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La saponaire

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18 avril 2022

Une racine pour fabriquer son savon. La saponaire cache sous terre l’organe qui vous permettra de faire des bulles, comme nos grands-parents le redécouvrirent sous l’Occupation. Après vous avoir montré comment vous nourrir, vous soigner ou vous habiller, l’Herbier de Gallica vous passe un savon… végétal.

Emile Gadeceau, Les fleurs des moissons, des cultures, du bord des routes et des décombres (plantes envahissantes), Paris, 1914

Savonnière, saponière, herbe à savon, herbe à foulon, savon des fossés… Les différents noms de la saponaire ne laissent aucun doute sur ses vertus saponifiantes (du latin « sapo » : savon). Le genre Saponaria appartient à la famille des Caryophyllacées comme l’œillet ou le silène. La saponaire officinale (Saponaria officinalis) est la plus connue, mais on peut également rencontrer la saponaire de Montpellier ou la saponaire d’Orient. En revanche, la saponaire des vaches  ou vachère d’Espagne fait partie du genre Vaccaria, tout en contenant elle aussi de la saponine.

Jean-Augustin Barral, Aristide Dupuis, Le règne végétal. Flore médicale, Atlas, Tome 3, Paris, 1867

Plante vivace, la saponaire aime les endroits frais comme le bord des chemins, les bois, les haies ou les talus de chemin de fer, jusqu’à 1000 mètres d’altitude, dans toute l’Europe et dans le nord de l’Asie. Elle possède un rhizome traçant et arbore des fleurs roses et odorantes, à cinq pétales, fleurissant de juin à octobre. Ses petites graines mûrissent en septembre-octobre.

La partie la plus connue de la plante est son rhizome, riche en saponine. Il s’agit d’un groupe de molécules produisant de la mousse, présente, en proportions variables, dans d’autres plantes : asperge, haricot, tomate, lierre, savonnier (Sapindus saponaria)… La partie souterraine de la saponaire est récoltée en automne, nettoyée, coupée, séchée, et enfin réhydratée avant utilisation. 100 g de racines sèches provenant de 1,5 à 2 kg de racines fraîches suffisent pour 100 l d’eau non calcaire.

Eugène Lesacher, Nouvelle botanique médicale comprenant les plantes des jardins et des champs susceptibles d’être employées dans l’art de guérir, Tome 1, Paris, 1876

Les Romains en mettaient dans l’eau du bain (contre les démangeaisons cutanées), pour laver le linge, mais aussi pour débarrasser la laine du suint. Pline l’appelle d’ailleurs herba linaria : herbe à la laine. Au Moyen Âge, la saponaire sert au blanchiment des fils et des dentelles, à la rénovation des vieux tissus. Les léproseries l’utilisaient pour nettoyer les plaies des lépreux. La saponaire se révèle idéale pour les vêtements noirs car elle n’altère pas cette couleur. Elle nettoie aussi les corps, dégageant les voies respiratoires par la toux et traitant les affections dermatologiques. Elle a connu un regain d’intérêt quand le savon se fit rare pendant la Grande Guerre ou sous l’Occupation, pour le blanchissage et même comme shampooing. La saponaire, une plante propre à tout.

Philippe Eberhardt, Les plantes médicinales et leurs propriétés, Paris, 1927

Pour aller plus loin

Retrouvez les plantes utiles à l’entretien des vêtements dans la sélection Botanique du parcours Gallica La Nature en images ainsi que dans le parcours Textile.
Le blanchissage domestique.

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