Lieux de convivialité
Lieu par excellence de la sociabilité dans toutes les classes de la société, le café parisien du XIXe siècle a trouvé une place de choix dans la littérature française : du plus huppé au plus modeste, aucun n’a échappé à la description minutieuse de l’esprit qui les animait.
Le Nouveau tableau de Paris au XIXe siècle en 7 volumes parus en 1834 et 1835 contient, dans son 4e volume, p. 53-71 « les cafés et les estaminets », par James Rousseau, et, p. 73-86, « les restaurans », par Paul de Kock. Le 5e volume contient également p. 279-305 « les barrières et les guinguettes », du même Rousseau.
En 1835, le romancier Roger de Beauvoir (1809-1866) décrit Le café Procope, le plus ancien de Paris.
En 1841, la vogue des « Physiologies », ces courts récits plein d’esprit croquant une catégorie sociale, une institution, un lieu public, une profession, n’a pas échappé à la mode : on édita sans nom d’auteur une Physiologie des cafés de Paris.
En 1844, c’est la guinguette qui est décrite dans le cadre de La grande ville, nouveau tableau de Paris, comique, critique et philosophique, de Paul de Kock, 1844) ; le volume 2, contient, p.5-24, le chapitre « restaurants et gargotes », dû à la plume de Frédéric Soulié.
Près d’un siècle avant Jean-Paul Sartre, en 1856, Louis Lacour de La Pijardière (1832-1892) exerce son sens de l’observation sur Les garçons de café et de restaurant de Paris.
En 1861, Charles de Courcy (1836-1917) publie Les histoires du Café de Paris, recueil de nouvelles où, dit l’auteur dès la préface, l’on trouve « un peu de tout », en ajoutant avec un grand sens du paradoxe qu’il n’a « aucun rapport avec son titre ».
En 1862, Alfred Delvau (1825-1867) donne une Histoire anecdotique des cafés et cabarets de Paris ; avec dessins et eaux-fortes de Gustave Courbet, Léopold Flameng et Félicien Rops.
En 1874, Auguste Lepage (1835-1908) publie Les cafés politiques et littéraires de Paris : le Procope, la Renaissance, Madrid, Suède, le Rat-Mort, Buci, Frontin, brasserie Saint-Séverin, Foy, le Coup du Milieu, etc., puis, en 1882 Les cafés artistiques et littéraires de Paris, qu’il complète par Les dîners artistiques et littéraires de Paris.
Cette même année 1874 est la « première année de publication » du Grand indicateur des hôtels, cafés, restaurants, traiteurs, commissionnaires en marchandises, avec leurs adresses et leurs spécialités, par J. Jeuffrard. On y trouve, classés par arrondissements, la liste des hôtels et meublés d’une part, et celle des cafés et restaurants de l’autre.
Poète, journaliste, animateur du Cercle des Hydropathes et du premier cabaret du Chat Noir, Émile Goudeau (1849-1906) met son expérience de Périgourdin de Paris au service de la découverte « par le menu » du monde des cafés, restaurants et autres lieux moins attendus, dans Paris qui consomme (1893), édité de façon luxueuse par Henri Beraldi avec des illustrations de Pierre Vidal.
Lieu par excellence de la sociabilité dans toutes les classes de la société, le café parisien du XIXe siècle a trouvé une place de choix dans la littérature française : du plus huppé au plus modeste, aucun n’a échappé à la description minutieuse de l’esprit qui les animait. Endroit où l’on voit et où l’on est vu, spectacle à lui seul, il est une sorte de théatre. Il est aussi un lieu typique de la ville, de la grande ville, de l’urbanité et de la sociabilité, qu’elle soit populaire, mondaine, ou littéraire.