Le pin parasol
Symbole de la Côte d’Azur, popularisé par les affiches touristiques de la Belle Époque, le pin parasol invite à la sieste sous sa grande ramure. C’est aussi le pin des gourmands, car ses cônes renferment les doux pignons, utilisés en cuisine dans tout le Bassin méditerranéen.
Le pin parasol, Pinus pinea, pousse sur toute la rive septentrionale de la Méditerranée. Georges Brassens rend hommage au paysage de son enfance quand il chante, dans sa Supplique pour être enterré à la plage de Sète : « Est-ce trop demander sur mon petit lopin, plantez, je vous prie, une espèce de pin, pin parasol de préférence, qui saura me prémunir contre l’insolation ». En France, il est devenu un symbole de la Côte d’Azur grâce au développement du tourisme ferroviaire, mais il a été acclimaté jusqu’en Sologne ou en Bretagne.
Jean-Joseph-Bonaventure Laurens, Vue de Cette, 1834
Le pin parasol doit son nom à sa silhouette caractéristique : un haut tronc et une large cime aplatie. Elle ne se développe que lorsque l’arbre atteint une vingtaine d’années — parfois avec l’aide d’un jardinier pour scier les branches basses qui ne seraient pas tombées d’elles-mêmes… Son épaisse écorce brun-rouge se craquèle en de longues plaques irrégulières. Comme les quatre-vingt espèces du genre Pinus, il est caractérisé par le fait que ses aiguilles sont réunies à leur base dans une gaine écailleuse ; par deux, dans le cas de Pinus pinea. Ces aiguillons sont longs et non piquants.
Il est pionnier sur les sols pauvres et sablonneux, et utilisé en foresterie pour fixer les dunes. Bien que robuste, il peut, comme tous les pins, être victime des chenilles processionnaires. Elles se nourrissent des aiguilles et construisent leurs nids dans les branchages. On peut alors protéger les pins en utilisant la bactérie Bacillus thuringiensis comme biocide. En hiver et au printemps, les chenilles descendent des arbres à la queue-leu-leu pour chercher un terrain meuble et ensoleillé où s’enterrer en attendant leur transformation en papillon.
Le bois du pin parasol peut être utilisé pour la charpente, la menuiserie, la fabrication de caisses ou palettes et la papeterie ; mais il est moins utilisé, car moins planté, que celui du pin maritime.
Paysage maritime avec pin parasol, 1907-1930
Depuis l’Antiquité, on pratique le gemmage du pin parasol pour tirer plusieurs produits de sa sève : résine, poix ou térébenthine, utilisés pour fabriquer des remèdes comme pour calfater les coques des bateaux. Il apparaît dans les représentations de divinités liés à la végétation et à la fécondité, comme Dionysos, dont un cône orne le sceptre appelé thyrse. Il joue un rôle important dans le culte de Cybèle et d’Attis, changé en pin. Un cône monumental en bronze du 1er siècle a traversé les siècles et donne son nom à la cour de la Pigna, au Vatican.
Peut-être François Chauveau, d’après Jean Berain, Scène de l'opéra Atys par Lully, 1676
Dans le Sud, on appelle le pin parasol pin pignon, nom de l’amande comestible à l’intérieur des graines. Contrairement aux graines de la plupart des autres Pinacées, les graines du pin pignon sont très grosses et leurs ailettes, qui servent à disperser les graines sur le vent, sont trop petites pour remplir ce rôle : les semences sont propagées par les animaux qui s’en nourrissent.
Science et nature, par la photographie et par l'image, n°4, juillet-août 1954
Le pin pignon commence à fructifier vers 30 ans. Monoïque, il porte des chatons males et des cônes femelles, sur un pédoncule au-dessus du bourgeon terminal des rameaux vigoureux. Le mûrissement du cône, ou pigne dans le Midi, prend trois ans ; mieux vaut consommer les pignons beaucoup plus vite, faute de quoi ils rancissent. On prêtait aux pignons des propriétés médicinales adoucissantes, contre la toux et les maux d’estomac.
Platearius, Livre des simples médecines, vers 1425-1450
Douceâtre et riche en huile, le pignon est utilisé en cuisine et en pâtisserie. En 1600 déjà, dans son Théâtre d’agriculture et mesnage des champs, Olivier de Serres donne la recette du pignolat, sorte de nougat fait de pignons. Le pignon conquiert lentement les pâtissiers de Paris au tournant des 19e et 20e siècles car il est alors une alternative moins chère à l’amande. Il est aujourd’hui servi sur toutes les tables, en famille comme à l’Élysée.
Jean Bourdichon, Horae ad usum Romanum, dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne, 1503-1508
Pour aller plus loin
Pins, sapins, mélèzes… pour y voir plus clair dans la famille des Pinaceae, consultez les billets de l’Herbier de Gallica sur le pin sylvestre et le mélèze d’Europe.
Voir aussi Lionel Hignard et Alain Pontoppidan, Le pin parasol, Arles : Actes Sud, 1995.
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