Factums - Affaires célèbres
A Paris, en 1847, les époux Godin sont retrouvés asphyxiés par un réchaud dans leur chambre. Le mari revient rapidement à lui mais sa femme est décédée. Il est accusé de l’avoir tuée et cet extrait de la Gazette des tribunaux rend compte du procès : ayant acheté une épicerie grâce à un emprunt, Godin se marie, bénéficiant de la dot de sa femme. Mais il néglige son commerce, vite menacé de faillite, dilapide son argent et en emprunte à nouveau auprès de ses beaux-parents qui l’aident puis refusent. Durant le procès l’accusé montre froideur et indifférence, y compris à l’énoncé du verdict le condamnant à mort.
Cet ensemble de 34 documents relate l'affaire Catherine Cadière, jeune mystique toulonnaise dont l'exaltation est attisée par le charisme du Père Girard, moine jésuite qu’elle rencontre en 1728. Accusée de sorcellerie en 1730, elle accuse à son tour le Père Girard d’avoir abusé d’elle. Le procès qui s’ouvre en 1730 à Aix-En-Provence sera utilisée par les jansénistes comme symbole du pouvoir et de la corruption des jésuites. Condamnée à la potence par le jugement du 11 septembre 1731, Catherine Cadière est innocentée par un second jugement en octobre 1731.
Cet ensemble de 9 factums relatifs à l’affaire Cécile Combettes est issu des collections de l’Université de Toulouse. Il relate l’ensemble de l’affaire à travers l’exposé des faits réalisé par les différentes parties. C’est Louis Bonafous, en religion frère Léotade, qui est jugé coupable du meurtre de la jeune fille retrouvée le 16 avril 1847 près du couvent des frères de l’école chrétienne de Toulouse. Cependant, maître Jean Cazeneuve, convaincu de son innocence, rédige des mémoires pour obtenir la révision du jugement, puis, après la mort de Bonafous au bagne de Toulon en 1850, sa réhabilitation.
Ce factum, datant de 1818, contient la procédure criminelle concernant « l’affaire Fualdès » du nom de l’ancien procureur impérial égorgé dans la nuit 19 au 20 mars 1817 à Rodez. Cette affaire criminelle, qui mêle fait-divers crapuleux et considérations politiques (la victime, bonapartiste, aurait été victime d’assassins royalistes), va passionner la France de la restauration et même bientôt l’Europe toute entière. Elle va générer de nombreuses passions et affabulations diverses. Trois procès, allant jusqu’à la Cour de cassation, et l’audition de plus de 350 témoins seront nécessaires pour clore ce drame. Trois accusés seront condamnés la peine capitale et deux à la prison à perpétuité.
Le 29 octobre 1875, Baptiste Méry, un jeune serrurier , tombe dans un piège tendu par Juliette Garnier, une prostituée de 19 ans. Son amant, Jean-Baptiste Pascal en compagnie de Jean Bouchaut, égorge Mèry sur le chemin du Rouquey à Lormont pour le voler de 40 francs environ. La cour d’assise de Gironde condamne à mort Pascal le 11 mai 1876. Il est guillotiné le 3 juillet 1876. Ses deux complices sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité. Ce factum sur un assassinat qui a eu un grand retentissement dans la presse de l’époque et pendant le procès est accompagné de deux complaintes
Autour de l'affaire Jeanne Webber, née Moulinet, dite « L’Ogresse » en référence à la série d'assassinats d'enfants qui la conduira à l'hopital psychiatrique plutôt qu'en prison, voici trois factums qui sont en fait des « canards » (feuille d'information relatant des faits divers criminels, souvent de façon sensationnaliste). On y trouve, conformément aux objectifs du factum, l'exposé des faits d'une affaire, en l'occurrence criminelle, et une forme de publicité effectuée autour du procès. Mais l'aspect rétrospectif et sensationnel domine dans ces publications qui prennent l’opinion publique à témoin. L'ensemble conprend également des complaintes d'actualité.
Cet ensemble de 12 factums documente l’affaire Louis de la Pivardière (1661 – vers 1699), dont la vie n'a rien de remarquable à l'exception du procès qui s'est déroulé autour de lui à la fin du XVIIe siècle. Alors que son épouse est accusée de l’avoir tué, au cours du procès, plusieurs personnes témoignent de ce qu’il est bien vivant. L’affaire est l’un des premiers exemples des « causes célèbres » qui se multiplient à la fin du XVIIe siècle et voient l’opinion publique faire irruption dans des affaires concernant la noblesse.
Ce factum, datant de 1841, contient une longue missive publique adressée aux Pairs de France, la haute assemblée législative. Elle fait suite au procès de Marie Lafarge. Accusée, puis reconnue coupable après une bataille d’experts, d'avoir empoisonné son époux, Charles Pouch-Lafarge, elle est condamnée en 1840 aux travaux forcés à perpétuité par la cour d'assises de Tulle. Elle fera l’objet d'une grâce présidentielle de la part du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, peu avant sa mort en 1852. Rédigé par MM. De La Siauve et Bénédict Gallet, ce texte est un vibrant plaidoyer en faveur de la légalisation du divorce qui, selon les auteurs, éviterait des drames et tragédies domestiques comme celui qui a mené à la condamnation contestée de Madame Lafarge.
En 1861, à Pertuis (Vaucluse), Pierre-Claude Léonard tue sa femme, enceinte, et les deux enfants de la famille. Il découpe les corps, commence à incendier le lieu du crime, se blesse légèrement pour simuler une tentative d’assassinat, et appelle des voisins au secours. Léonard, irascible, joueur invétéré, voulait que sa femme hypothèque ses immeubles personnels. Indifférent aux victimes, il nie les faits, finit par les reconnaître partiellement, confondu par l’enquête et le procès. Condamné à mort, exprimant un repentir très remarqué, il écrit ses remords dans une complainte en provençal, avant son exécution en 1862.
En 1891, un détachement militaire commandé par le Lieutenant Paul Quiquerez (1863-1891), assisté du Sous-Lieutenant René de Segonzac (1867-1962), est en mission en Côte d’Ivoire. Quiquerez meurt, selon un premier rapport, du fait de la fièvre Algide. Sa famille obtient néanmoins l’ouverture d’une enquête. L’autopsie du corps constate deux trous dans le crâne dus à une arme à feu. De Segonzac, poursuivi pour meurtre, défendu par Maître Léon Renault, est acquitté, le 20 octobre 1893. Les investigations effectuées lors de ce procès criminel constituent une source documentaire sur les nombreuses petites expéditions militaires menées par la troisième République.
Ces sept factums, datant de 1870, évoque la célèbre et tragique « affaire de Pantin ». Ce fait-divers, tiendra en haleine la presse et l'opinion publique du Second Empire durant des mois. Il s'agit du massacre, à coups de couteau et de pioche, de la famille Kinck. La plus jeune des 8 victimes est âgée de deux ans. Les soupçons se portent rapidement sur un ouvrier mécanicien alsacien, Jean-Baptiste Troppmann. Après de nombreuses auditions, ce dernier finit par avouer. Il est condamné à mort par la cour d'assises de Seine-et-Oise et guillotiné à Paris le 19 janvier 1870.
Cette affaire a lieu en 1868, dans le quartier du Panier, à Marseille. Le factum commence par le verdict du procès : sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité un herboriste pour vente de poison (arsenic), une tireuse de cartes, sa complice lui ayant apporté une clientèle, et trois veuves ayant empoisonné leurs maris. Une autre accusée écope de 20 ans de travaux forcés, et deux autres sont acquittées. Sont ensuite présentés les différents protagonistes de l’affaire et leurs motivations tout au long d’une complainte écrite dans deux versions : en provençal et en français.
Ce factum évoque un parricide commis à Agen en 1877. L'affaire est jugée par la Cour d'Assises de Lot et Garonne. M. Laval est accusé du meurtre de sa mère, qu'il aurait étranglée dans la nuit du 23 juillet. Après avoir avoué les faits à ses sœurs, l'accusé s'est rétracté. La haine entre la mère et le fils est cependant solidement établie depuis plusieurs années, des menaces ayant été proférées et des plaintes déposées. Dépourvu d'alibi, connu pour son ivrognerie et sa violence, Laval est condamné à mort mais sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité. Une chanson « morale » narrant le crime conclut le factum.
Ce factum relate – sur le mode du journalisme à sensation - le « crime de Conflans », appelé également « crime de la Fontaine du Bignon ». Il s'agit de l'assassinat d'une jeune fille de 16 ans, égorgée par le dénommé Rouillon. L'affaire est présentée comme un odieux « crime passionnel », l'assassin s'étant « vengé » du refus de la victime de l'épouser. L'homme, réputé de nature violente, fût rapidement arrêté par la maréchaussée et pris à partie par une foule vengeresse. Echappant de justesse au lynchage, il sera présenté au juge et emprisonné dans l'attente de son jugement. Une chanson évoquant ce fait-divers tragique complète le factum.
Ce factum relate l'audience de la Cour d'Assises de l'Yonne, dans le cadre de l'affaire de Vincelles. Les faits sont jugés dans un tribunal comble, le drame ayant suscité l'émoi de la population dans tout le département. Les accusés sont des tonneliers âgés de 27 et 29 ans. Le premier doit répondre du viol et du meurtre par asphyxie d'une enfant de 7 ans, le second de camouflage et recel de cadavre. A l'issue de l'audition des témoins et des interrogatoires, le premier écope de dix ans de réclusion tandis que le second est acquitté.
Ce « canard » (voir la présentation des factums), suivi d’une complainte, relate l’assassinat sanglant et inexpliqué survenu en 1887 au hameau de Granay, à Châteauneuf, près de Rive-de-Gier (Loire). Jean-Baptiste Cellier, 74 ans, riche propriétaire terrien, et son épouse Antoinette Cellier, 25 ans, vivaient retirés dans leur ferme, louant des terres à leur voisin également fermier. Ils sont retrouvés chez eux, frappés de nombreux coups de couteau. Aucun vol n’est constaté, même si le domicile est connu pour contenir des sommes d’argent cachées. Ni les constatations sur le lieu du crime ni l’enquête menée notamment auprès du voisin ne permettent pas de trouver le coupable.
En Août 1907, Emma Levin est assassinée à Monaco, découpée et transportée dans une malle jusqu’à Marseille. Les soupçons se portent sur un couple : Vere St. Leger et Marie-Rose Goold. Ils sont arrêtés à Marseille, alors qu'ils comptaient fuir en Angleterre. Le 4 décembre 1907, Marie-Rose Goold considérée comme instigatrice du carnage, fut condamnée à la peine de mort et Vere aux travaux forcés à perpétuité. Marie-Rose Goold fut ensuite graciée par le Prince Albert quand Vere fut, lui, envoyé au pénitencier du Diable en Guyane. Il y mourut en 1909. Le factum contient également une complainte d'actualité.
Ce factum est en fait un "canard" (feuille d'information relatant des faits divers criminels, souvent de façon sensationnaliste). En 1907 une fillette de 11 ans est violée et tuée par Albert Soleilland, qui avoue le meurtre. Condamné à mort, gracié par le président Fallières abolitionniste, envoyé au bagne de Cayenne pour travaux forcés à perpétuité, il y meurt en 1920. Cette affaire criminelle connait un grand retentissement dans la presse et l'opinion publique, et contribue à faire échouer en 1908 le projet de loi d'abolition de la peine de mort présenté par le gouvernement Clemenceau.