Léonce Verny, polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, est nommé en février 1865 "ingénieur de la Marine au service de la Division navale des mers de Chine et du Japon". Il est chargé de concevoir le futur
arsenal de Yokosuka, situé dans la baie de Tôkyô, au sud de Yokohama. Il en assume ensuite la direction, de 1866 à 1875.
Exemple unique de coopération et de transfert de technologie, ce projet est mené à terme malgré les difficultés techniques, administratives et surtout politiques résultant des conflits internes qui aboutissent à la chute du régime shôgunal en 1867 et à l’instauration d’un gouvernement impérial en 1868. Les Français auront moins de latitude dans la conduite du projet après la Restauration de Meiji.
La quasi-autonomie de cette mission vis-à-vis du ministère des Affaires étrangères français, explique le peu de sources diplomatiques sur le sujet. Mais des publications spécialisées, comme la
Revue maritime et coloniale, donnent des informations détaillées sur l'historique du projet, le personnel, l'arsenal lui-même (ateliers, matériaux employés, production), jusqu'au coût de la main d'œuvre et du matériel (
Note sur l'arsenal maritime de Yokoska,1873).
En mars 1875 est inaugurée en présence de l'Empereur Meiji la canonnière Seiki, construite dans les chantiers de l'arsenal de Yokosuka
(Le Monde illustré, 29 mai 1875).
Dix ans après le départ de Léonce Verny, le gouvernement japonais souhaite que les Français continuent à s’occuper de l’arsenal de Yokosuka ;
Louis-Emile Bertin est proposé pour succéder à Verny et il est accepté. Il prend son poste en 1886 afin de poursuivre la création d'une industrie navale. Lui aussi polytechnicien, cet ingénieur du Génie maritime français devient conseiller du ministre de la Marine japonaise et réorganise l'arsenal de fond en comble pendant quatre ans. Un hommage lui est rendu par le capitaine de vaisseau Togari, attaché naval à l'Ambassade impériale du Japon à Paris, dans son ouvrage
Louis-Emile Bertin, son rôle dans la création de la marine japonaise, paru en 1935.