Œuvre théâtrale de Victor Hugo
Au XIXe siècle, c'est avant tout par le théâtre qu'un écrivain accèdait à la gloire et à la fortune. Hugo s'y consacre des années 1820 aux années 1840, s'imposant, avec Alexandre Dumas, comme le représentant majeur du théâtre romantique en France.
Dans son adolescence, Hugo a produit, avec une facilité déjà impressionnante, plusieurs pièces de genres divers, qui ne furent ni publiées ni jouées mais dont il conserva certains manuscrits : A. Q. C. H. E. B. [À quelque chose hasard est bon], Athélie, Irtamène.
En 1822, il entreprend, en collaboration avec Alexandre Soumet, un drame historique adapté de Walter Scott, Amy Robsart. Laissée en sommeil pendant cinq ans, achevée en 1827 et créée sous un nom d'emprunt, la pièce fut un échec, et Hugo renonça à la publier.
Après quelques essais de jeunesse restés inédits, Hugo dramaturge se manifeste en 1827 avec cette pièce shakespearienne, tellement ambitieuse et colossale qu'elle ne fut jamais représentée. Cromwell connut cepandant un succès de librairie ; et surtout, sa fameuse préface s'imposa d'emblée comme le manifeste de la jeune école romantique française.
Toutes les pièces de Victor Hugo connurent une création tumultueuse, mais celle d'Hernani, le 25 février 1830 au Théâtre-Français, resta dans l'histoire comme une véritable "bataille" opposant la jeune génération romantique aux tenants de la tradition classique. La quasi-émeute à laquelle donna lieu le première représentation, et qui se reproduisit les jours suivants, n'empêcha pas la pièce d'être un grand succès. La révolution théâtrale précédait de quelques mois la révolution politique.
Initialement intitulé Un duel sous Richelieu, Marion de Lorme fut écrit avant Hernani mais refusé par la censure du régime de Charles X, qui condamnait l'image peu flatteuse donnée du roi Louis XIII dans la pièce. Celle-ci ne fut portée à la scène qu'après la révolution de juillet 1830.
La censure du nouveau régime avait laissé passer Marion de Lorme en 1831 mais n'épargna pas, un an plus tard, ce Roi s'amuse où François Ier était représenté comme un monarque dépravé, enlevant et consommant des femmes avec la complicité de ses courtisans. Interdite dès le lendemain de la première, la pièce ne s'en releva jamais vraiment, mais connut un triomphe indirect une vingtaine d'années plus tard, quand Giuseppe Verdi s'en inspira pour Rigoletto, un de ses opéras les plus populaires.
Écrit et monté en quelques semaines pour répliquer à l'interdiction du Roi s'amuse, Lucrèce Borgia fut un triomphe, adapté en opéra quelques années plus tard par Donizetti. C'est au cours des répétitions que se noua la relation amoureuse de Victor Hugo et de la jeune actrice Juliette Drouet, qui jouait le petit rôle de la princesse Negroni.
Manuscrit, édition originale (1833), iconographie...
La même année que Lucrèce Borgia (1833), Hugo met en scène une autre figure féminine maudite de la Renaissance avec Marie Tudor. Assez mal accueillie à sa création, la pièce fut ressuscitée en 1955 par Jean Vilar et Maria Casarès.
Manuscrit, édition originale (1833)...
C'est à nouveau dans l'Italie de la Renaissance que Hugo met en scène ce sombre drame amoureux, créé au Théâtre-Français en 1835.
Manuscrit, édition originale (1835), iconographie...
Ruy Blas marque le point culminant de la production théâtrale de Hugo et reste aujourd'hui sa pièce la plus jouée. Il y retrouve l'Espagne d'Hernani, mais au siècle suivant, alors que la dynastie des Habsbourg décline et que le royaume s'enfonce dans la décadence.
Manuscrits, édition originale, enregistrements sonores, iconographie théâtrale...
Drame historique situé dans l'Allemagne du XIIe siècle, Les Burgraves est la dernière pièce de Hugo créée de son vivant, en 1843. Les adversaires du poète prétendirent que la pièce avait été un échec (ce qui est faux), et un poncif de l'histoire littéraire a vu dans cette prétendue "chute" des Burgraves la fin du drame romantique en général (dont Hernani, à peine treize ans plus tôt, aurait marqué l'avènement). Si cette simplification historique ne résiste pas à l'analyse, il est vrai qu'après Les Burgraves Hugo se détourna durablement du théâtre.
Manuscrit, édition originale (1843), édition illustrée, iconographie...
Toutes ces pièces n'ont été ni jouées ni publiées du vivant de Hugo : Les Jumeaux (manuscrit, 1839), Théâtre en liberté, Mille francs de récompense (manuscrit, 1866), L'Intervention (manuscrit, 1866), Torquemada.
Un volume rassemble des ébauches et fragments manuscrits.