Le Blog
Gallica
La Bibliothèque numérique
de la BnF et de ses partenaires

Les dessinateurs des salons caricaturaux 2/2

0

Après avoir fait connaissance, dans le précédent billet, de Daumier, Cham, Bertall, Nadar et Stop et de leur coup de crayon incisif, découvrons à présent les dessinateurs de salons caricaturaux Doré, Gill, Robida et quelques autres. Allons donc rire au Salon…

Gill, portrait de Gustave Doré, in Album de la "Lune" et de "l'Éclipse"

 

Gustave Doré (1832-1883)

 

Gustave Doré autodidacte, dessinant dès son plus jeune âge, n’a que quinze ans lorsque paraît son album de lithographies satiriques Les Travaux d'Hercule en 1847. Encore lycéen à Paris, engagé par Charles Philipon au Journal pour rire, il y donnera des dessins charges, pendant trois ans, notamment un Salon caricatural : L’Exposition pour rire : salon de 1848iiiii, iv, ; Sculptures pour rire.

Il se consacre à partir de l’âge de vingt ans, à l’illustration de plus d’une centaine de livres : Rabelais (1853), son premier ouvrage, remarqué, Les Contes drolatiques de Balzac (1855), Les Aventures du baron de Münchhausen, (1856), La Divine Comédie de Dante (1861-1868), l'Atala de Chateaubriand (1862), les Contes de Perrault (1862), Don Quichotte de Cervantès (1863), La Bible (1864), le Londres de Louis Énault (1876), Roland furieux de l'Arioste (1878),… 

Son style se cherche encore dans ses dessins satiriques, avant de devenir le grand illustrateur de sensibilité romantique et fantastique que l’on connaît. S’il rencontre un immense succès dans l’édition, il n’en fut pas de même pour sa peinture, et ses grandes toiles envoyées au Salon de 1848 à 1882 furent très souvent prises pour cible par ses « collègues » caricaturistes, selon la pratique fréquente de se caricaturer mutuellement.

 

André Gill (Louis-Alexandre Gosset de Guines dit, 1840-1885)

 


Gill par Gill. La Lune, 15 septembre 1867 

 

Fils naturel du comte de Guines, André Gill - pseudonyme choisi par admiration pour le Gilles de Watteau - apprend le dessin chez Auguste Leloir et sur recommandation de Nadar, publie ses premiers dessins au Journal amusant de Philippon en 1859. Il gagne ensuite sa vie avec des « portraits après décès ». Francois Polo éditeur du Hanneton l’engage à La Lune qu’il vient de fonder et dont Gill deviendra le dessinateur vedette. Le succès de Gill est foudroyant, sa renomnée très grande

Peintre et dessinateur, on lui doit une énorme production de caricatures, publiées notamment dans le journal La Rue de son ami Jules Vallès, dans des journaux satiriques, la « petite presse », Le Charivari, Le Hanneton et surtout La Lune (1868-1876), L’Eclipse et dans des revues dont il est le fondateur : Gill-Revue (1868), La Parodie (1869-1870), La Lune rousse (1876-1879), Les Hommes d’aujourd’hui (1878), La Petite Lune (1878-1879), Le Bulletin de vote (1877)…

Avant tout portraitiste, ses grandes caricatures de contemporains illustres (plus de mille) au dessin fort et large laisse transparaître la physionomie, l’expression, la personnalité du modèle. Elles, parurent notamment à la une des hebdomadaires satiriques La Lune ou L'Éclipse qui ont porté le dessin de presse au rang d’oeuvre d’art (dans le sillage de Daumier) et qui tiraient à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires.

De convictions démocratiques, champion des républicains dans la lutte contre le despotisme, Gill exerça une action politique importante sous le Second Empire. Caricaturiste le plus redouté des autorités avec Daumier, il s’attaque aux grands de la politique et fut souvent victime de la censure.

 

 

Gill est l’auteur de plusieurs « salons pour rire » pleins de fantaisise, gouaillerie, malice et impertinence en 1864 et 1866 (13 et 20 mai) dans La Lune, en 1868 dans la Gill-Revue, en 1869 avec Oulevay, dans le premier numéro de La Parodie , en 1872 dans L’Esprit follet. Il se représente en partisan des modernes, tirant l’oreille d’une statue antique.

Peintre, certaines de ses œuvres furent exposées au Salon entre 1875 et 1884, il illustra aussi des livres de Zola notamment, fut chansonnier à Montmartre, s’essaya comme auteur dramatique et poète...

 

Albert Robida (1848-1926)

 


Robida par Uzès. [Collection Jaquet]. Dessinateurs et humoristes. Robida. Regamey. Adrien Marie. Tome 3

 
Fils de menuisier, Robida, illustrateur, caricaturiste, graveur, journaliste et écrivain est né en 1848 à Compiègne où il commence à travailler chez un notaire. Ses premiers dessins, un « manuel du parfait notaire » remarqués par le caricaturiste Cham, il entre en 1866, au Journal amusant, alors dirigé par Eugène Philipon, fils de Charles Philipon.

Il travaille pour de nombreuses revues satiriques de 1871 à 1879, La Vie parisienne notamment, avant de fonder La Caricature en 1880, avec l’éditeur Georges Decaux. A sa tête pendant douze ans, ses dessins paraissent dans la plupart des numéros.

Prenant la suite de ses aînés, Robida va participer à un renouveau du genre du Salon comique alors que celui-ci s’essoufle. Dans La Caricature dès 1880, chaque année en mai-juin, plusieurs livraisons rendent compte du Salon des artistes français, héritier du Salon officiel. En 1880, il propose un « salon nocturne », en 1881 un salon comique plus classique, en 1883, 1884, 1885, 1886, 1887 des couvertures et double pages foisonnantes. Dans son salon caricatural de 1887, s’attardant peu sur les œuvres conventionelles, Robida s’attache aux peintures emblématiques de l’époque. Son dessin plein de verve et fantaisie, foisonnant de détails, dont la composition souvent éclate, déborde et sature l’image, recourt à la parodie, au détournement, aux ruptures d’échelle et aux juxtapositions inattendues. Invitant à l’exploration minutieuse, prenant aussi la forme de critique de mœurs, il ne se limite pas aux effets comiques et requiert souvent une lecture polysémique et érudite.

 


Au Salon, par A. Robida. La Caricature, 18 juin 1887
D’après Avant l’opération de Henri Gervex et divers tableaux de scènes médicales.

Robida a collaboré à près de soixante dix journaux ou revues, réalisé des dizaines de milliers de dessins, il a aussi écrit au moins soixante ouvrages, (anticipation, aventure, jeunesse, histoire, tourisme, architecture…) et deux cents livres illustrés.

Reporter du passé, par la série de la Vieille France - Provence, Touraine, Bretagne, Normandie, et dans Paris de siècle en siècle…-, et chroniqueur de ses nombreux voyages - les Vieilles villes Italie, Espagne…- il est aussi reporter de l’avenir, auteur d’ouvrages d’anticipation : Le Vingtième siècle, 1883, La guerre au vingtième siècle, 1887, La vie électrique : le vingtième siècle, 1892, Un chalet dans les airs, 1925…

Comme Gustave Doré, il a illustré de grands auteurs, Rabelais, Shakespeare, Les contes drolatiques de Balzac, Contes de Perrault, Fabliaux et contes du Moyen-Age, et a été fasciné par le Moyen Âge. Il est aussi l’auteur et l’illustrateur de nombreux ouvrages, historiques, d’aventures (La Tour enchantée, 1880, En haut du beffroi, 1895, L’Académie de danse de Iaroslaw, 1895, Le Capitaine Bellormeau, 1900, Le voyage de M. Dumollet, 1883, L’Ile des centaures,… ) pour la jeunesse.

 

Et de nombreux autres dessinateurs…

De nombreux autres dessinateurs ont réalisé aussi des salons caricaturaux,

 

 

 

 

…et aussi Caran d’Ache, Chassagnol, Darjou, Draner, Galetti, Gavarni, Gédéon, Albert Guillaume, Carlo Gripp, Hix, J. FleuryLuc, Majos, Michelet, Valère Morland, Pitou, Henri de Sta, Trock

 

À suivre prochainement…

Salons caricaturaux. 6, Les procédés du comique dans les salons caricaturaux

Lien vers tous les billets de la série

 

Pour aller plus loin

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.