Manuscrits musicaux de Jean-Philippe Rameau

C'est donc en 1733 qu'est jouée pour la première fois une œuvre de Rameau sur la scène de l'Académie royale de musique à Paris. Il s'agit de l'opéra Hippolyte et Aricie, composé sur un livret de l'abbé Pellegrin, qui reprend pour l'essentiel l'action dépeinte par Racine dans Phèdre. On conserve un exemplaire de la partition (A-128 (A)) chargé d'ajouts manuscrits, de la main de copistes mais aussi de Rameau lui-même, ainsi que de très nombreuses annotations du compositeur, notamment sur la manière d'interpréter pour les instrumentistes : « Recommandez aux Bassons de nourrir les sons » ; « Songez à bien faire adoucir les violons, souvent ils sont trop forts », etc.

La dernière représentation d'une de ses œuvres à l'Opéra de Paris a lieu en 1760, avec Les Paladins. Rameau a alors soixante-dix-sept ans et fait toujours preuve d'une extraordinaire inventivité, ainsi qu'une grande minutie : le manuscrit de la partition, entièrement autographe (RES VM2-120), regorge encore une fois d'indications sur l'interprétation (Rameau s'étant souvent plaint que ses œuvres étaient mal jouées), de coupures, de corrections et d'ajouts (avec des bouts de papier à musique récupérés sur les partitions de ses autres œuvres, dont on retrouve des fragments au verso !).

Plus tard encore, en 1763, Rameau compose un tout dernier opéra, Les Boréades, qui ne sera cependant jamais joué. On en a gardé une partition manuscrite (RES VMB MS-4) extrêmement précieuse, de la main de copistes pour l'essentiel mais annotée par Rameau, qui fut utilisée pour des répétitions en 1763 avant que la création de l'œuvre soit abandonnée. Très longtemps restées un inédit, Les Boréades ne furent finalement créées qu'en 1983 au festival international d'Aix-en-Provence.

Il n'existe pas de manuscrit autographe conservé des Indes galantes, mais on possède ce manuscrit d'un copiste (A-132 (A)) qui fut utilisé pour les nombreuses exécutions de l'œuvre, entière ou par fragments, données à l'Opéra de Paris dans les décennies ayant suivi sa création. Comme manuscrit entièrement de la main de Rameau, on conserve celui de La Naissance d'Osiris (RES-206), "comédie-ballet" écrite et jouée en 1754 à Fontainebleau pour célébrer la naissance du prince Louis Auguste, duc de Berry, futur Louis XVI. Autre manuscrit autographe de Rameau, celui des Surprises de l'amour (RES-207), un divertissement joué en 1748 à Versailles pour inaugurer le nouvel aménagement des Petits Appartements à l'intention de la marquise de Pompadour.

D'autres œuvres encore nous sont connues par des sources particulièrement complexes. Ainsi cette partition manuscrite de l'opéra-ballet Le Temple de la gloire (A-157 (A)), où l'on peut retrouver la main de nombreux copistes différents, en plus de celle de Rameau, et qui fut remanié à de multiples reprises. Pour la pastorale Acanthe et Céphise, il existe à la fois un manuscrit partiellement de la main de Rameau (A-174 (B)) et des épreuves corrigées par le compositeur (A-174 (A)), qui furent utilisées conjointement lors de la première représentation de l'œuvre en 1751.