Libertins et aventuriers du XVIIIe siècle

Les figures d'hédonistes et d'aventuriers émaillent le XVIIIe siècle. Soit qu'ils aient une position sociale qui les place au dessus des conventions, soit qu'ils aient choisi une vie d'errance, ils s'écartent du magistère moral de l'Église. Leurs ennemis les appellent « libertins ». 

Giacomo Girolamo Casanova (1725-1798) est sans nul doute la figure par excellence du libertin du XVIIIe siècle. Artiste, écrivain, espion, il se construit aussi une image d'aventurier au fil de ses écrits. Dans les Histoires de ma vie, notamment, il se met en scène traversant mille et une péripéties toutes plus romanesques les unes que les autres - depuis son évasion des Plombs de Venise (la prison du Palais des Doges) jusqu'à ses conquêtes féminines. Ces mémoires vont contribuer à faire de lui une une figure par excellence du séducteur libertin et à le transformer en véritable légende historique et littéraire. 

A la mort de Louis XIV (1715), c'est son neveu Philippe d'Orléans qui assume la régence pour le tout jeune Louis XV. Le Régent est connu pour ses moeurs légères, qui servent d'exemple à toute une société qui aspire à plus de relâchement après l'austérité des dernières années. Rapidement les accusations fusent à l'encontre de la vie licencieuse d'Orléans, largement alimentées par ses opposants politiques. Les pamphlets comme l'Histoire du prince Apprius, les Philippiques, ou les Aventures de Pomponius brocardent sa débauche, que relaient aussi des journaux et mémoires plus ou moins romancés. 

Bon vivant et épicurien notoire, Louis-François-Armand, troisième duc de Fronsac et de Richelieu, occupe une place particulière dans la galerie des grands libertins. Célèbre pour son train de vie fastueux et ses succès militaire, il défraie aussi la chronique par ses moeurs à l'occasion d'un procès retentissant qui l'oppose à une faussaire intriguante : la marquise de Saint-Vincens. En 1790, deux ans après la mort du maréchal, l'abbé Soulavie publie de faux mémoires qui le peignent en débauché. La Révolution s'empare de ces documents apocryphes pour faire de Richelieu un symbole de la coruption de l'Ancien Régime. 

Surtout connu sous son titre de chevalier d'Éon, Charles d'Éon de Beaumont (1728-1810), a été une figure clé des milieux interlopes au XVIIIe siècle. Espion, diplomate mais surtout aventurier, il remplit des missions de première importance à Saint-Petersbourg puis Londres pour Louis XV. Dans cette dernière ville, il se brouille avec l'ambassadeur de France en 1763 et tente de se mettre à son compte. Il fait scandale en se travestissant et en prétendant avoir été une femme depuis le départ, construisant ainsi une véritable légende mondaine puis historique. 

Aventurier, ésotériste, et charlatan, Giuseppe Balsamo  est surtout connu sous son surnom de comte de Cagliostro. Né en Sicile, il parcourt l'Europe en se présentant comme un mage immortel et thaumaturge. Il propose aux élites de les initier aux « secrets maçonniques de l'Égypte antique » ou de leur vendre des traitements supposés les protéger du vieillissement et de la mort. En France, il s'associe à Jeanne de Saint-Rémy pour escroquer le cardinal de Rohan lors de la célèbre « affaire du collier ». Exilé puis enfermé par l'inquisition romaine, il devient une figure légendaire qui va hanter le XIXe siècle et servir de figure repoussoir pour l'antimaçonisme. 

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La sélection « L’Europe au siècle des Lumières » a été préparée par le service Histoire de la Bibliothèque nationale de France. Elle présente un échantillon des collections de la BnF disponibles en libre-accès dans Gallica... Mais il y en a bien plus encore dans les réserves de la bibliothèque !

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