéra sur le terre-plein nord de la place tranche avec le style Art nouveau d’Hector Guimard adopté pour les édicules de la ligne 1, ce dont se réjouit le journal Le Figaro en 1907 :
« On a renoncé à déshonorer la place de l’Opéra avec ces rampes contorsionnées, ces lampadaires bossus qui signalent par d’énormes yeux de Grenouilles les autres stations du Métropolitain. Celle-ci est entourée d’une simple balustrade en pierre polie (…) en parfaite harmonie avec l’Académie de musique. C’est simple, très artistique et du meilleur goût. Maintenant que le premier pas est fait, nous espérons que l’on va faire disparaître les ornements « Art nouveau » qui décorent la station de la place du palais-Royale et des Tuileries (…) »
Un nouvel accès est aménagé pour la ligne 7 en 1909 et la station s’équipe d’ascenseurs en 1916.
Station Opéra c'est aussi :
Une circulation intense.
Que ce soit en souterrain avec le métro ou en surface avec les fiacres, les omnibus, puis en automobile, la circulation autour de la place et de l’avenue de l’Opéra est intense. Elle occasionne même un test d’une plate-forme pour permettre aux agents de réguler le trafic, en 1927.
On peut y voir passer des vélos-cars qui effectuent en 1928 un tour de France et même, mais cela reste de l’anticipation, des engins volants imaginés par Jean-Marc Côté en 1910.
Pour aller plus loin
- "Un jour, une station : Opéra, la mélomane" sur le site de la RATP
- Présentation en direct dans Gallica part en live à l'occasion des 120 ans du métro parisien
- Le métro en projet et en construction dans le parcours transport sur Gallica
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