Recherche en phonétique

A la fin du XIXè siècle, les premiers phonéticiens cherchant à développer une méthode scientifique pour l’étude de la parole réalisent des empreintes de palais (ou moulages) pour comprendre comment tant de sons différents peuvent être produits par un être humain. La position de la langue et des mâchoires est analysée pour chaque voyelle et chaque consonne. Ces premiers chercheurs découvrent alors le rôle joué par le nez et le larynx dans la vocalisation.

Le kymographe est un instrument mis au point par les physiologues et utilisé en France notamment par Etienne-Jules Marey, pour l'étude des mouvements du corps humain. Il est destiné à mettre en application la méthode dite graphique. Par un système de transmission de l'énergie via des capsules manométriques (ou capteurs), le mouvement originel est converti en un tracé inscrit à la surface d'une feuille de papier recouverte de noir de fumée et enroulée autour d'un cylindre en rotation. Un capteur est placé sur l'organe étudié ; le mouvement de l'organe fait vibrer la membrane qui équipe ce capteur ; les vibrations de la membrane sont transmises à une seconde membrane par système pneumatique ; le stylet fixé sur cette seconde membrane entre à son tour en vibration et vient arracher la couche de noir de fumée, laissant ainsi appraître un graphique à la surface de la feuille de papier.

Les phonéticiens adaptent cette méthode à l'étude de l'appareil phonatoire, en développant des capsules manométriques adaptées à chaque organe de la phonation. Ce kymographe construit par Pirard et Coeurdevache a pour particularité d’offrir 3 vitesses de rotation du cylindre, correspondant à 3 échelles différentes d’analyse des tracés produits lors de l’expérience.

Considéré comme le père de la phonétique expérimentale, l’abbé Rousselot conçoit un appareillage destiné à étudier le fonctionnement des différents organes constituant le système phonatoire. Au kymographe et à ses capsules manométriques (ou capteurs), Rousselot adjoint un diapason chronographe. Pour l’expérience, le sujet est équipé de différents capteurs, ici un laryngographe, qui restitue les vibrations du larynx, et un labiographe, qui restitue le mouvement des lèvres. Le diapason chronographe sert de témoin en permettant de contrôler la vitesse de rotation du cylindre : chaque expérience peut ainsi être menée dans les mêmes conditions.

Cette caméra 16 mm (Etats-Unis, 1940) est utilisée par les chercheurs de l’Institut de phonétique pour filmer les mouvements des organes situés au fond de la gorge : larynx, œsophage, bronches. Un tube en laiton fixé sur l’objectif est introduit dans la gorge du sujet : la lumière y est apportée par un système de lentilles et de miroirs.

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L’Institut de phonétique de Paris, créé en 1911 en même temps que les Archives de la parole, est doté de statuts officiels en 1927. Il voisine avec d’autres laboratoires de phonétique expérimentale : celui du Collège de France, fondé par l’abbé Rousselot, ou encore le Gymnase de la voix du Dr Marichelle. La recherche s'attache à comprendre les mécanismes de la parole, notamment le fonctionnement des organes constituant l'appareil phonatoire. Les phonéticiens s'appuient pour cela sur les découvertes réalisées en acoustique et sur les techniques expérimentales développées par les physiologues.