Economie rurale et agronomie
Sélection de textes disponibles dans Gallica sur la gestion du domaine et les techniques agricoles. La dénomination de cette discipline a évolué avec le temps : œconomie sous l'Antiquité, économie rurale à partir du XVIIIe siècle, et enfin agronomie à partir du XIXe.
Économiste et physiocrate français. Avocat au parlement de Bretagne, il contribue à la création de la Société d’agriculture, de commerce et des arts et en rédige les Corps d’observations avec Jean-Gabriel Montaudouin de la Touche. Promoteur efficace et admiré de la doctrine de la liberté du commerce, Abeille est un disciple de l’école de Quesnay. Il défend la doctrine physiocratique dans une brochure intitulée Lettres d’un négociant sur la nature du commerce des grains (1763). En 1768, il publie avec succès deux écrits économiques dont le livre Principes sur la liberté du commerce des grains. Il est également nommé secrétaire du Bureau du commerce par le Contrôleur général des finances qui l'estime pour ses conseils en matière d’économie politique.
La Chesnaye Des Bois est principalement connu pour son Dictionnaire de la noblesse. Il est également l’auteur d’un Dictionnaire universel d’agriculture et de jardinage, de fauconnerie, chasse, pêche, cuisine et manège et d’un Dictionnaire domestique portatif, contenant toutes les connoissances relatives à l'oeconomie domestique & rurale. Moine franciscain au couvent d’Évreux, il le quitta sans être relevé de ses vœux et se maria, ce qui lui valut d’être emprisonné à Saint-Lazare puis exilé à Amsterdam. Il multiplia les écrits pour survivre mais mourut dans le dénuement.
Juriste, spécialiste de droit pénal (Des délits et des peines, 1764), Cesare Beccaria est le titulaire de la première chaire économique de Milan pendant deux ans (1769-1770) avant d’occuper un emploi dans la haute administration. Dans ses cours et ses rapports, il développe une forme d’« économie publique », insérée dans la pensée juridique mais à laquelle il donne aussi des fondements mathématiques. Son enseignement, qu’il n’a jamais publié, est restitué dans Elementi di economica pubblica (1804), dont la deuxième partie « Dell'agricoltura politica » est traduite en français en 1852 sous le titre Principes d'économie politique appliqués à l'agriculture.
Journaliste, Victor Borie est proche de théoriciens du socialisme comme Pierre Leroux et de George Sand, avec qui il fonde La Cause du peuple en 1848. Il fonde l'année suivante le Travailleur de l'Indre. Il se spécialise ensuite dans les questions d'économie agricole et rurale : il est secrétaire de la rédaction du Journal d'agriculture pratique avant de devenir rédacteur en chef de L’Écho agricole en 1871. Il publie notamment Mélanges d'économie rurale : l'agriculture au coin du feu en 1858 et Les douze mois : calendrier agricole en 1877. Ses nombreux articles et ouvrages sur l'agriculture lui valent d'être décoré de la Légion d'honneur en 1863 et d'être admis à la Société centrale d'agriculture de France en 1866.
Meunier de l’Hôpital général de Paris et membre de la Société royale d'agriculture, César Bucquet est surtout connu pour avoir mis au point la méthode de la mouture économique (Mémoire sur les moyens de perfectionner les moulins et la mouture économique). Grâce à cette méthode, il obtient pour l'hôpital un pain meilleur et plus substantiel ainsi qu'une économie de farine d'environ 600 kg par jour.
Cassianus Bassus, surnommé Scholasticus, est un agronome grec mal connu qui a probablement vécu au Ve ou au VIe siècle dans l’empire byzantin. Il est l’auteur d’un traité sur l’agriculture qui contient des détails sur l’agriculture, la viticulture, l’arboriculture, l’horticulture et l’élevage chez les Anciens. Les vingt livres des Géoponiques sont composés au Xe siècle sur ordre de l’empereur Constantin VII Porphyrogénète à partir de ce traité. Cette compilation est l’une des rares encyclopédies rurales de l’Antiquité qui nous soit parvenue et est imprimée pour la première fois en 1539.
Né en 1826, Jules Clavé devient sous-inspecteur des forêts et directeur du Domaine de Chantilly. Il est membre de la Société nationale d'agriculture et de la Société d'économie politique de Paris. Il publie en 1862 des Études sur l'économie forestière, ouvrage qui réunit une série d'articles parus dans la Revue des Deux Mondes et dont l'objectif est d'appliquer les principes de l'économie politique à la production forestière. Il y étudie la propriété forestière et analyse la production, la distribution et la consommation des produits ligneux en France et leur influence sur les autres industries au XIXe siècle.
Agronome romain, Columelle est un grand propriétaire terrien et exploite ses domaines. Pour mieux connaitre les méthodes de culture et tout ce qui concerne l’économie rurale, il entreprend des voyages en Italie, en Asie et en Afrique. Il rédige notamment le traité De re rustica (L'économie rurale), seul titre qui nous soit parvenu et qui constitue une mine d’informations sur l’agriculture romaine. Il a inspiré Caton l’Ancien, Pline l’Ancien et Palladius.
Pietro de Crescenzi est un magistrat et un agronome italien, considéré comme le père de la science agronomique en Italie. Après avoir étudié la philosophie, les sciences et le droit à l'université de Bologne, il exerce en tant qu'avocat et juge. Il rédige en latin des traités d'économie rurale, tels que De omnibus agriculturae partibus et de plantarum et animalium generibus et Ruralia commoda. Ruralia commoda compile les savoirs sur l'agriculture issus d’auteurs latins anciens et d'auteurs médiévaux ainsi que ceux issus de son expérience en tant que propriétaire d'un domaine agricole.
Polytechnicien de formation et fils du philosophe Antoine Destutt de Tracy, Victor Destutt de Tracy participe aux campagnes napoléoniennes. Il est brièvement ministre de la Marine et des Colonies sous la Seconde République. Après le coup d’État de Napoléon III, il se retire sur ses terres en Sologne. Spécialiste d’agronomie, il devient membre de l’Académie d’agriculture de France en 1852. Ayant mené d’importants travaux de bonification de terres ingrates il rédige notamment des Lettres sur la vie rurale.
Botaniste, chimiste et agronome, Duhamel du Monceau étudie les sciences naturelles sous la direction de professeurs du Jardin royal – ancêtre du Museum d'histoire naturelle – tels que Jussieu. Il est élu membre de l'Académie des sciences dès 1728 dans la classe de botanique. S’intéressant aux applications pratiques de ses travaux, il se livre à des expérimentations sur ses terres et applique notamment ses théories agricoles. Il écrit de nombreux ouvrages dont un Traité de la culture des terres et des Éléments d'agriculture. Nommé inspecteur général de la marine en 1739, il publie plusieurs travaux sur la construction navale et fonde l'École des ingénieurs-constructeurs de vaisseaux royaux.
Haut fonctionnaire et homme politique, Adrien de Gasparin devient préfet du Rhône en 1834, au moment de la deuxième révolte des canuts qu’il contribue à réprimer. Ceci lui vaut d’être fait pair de France puis d’être nommé ministre de l’Intérieur en 1836. En 1837, il rédige un Rapport au roi sur les hôpitaux, les hospices et les services de bienfaisance dans lequel il soulève la question du paupérisme et des secours offerts aux classes pauvres. Il est par ailleurs l’auteur de plusieurs traités d’agronomie. Il traite notamment d’économie rurale dans le dernier volume de son Cours d’agriculture (1851).
Économiste français, Goyon de la Plombanie étudie particulièrement les pratiques agricoles en relation avec le développement du commerce (La France agricole et marchande). Il aborde également des thématiques diverses telles que le phénomène de pauvreté et les moyens de la soulager (L’unique moyen de soulager le peuple et d’enrichir la nation française) ou encore les questions démographiques.
Botaniste, peintre et graveur de fleurs, il vulgarise la classification d’Antoine-Laurent de Jussieu et fait paraître entre 1808 et 1822 les dix volumes des Plantes de la France. Après la Restauration il réussit à cultiver un substitut de l'indigo mais n'en est pas récompensé. Il s’intéresse ensuite aux questions relatives aux forêts et publie un Recueil de mémoires sur l'administration des forêts, sur les arbres forestiers et l'économie rurale. Il influence, avec d'autres, la rédaction du Code forestier de 1827 et devient membre en 1831 de la Société royale d’agriculture. Mais il ne réussit pas à convaincre le gouvernement d’améliorer la productivité de l’agriculture coloniale et échoue à se faire élire à l’Académie des sciences.
Membre du Conseil d'État en 1842, il est nommé sous-drecteur au ministère des Affaires étrangères avant d'être élu député du Gers puis de la Creuse et enfin sénateur inamovible jusqu'à sa mort en 1880. Professeur d'économie rurale à l'Institut agronomique de Versailles de 1850 à 1852, il est élu mainteneur de l'Académie des Jeux floraux en 1832 et membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1855. Il est notamment l'auteur de l'Essai sur l'économie rurale de l'Angleterre, de l'Écosse et de l'Irlande (1854) ainsi que de l'ouvrage Économie rurale de la France depuis 1789 (1860).
Agronome né en Ecosse. Partisan de la restauration des Stuarts, Henry Patullo choisit l’exil en Scandinavie puis en France vers 1750. Son Essai sur l’amélioration des terres (1759) qui décrit à l’intention des cultivateurs français les techniques de culture moderne appliquées en Angleterre et notamment la théorie de la rotation, fait sensation. Très proche de François Quesnay, Pattullo est un disciple de l’école physiocratique. Dans An Essay Upon the Cultivation of the Lands, and Improvements of the Revenues of Bengal (1772), il analyse le déclin de l’agriculture au Bengale depuis l’arrivée des Anglais.
Issu de la noblesse protestante du Vivarais, Olivier de Serres est célèbre pour son Domaine du Pradel où il expérimente de nouvelles cultures (maïs, mûrier). Son ouvrage principal, Le théâtre d'agriculture et mesnage des champs (1600), se présente comme un manuel de gestion d’un grand domaine agricole ouvert aux innovations techniques. Passé au service d’Henri IV, il contribue au développement de la production de soie en France (La cueillette de la soie par la nourriture des vers qui la font, 1599).
Professeur d’économie et de législation rurales à l’École nationale d’agriculture de Grignon et à l’École libre des sciences politiques, Daniel Zolla analyse les questions agricoles sous l’angle de l’économie sociale (L'agriculture et le socialisme). Proche de la Société d’Économie Sociale sans en être membre, il participe à la Section agricole du Musée social, fondé en 1894 pour conserver l’héritage des expositions universelles et qui contribue au développement du mouvement mutualiste.