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La Station de métro Cité

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5 janvier 2021

Découvrez grâce à la RATP et Gallica l'histoire des stations du métro parisien. Visite du cœur historique de la ville de Paris avec la station Cité.

H. Saffrey , l'ïle de la Cité, XIXème siècle

Située sur l’île de la Cité, qui se partage entre le 1er et le 4ème arrondissement de Paris, la station de métro Cité, initialement nommée « la Cité », prend place au centre de la capitale.
L’installation d’un premier oppidum sur l’île par les Parisii remonte au IIIe siècle avant JC. Le site de défense est alors appelé Lutèce. La ville antique se dote déjà de ponts et d’une enceinte. À l’époque médiévale, les pouvoirs royaux et religieux, avec la construction de la cathédrale Notre- Dame entre 1160 et 1330, s’y concentrent, ce dont témoignent encore à la fin du XVIe siècle et au début du  XVIIe siècle les plans de Paris. Sur le plan de Vassalieu dit Nicolay, de 1609, l'île est l’élément central qui apparaît en premier à la lecture.

Plusieurs îles jalonnent la boucle de la Seine comme l’île Louviers, l’île aux vaches ou l’île Notre-Dame, qui seront par la suite rattachées soit à l’île de la Cité, soit à la rive. Des ponts couverts d’habitations et d’échoppes franchissent de part et d’autre de l’île les deux bras de la Seine. Enfin, la Bièvre qui se jette dans le fleuve est bien visible sur le plan.
L'île de la Cité a longtemps été la partie la plus précisément cartographiée de Paris, grâce notamment à ce plan de l'Abbé Delagrive publié en 1754. Fruit d'un projet qui remonte à 1735, ce plan gravé par le cartographe, doté du statut de "géographe ordinaire de la ville", préfigure les plans cadastraux de la fin du XVIIe et début XIXe. Cette feuille s'appuie sur des relevés trigonométriques pour détailler le quartier afin que « l'on puisse reconnaître avec précisions les longueurs, les largeurs, et les sinuosités des rues, et que l'on puisse consulter avec confiance, pour ce qui concerne les projets que l'on peut former pour l'embellissement de cette ville».

A partir de 1865, sous le second Empire, l’île de la Cité est profondément remodelée par les travaux haussmanniens mais reste un quartier central à desservir. Pourtant, si l’importance d’une ligne de métro Nord-sud entre la Porte de Clignancourt et la Porte d’Orléans est acquise depuis 1898 et incluse dans les projets, le tracé initial de la future ligne 4 ne doit pas passer par Cité, mais près du pont des Arts, comme l’explique la chronique de la RATP consacrée à la station.

Avec le nouveau tracé, qui fait faire à la ligne un coude très visible sur les plans de métro, il faut donc franchir la Seine et construire deux stations, Cité et Saint-Michel, sous le niveau du fleuve. Pour la première fois le métro franchit la Seine en tunnel.
 A la suite d’un concours, les travaux sont confiés à Léon Chagnaud dont l’entreprise a déjà réalisé le collecteur de Clichy et l’ouvrage de croisement des lignes de métro à la station Opéra. Le chantier d’ampleur est relayé par la presse technique comme le Génie civil dans son numéro du 2 décembre 1905. Cinq caissons sont construits pour le passage des voies, deux pour le petit bras entre Cité et Saint Michel, trois entre Cité et Châtelet, à une profondeur de 13,5 mètres. La longueur cumulée des caissons est de 157,2 mètres. Cette technique des caissons à air comprimé est déjà connue et pratiquée pour la construction de tunnels, de culées de ponts ou de fondations dans des nappes aquifères. Un caisson, explique Louis Fournier en 1924 dans les Grands travaux « est une construction métallique ayant intérieurement la forme et les dimensions du futur souterrain », « un fragment de tunnel construit en chantier à ciel ouvert ». Il est recouvert par une structure de tôles métalliques, recouverte de béton. Une fois construit, le caisson, obturé des deux côtés, est remorqué jusqu’à son emplacement, maintenu à flot grâce à des flotteurs, puis est foncé dans le fleuve, lesté par son poids et de l’eau de lestage. Les caissons ne sont pas jointifs, un espace d’environ 1,5 mètre est comblé par un caisson latéral plus petit qui est soudé. Le premier caisson est mis à l’eau le 24 août 1905.

 

Les ouvriers doivent encore creuser depuis les chambres de travail, alimentées en air comprimé, ce qui n’est pas sans provoquer le « mal des caissons ».
La station Cité est construite de la même façon. L’ossature métallique est réalisée à l’air libre sur l’emplacement du marché aux fleurs. La constitution d’une telle structure est impressionnante et occasionne un chantier qui marque les contemporains.

La station Cité, tout comme celle de Saint-Michel, se compose de trois caissons métalliques, comme le précise le Génie civil : au centre, un caisson de 66 mètres de long, contenant la station et à chaque extrémité deux puits elliptiques pour recevoir les escaliers et ascenseurs, qui, espère-t-on dans la revue, ne se  feront pas attendre des années. Les quais de la station Cité se trouvent en effet à près de 19 mètres en dessous de la chaussée. Le 6 juin 1911 un premier ascenseur est mis en service à la station Cité.
Le chantier de la traversée de la Seine a duré de 1905 à 1909 ; le tronçon Raspail-Chatelet est achevé en janvier 1910, quelques jours avant la crue de la Seine. Le 10 décembre 1910, un passage souterrain menant directement de la station à l’intérieur du Palais de Justice est inauguré, date choisie pour coïncider avec le banquet de l’Ordre des avocats.

Station Cité c’est aussi :
Le marché aux fleurs et aux oiseaux.
La sortie de métro de la station donne sur le marché aux fleurs. Présent dès le XVIIIe siècle sur le quai de la Mégisserie, le marché aux fleurs est déplacé en 1809 quai Desaix et sur le terre-plein près de l’Hôtel Dieu, comme le montre ce dessin de Frederick Nashe en 1829. Les travaux haussmanniens remodèlent la place.
S’il ne s’agit pas du seul marché aux fleurs de Paris au début du XXe siècle – d’autres sont installés place de la République ou à Denfert – c’est celui qui garde un aspect déjà qualifié de pittoresque, et photographié par Eugène Aget. On y trouve toutes sortes de variétés de plantes et de fleurs et, vers Noël, écrit en 1892, Philippe L. de Vilmorin dans Les Fleurs à Paris : culture et commerce 
 « on voit paraître les feuillages et baies d’hiver, le Mahonia bronzé par les froids, le houx avec ses jolies graines rouges, le Fragon épineux,  les touffes de gui portant leurs baies visqueuses, et venant du Midi, les rameaux de fusain du Japon et de Poivrier d’Amérique avec ses grappes de graines roses. »

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