XVIe-XVIIIe siècles : les premières tentatives
Dans le sillage de l’édition en 1505 à Venise par Aldo Manuce de l’ouvrage d’Horapollon, publié en français chez Jacques Kerver en 1543, le souvenir de la valeur figurative des hiéroglyphes se superpose à l’utopie d’une écriture universelle.Tels l’emblème ou l’allégorie, l’image est perçue comme une écriture pouvant se passer de la langue. Paru en 1499 chez Aldo Manuce, Le Songe de Poliphile de Francesco Colonna, traduit en 1561 en français, serait le premier ouvrage utilisant le mot « hiéroglyphes », transposé du terme grec transmis par Horapollon.
En 1598, Cesare Ripa publie l’Iconologia, considérée comme l’un des premiers dictionnaires d’allégories. En français l’œuvre de Jacques Baudouin de 1636 est ornée d’un frontispice faisant directement allusion à l’Egypte.
Les XVIIe et XVIIIe siècles correspondent à la période où sont posées les premières pierres indispensables au déchiffrement, notamment celle de la copie et publication fidèle et après observation directe des monuments égyptiens que pratiquent Athanase Kircher puis le Comte de Caylus. Kircher met en place des outils de première main pour Champollion, dont un dictionnaire trilingue copte-latin-arabe où est confirmée la parenté du copte avec la langue pharaonique. Le Comte de Caylus publie au sein de son Recueil d’Antiquités les indications de l’abbé Barthélemy : les écritures cursives des bandelettes de momie seraient une écriture rapide (« tachygraphie ») pour les hiéroglyphes et les ovales entourant les signes, appelés par la suite « cartouche », contiendraient les noms des pharaons. D’autres hypothèses, cependant, continuent d’explorer des pistes plus hasardeuses, comme celle de la parenté entre les écritures chinoise et hiéroglyphique avancée par Joseph de Guignes.