Iconographie d'Hector Berlioz

Parmi les rares portraits de lui que Berlioz trouvait à son goût figurent ceux réalisés en 1845 à Vienne, lors de son premier séjour dans la ville. « [Les portraits] qu’on a faits à Vienne sont assez ressemblants et on pourrait copier celui de Prinzhofer qui me semble le meilleur », déclara Berlioz quelques années plus tard. Outre la lithographie en question de Prinzhofer (Est. Berlioz 027), Berlioz fut également immortalisé à Vienne par Kriehuber (EST MACNUTT GF 007).

Mentionnons en outre ce portrait (EST MACNUTT GF 006) tracé en 1851 à Londres par Charles Baugniet, et que Berlioz envoya, dédicacé et accompagné de quelque notes de musique de sa main (un extrait de la chanson « Adieu Bessy »), à son ami le chef d’orchestre John Ella.

Mais Berlioz fut aussi un modèle très prisé des photographes : ainsi, après que Nadar eut fait de lui en 1856 un premier portrait (FOL-EO-15 (5)) qui remporta un grand succès, Berlioz retourna le voir pour se faire réaliser une « carte de visite » (EST MACNUTT 015) où il apparaît affublé de son ruban de chevalier de la Légion d’honneur. Il posa également pour le studio des frères Mayer (EST MACNUTT 014), ainsi que pour Étienne Carjat en 1861 (EST MACNUTT 029), dans une posture qui le fait ressembler étrangement à une caricature de lui réalisée par ce même Carjat en 1857.

En 1838, son premier opéra Benvenuto Cellini, joué à l’Opéra de Paris, connut un échec retentissant ; alors que les représentations étaient toujours en cours, on vit Berlioz dessiné par Benjamin Roubaud dans « La Caricature provisoire » (Est. Berlioz 0129), la tête hirsute et démesurée, et son œuvre rebaptisée « Malvenuto Cellini », tandis que le dessin annonçait : « À la fin de la parade, une grande statue sera coulée… l’auteur aussi ».

On retrouve des caractères semblables dans beaucoup d’autres caricatures de Berlioz, réalisées à diverses époques : une tête hypertrophiée, comme dans les portraits d’Étienne Carjat datés de la fin des années 1850, ou une tendance à « faire du bruit » au point d’assommer le public, comme dans le célèbre « concert à mitraille » de Grandville (Est Macnutt 025) inspiré par la création de sa Symphonie fantastique en 1830.

Mentionnons également ce dessin d’Honoré Daumier, « Les saltimbanques » (Est Macnutt 026), paru dans Le Charivari en 1843, où l’on voit Berlioz enroulé dans une feuille de musique, aux côtés d’autres personnalités artistiques de l’époque comme Victor Hugo et Jules Janin, ou encore cette reproduction, par Charles Ramelet, du buste sculpté par Dantan jeune en 1833 (Est. Berlioz 024) : sur le socle du buste est représenté le nom de Berlioz sous la forme d’un rébus : la syllabe BER suivie d’un lit en hauteur, soit « BER lit haut » – ce qui rappelle que le Z final du nom du compositeur ne se prononçait pas.

Pour la création du premier opéra de Berlioz, Benvenuto Cellini, à l'Académie royale de musique en septembre 1838, les costumes furent conçus par Paul Lormier, dessinateur à l'Opéra de Paris et auteur de costumes remarquables par leur exactitude historique. Les maquettes des costumes réalisés pour la première de Benvenuto ont ainsi été conservées (D216 12 (40-61)), alors que cette représentation fit scandale et valut à Berlioz d'être banni à vie de l'Opéra… Benvenuto fut néanmoins "ressuscité" en avril 1913 au Théâtre des Champs-Élysées, et les costumes dessinés par Charles Bétout à cette occasion, fidèles à ceux de Lormier tout en ajoutant une touche de fantaisie supplémentaire, sont eux aussi visibles en ligne (MUELLE 3).

Le chef-d'œuvre lyrique de Berlioz, Les Troyens, fut créé au Théâtre-Lyrique le 4 novembre 1863 : la conception des décors fut alors répartie entre Charles-Antoine Cambon (ESQ CAMBON) et Philippe-Marie Chaperon (D-345). On peut observer la grande fidélité des deux décorateurs aux indications de Berlioz, comme dans cette esquisse de Cambon pour l'acte V représentant la flotte des Troyens au port de Carthage ("Le bord de mer couvert de tentes troyennes ; on voit les vaisseaux troyens dans le port") ou dans celle de Chaperon représentant la salle de verdure du palais de Didon, où est accueilli tout le peuple carthaginois.

Beaucoup plus récemment, Les Troyens ont connu une production moderne en mars 1990 à l'Opéra Bastille : l'artiste Pier Luigi Pizzi était l'auteur à la fois des costumes (ESQ PIZZI-376 (64-73)) et des décors (ESQ PIZZI-376 (1-63)). Dans sa vision, « la couleur dominante était le blanc, toile de fonds abstraite sur laquelle se projetait l'épopée, escaliers, remparts, murs blancs devant lesquels se jouait le destin de trois peuples ».

Enfin, de nombreuses et remarquables photographies de scène, prises dans des salles parisiennes dans les années 1950 et 1960 par le photographe Roger Pic, ont permis d'immortaliser des représentations de plusieurs œuvres de Berlioz : La Damnation de Faust (1964), Béatrice et Bénédict (1966), la Symphonie fantastique (1959), Les Troyens (1961, 1969).