Le romarin
Il accompagne si bien les plats, soigne les petits tracas de l’existence, et évoque les cieux ensoleillés de la Méditerranée : le romarin déploie ses fragrances dans l’Herbier de Gallica.
L’arbrisseau porte plusieurs noms évocateurs : encensier, herbe des troubadours, rose marine, rose de mer, herbe aux couronnes, bouquet de la Vierge... Plus étonnant, son nom scientifique a changé il y a seulement quelques années : longtemps connu sous le nom de Rosmarinus officialis, il se nomme désormais Salvia rosmarinus, le rattachant au genre des sauges. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la classification des espèces est une discipline loin d’être figée.
Leonhart Fuchs, De historia stirpium commentarii insignes, Bâle, 1542
Appartenant à la famille des lamiacées comme la bugle rampante, le basilic, l’origan ou la sarriette, le romarin est endémique dans le bassin méditerranéen. Il apprécie garrigue, rochers, coteaux et sols calcaires. Touffu, il mesure jusqu’à 1,5 mètres de haut. Ne résistant pas aux gelées hivernales, il est vivace en climat méditerranéen, mais annuel en climat continental. Ses petites feuilles persistantes lui offrent une bonne protection contre la sécheresse : vert foncé sur le dessus, grisâtres et duveteuses sur le dessous, elles sont coriaces et recouvertes d’une pellicule cireuse. Ses petites fleurs bleutées à blanches connaissent plusieurs périodes de floraison au cours de l’année.
Feuilles et sommités florales, très aromatiques, dégagent un parfum persistant. La plante fournit une huile essentielle très prisée, après récolte en avril ou en septembre. L’utilisation du romarin est attestée dès l’Antiquité, associée aux rites funéraires en Égypte. Les Romains le portaient en couronne lors les mariages car il était symbole de longue vie et de paix. De nombreuses légendes lui sont attachées. Elisabeth de Pologne, reine de Hongrie, en fait l’ingrédient majeur de son eau de Hongrie, qui lui rendit une nouvelle jeunesse. Le romarin entre également dans la composition de l’eau de Cologne ou du vinaigre des quatre voleurs, et est très apprécié en parfumerie. Louis XIV se servait de romarin pour soigner ses rhumatismes.
Les vertus thérapeutiques du romarin sont multiples et appréciées. Il facilite la digestion et le travail de la vésicule biliaire, combat le stress et la fatigue, et lutte contre les affections respiratoires (bronchite, asthme, coqueluche). En Afrique du Nord, il est bu en décoction pour provoquer ou accélérer les accouchements. Excellent antimicrobien, il sert pour la conservation des viandes. Ibn Baytar, dans son Traité des simples, explique que les chasseurs mettaient du romarin dans le ventre du gibier après l’avoir éviscéré pour pouvoir le conserver plus longtemps.
L’usage culinaire du romarin n’est plus à démontrer. Comme plante mellifère, il donne le miel de Narbonne. Ses fleurs se consomment crues. Le romarin fait partie des herbes de Provence (avec thym, sarriette, origan ou laurier) et entre comme aromate par infusion dans les soupes, sauces ou ragoûts, ou parfume les grillades.
Pour aller plus loin
Retrouvez le romarin et d’autres plantes méditerranéennes dans la section Botanique du parcours La Nature en images, avant une plongée dans le parcours Patrimoine gourmand.
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