1470, Paris : foyer universitaire

Le premier livre imprimé en France est produit à la Sorbonne, en 1470. Il s’agit des Epistolae de l’humaniste italien Barzizza, un recueil de lettres latines destinées à servir de modèles stylistiques aux étudiants parisiens. Le texte est assorti, en fin de volume, d’un poème latin (Ut sol lumen) qui célèbre la gloire de la technique typographique naissante.

L’association entre les instigateurs de l’atelier de la Sorbonne, Fichet et Heynlin, et les trois typographes, Gering, Friburger et Crantz, prend fin en 1472 ; les deux directeurs sont en effet accaparés par d’autres activités. Les typographes quittent alors la Sorbonne pour s’installer rue Saint-Jacques, à l’enseigne du Soleil d’or. Le nouvel atelier, privé de sa direction humaniste, abandonne la typographie romaine si caractéristiques de la Sorbonne, mais restée originale à Paris, pour une gothique peut-être plus familière à la clientèle. À la diférence de l'atelier de la Sorbonne, celui du Soleil d’or est une entreprise commerciale qui doit trouver son équilibre économique sans les soutiens politiques que Fichet avait su se ménager. Le Soleil d’or se concentre alors sur des éditions de textes plus faciles à écouler, notamment des livres religieux à l'usage d'un public ecclésiastique.

L’atelier du Soufflet vert est le troisième atelier typographique parisien, après celui né à la Sorbonne en 1470 puis transféré à l'enseigne du Soleil d'or, et celui de Caesaris et de Stol, documenté de 1473 à 1478 environ. Il tient son nom de l'enseigne, au Soufflet vert, qui identifiait l'atelier rue Saint-Jacques. Les noms des typographes qui y exercèrent sont très rarement livrés par les éditions mais on peut retenir qu'ils étaient français, contrairement aux premiers typographes parisiens, et associés à Louis Symonel. L'activité du Soufflet vert fleurit sur le même terreau universitaire que les deux ateliers qui l’ont précédé. On lui connaît, de 1474 à 1484, une cinquantaine d’éditions inspirées par un environnement imprégné d’humanisme, mais aussi par un souci plus direct de rentabilité (textes liés à la pratique juridique, livres scolaires, manuels de pastorale). L'humaniste Guillaume Tardif, grammairien, professeur de rhétorique et précepteur du futur Charles VIII, fut lié au Soufflet vert par un moins un travail d'édition scientifique et la publication de trois de ses propres œuvres.

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En 1469, une quinzaine d’années après l’invention de l’imprimerie par Gutenberg, moins de vingt ateliers typographiques sont en activité en Europe, tous localisés en territoire germanique ou en Italie. La France est le deuxième pays, après l’Italie, à importer l’imprimerie, dans un contexte très spécifique. Deux théologiens prirent en effet l’initiative d’implanter en 1470 un atelier à Paris, à proximité du collège de Sorbonne, afin de répondre à des enjeux pédagogiques. 

Guillaume Fichet, savoyard, et Jean Heynlin, originaire de la région rhénane, suivent à Paris, au milieu du XVe siècle, le cursus de l’Université. Ils y deviendront professeurs à la Faculté de théologie, en exerçant aussi des responsabilités au collège de Sorbonne. C'est dans ce contexte universitaire qu'ils ont pressenti l'intérêt de la reproduction typographique des textes, qui permet de disposer de copies en plus grand nombre, à moindre coût et en diminuant les risques d'erreur propres à la pratique de la copie manuscrite.

C’est probablement lors d’une période d’enseignement, de 1464 à 1467, à l’Université de Bâle, que Jean Heynlin fait la connaissance de ceux qui deviendront les premiers typographes parisiens : Ulrich Gering, Michæl Friburger et Martin Crantz. A l’initiative de Fichet et de Heynlin, et avec l’autorisation de Louis XI, Gering, Friburger et Crantz installent la première presse à imprimer française dans une dépendance du collège de Sorbonne. En moins de trois ans, les trois typographes produisent vingt-deux livres lié à l'enseignement, imprégné d’humanisme, des deux théologiens.