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Hommage à Lili Boulanger

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19 avril 2023

Gallica honore la compositrice Lili Boulanger (1893-1918), première lauréate féminine du Prix de Rome de composition en 1913, et un des plus grands talents musicaux du début du XXe siècle. Nous vous invitons à découvrir les nouvelles sélections qui lui sont consacrées.
 
Photographie de Lili Boulanger (trouvée dans un de ses cahiers), vers 1916

 

Née à Paris le 21 août 1893, Lili Boulanger est la fille d'Ernest Boulanger (1815-1900), compositeur et professeur au Conservatoire de Paris, et de la princesse Raïssa Mychetsky (1858-1935), une cantatrice d'origine russe de plus de quarante ans sa cadette.

Le couple a deux filles : Nadia, née en 1887, et Marie Juliette, dite Lili. Les deux sœurs montrent vite les mêmes dispositions pour la musique que leurs parents. Douées pour la pratique des instruments, en particulier le piano et l'orgue, elles possèdent également toutes les deux un grand talent pour la composition.

La jeune Lili grandit sans suivre de cours de musique réguliers et se forme par imprégnation, notamment au cours des nombreuses séances de musique tenues dans le salon de l'appartement familial du 36 rue Ballu, dans le 9e arrondissement de Paris. Après le décès de son père en 1900, alors qu'elle n'a que 6 ans, Lili trouve une figure paternelle de substitution ainsi qu'un premier maître auprès du pianiste Raoul Pugno (1852-1914), un ami de ses parents et habitué des concerts de la rue Ballu.

Ses premiers essais en matière de composition remontent à 1904, mais Lili ne prendra de véritables cours qu'à partir de fin 1909, avec le compositeur et professeur Georges Caussade (1873-1936).

Début 1912, Lili Boulanger est admise dans la classe de composition de Paul Vidal au Conservatoire de Paris, à une époque où il est encore rare pour une jeune fille de suivre ce cursus. Elle s'avère si douée que le directeur du Conservatoire, Théodore Dubois, lui conseille de s'aligner dès cette année-là au prestigieux concours du Prix de Rome de composition.

Après des examens préalables au Conservatoire, les candidats au Prix de Rome sont accueillis au Palais de Compiègne où ils font leur « entrée en loge » pour les épreuves finales. Lili participe au concours d'essai qui a lieu du 6 au 12 mai et écrit une pièce pour chœur, La Source ; mais, malade, elle quitte le concours après avoir remis sa partition et ne participera pas au concours final.

Lili tente à nouveau sa chance l'année suivante ; cette fois, c'est la bonne : sa cantate Faust et Hélène écrite pour l'épreuve définitive lui vaut un véritable plébiscite lors du jugement du concours, le 5 juillet 1913, avec 31 voix du jury sur 36.

Lili Boulanger devient ainsi la première femme récompensée par le Prix de Rome de composition musicale, à 19 ans (âge auquel son père avait lui-même remporté le Prix en 1835) et en n'ayant étudié la composition de façon intensive que pendant deux ans.

Ce succès est largement salué par la presse musicale et au-delà, et lui vaut en plus de nombreuses sollicitations mondaines : elle est notamment conviée à l'Élysée pour une réception officielle, où l'on joue ses œuvres pour le président de la République Raymond Poincaré.

Lili effectuera deux séjours à la célèbre Villa Médicis, siège de l'Académie de France à Rome où sont accueillis les lauréats du concours, un premier en 1914 et un second en 1916.

Cependant, la guerre éclate en Europe en 1914. De retour à Paris après son premier séjour romain, Lili crée avec sa sœur Nadia le Comité franco-américain du Conservatoire National de Musique et de Déclamation, en soutien à leurs camarades du Conservatoire ayant été mobilisés. Le Comité fait paraître un journal, la Gazette des classes de composition du Conservatoire, dont les sœurs Boulanger sont co-éditrices.

Pendant les dernières années de sa vie, de 1914 à 1918, Lili souffre à la fois des malheurs de la guerre et de sa maladie grandissante. Elle conserve malgré tout une remarquable énergie créatrice, et voue une grande partie de ses efforts à l'écriture d'œuvres religieuses. Elle dicte son ultime composition, le Pie Jesu, à sa sœur depuis son lit de mort.

Elle décède le 15 mars 1918, dans sa vingt-cinquième année.

Après la mort de Lili, Nadia Boulanger décide de ne plus composer de musique elle-même ; elle se consacrera au lieu de cela à l'enseignement, et deviendra l'une des plus grandes pédagogues de l'histoire de la musique, exerçant presque jusqu'à la fin du XXe siècle.

Toute sa vie, elle conservera pieusement le souvenir de sa sœur. Après son décès en 1979, les archives demeurées dans son appartement de la rue Ballu sont léguées à plusieurs institutions : les manuscrits de Lili, qui font partie de cet ensemble, sont confiés pour une part à la Fondation Internationale Nadia et Lili Boulanger, et pour l'autre à la Bibliothèque nationale de France.

Gallica rend aujourd'hui visibles les manuscrits de Lili Boulanger conservés par la BnF. Ils sont présentés en détail sur une nouvelle page dédiée à la compositrice.

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