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Charlotte Perriand

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15 avril 2021

Avec un style minimaliste, attentive au bien-être comme à la fonctionnalité des objets, Charlotte Perriand va imposer son style parmi les grands noms du design du XXe siècle.

Antoine Bourdelle, affiche de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, 1925.

Un style fonctionnel

Née en 1903 à Paris, Charlotte Perriand est une figure majeure du design et de l’architecture française. Sensibilisée au monde des formes par son père tailleur et sa mère couturière pour la haute-couture, elle est diplômée de l’Union centrale des arts décoratifs en 1925 et expose rapidement ses créations, notamment à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925 ainsi qu’au Salon des artistes décorateurs de Paris en 1926 et 1927.
 

René Jean, « le XVIe Salon des artistes décorateurs », Comoedia, 12 mai 1926, p. 3.

Dès ses premières années de travail, les réalisations de Perriand se font remarquer pour leurs matériaux circulaires faits d’acier chromé, d’aluminium et de verre. Au-delà des aspects formels de ses réalisations, il s’agit d’imaginer de nouvelles formes et de proposer un mobilier au caractère dépouillé afin d’adapter l’art décoratif aux exigences de la vie contemporaine.
 

La collaboration avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret

Sa collaboration avec l’architecte Pierre Jeanneret et Le Corbusier dès 1927, va lui permettre de travailler en équipe autour de projets d’habitation et d’équipement. C’est à cette époque qu’elle rompt avec l'académisme architectural pour orienter son travail vers une fonctionnalité plus affirmée tout en prenant en compte la morphologie et le bien-être. Elle conçoit ainsi la « Table extensible Ospite », le « Tabouret pivotant LC8 » et le « Siège pivotant LC7 » en acier chromé et cuir, qui seront exposés au Salon des artistes décorateurs de 1928. Elle poursuit ce travail d’équipement pour la villa La Roche et la villa Church et créé notamment la fameuse « Chaise longue LC4 » qui deviendra un meuble phare de son œuvre. Présentés au Salon d’Automne de 1929, ces meubles sont édités par Thonet et, depuis 2004, par Cassina.
 

Marcel Zahar, « Charlotte Perriand et le meuble métallique », Les Chroniques du jour, Paris, mai 1930, p. 29.

Marcel Zahar, « Charlotte Perriand et le meuble métallique », Les Chroniques du jour, mai 1930, p. 28.

Marcel Zahar, « Charlotte Perriand et le meuble métallique », Les Chroniques du jour, Paris, mai 1930, p. 27.

Informations sociales : bulletin mensuel à l'usage des services sociaux, Union nationale des caisses d'allocations familiales, avril 1961, p. 82.

 
De la conception de mobilier à l’aménagement intérieur

Étroitement liée à d’autres designers comme René Herbst ou Eileen Gray, Charlotte Perriand participe à la fondation de l’Union des artistes modernes en 1929 et entretient des liens étroits avec l’atelier de Jean Prouvé à Nancy. Ces collaborations vont lui permettre de nourrir ses réflexions et d’orienter son travail vers la conception d’aménagements intérieurs et vers l’architecture. Ainsi, durant les années 1930, elle assure l’équipement de la Cité-Refuge de l’Armée du salut et du Pavillon suisse de la Cité universitaire construits par Le Corbusier à Paris, ce qui lui permettra de devenir une des rares femmes connues dans le domaine de l’architecture. Attentive au contexte social et économique de l’entre-deux guerres, Charlotte Perriand présente, lors de l'Exposition internationale de 1935, La Maison du jeune homme, en collaboration avec René Herbst, Louis Sognot, Le Corbusier et Pierre Jeanneret. Elle en élabore le mobilier de la salle d'étude, avec Le Corbusier et Jeanneret, travaillant avec des matériaux naturels comme la paille et le bois. En 1936, Charlotte Perriand expose au Salon des Arts ménagers un mobilier destiné à un budget « modeste ». Elle y propose des fauteuils pliables et empilables. La conceptrice se montre en effet sensible aux difficiles conditions de logement et cet engagement politique lui vaudra d’être reconnue comme étant communiste. Mais en 1939, elle rompra avec le Parti communiste.
 

Art et industrie : revue générale des industries de luxe et des arts appliqués à la maison, janvier 1930, p. 122.

En 1947, Charlotte Perriand élabore la maquette d’une cuisine type pour l’Unité d’habitation de Marseille, bâtiment emblématique construit par Le Corbusier de 1947 à 1952. Dans la réalisation définitive par l’Atelier de Le Corbusier, les idées générales du projet de Charlotte Perriand sont reprises : portes coulissantes, contact de la maîtresse de maison avec ses invités grâce à la cuisine-bar totalement intégrée au séjour.

Art et industrie : revue générale des industries de luxe et des arts appliqués à la maison, janvier 1930, p. 122.
 

Suzanne Desternes, « Meubles interchangeables », Art, goût, beauté : feuillets de l'élégance féminine, octobre 1931, p. 30.
 

L’influence du Japon

 

Utagawa, Hiroshige, Les 53 relais de la route du Tōkaidō, n°51, estampe, 1833-1834

Après un long séjour au Japon de 1940 à 1942, le style de Charlotte Perriand va évoluer vers des formes fonctionnelles se référant à l’artisanat populaire japonais. Elle créé ainsi une chaise longue basculante nommée Tokyo en travaillant d’après les technique traditionnelle de la paille de riz tressée. En outre, après la visite de nombreux ateliers et écoles de design, elle s’intéresse désormais à la production de masse et aux visées sociales du design. Par ce regard tourné vers l’Extrême-Orient et sensible à la nature, Perriand offre une nouvelle vision d’avant-garde du design et propose un nouvel art de vivre, qui va marquer profondément notre société contemporaine.

Un projet inédit : les Arcs

De retour en France, elle collabore avec Jean Prouvé et Serge Mouille avant de participer, de 1967 à 1986 à la conception de la station des Arcs en Savoie. Ce projet qui répond à la société nouvelle des loisirs, s’appuie sur les réflexions de Le Corbusier sur la cité moderne mais aussi sur la philosophie architecturale insufflée par Charlotte Perriand. Elle va y consacrer 20 ans de sa vie avec d’autres architectes et urbanistes comme Gaston Regairaz ou Guy Rey-Millet. Elle y conçoit des aménagements intérieurs minimalistes et des modules pré-fabriqués donnant à la station un caractère innovant comme station de montagne, tout en respectant le site et le milieu naturel.

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