L'éducation civique et morale
La loi du 28 mars 1882 instaurant l’instruction obligatoire et l’enseignement public laïc prévoit d’emblée l’instruction morale et civique, qui remplace l'instruction religieuse.
L’objectif principal des petites écoles consistait en l’enseignement de la religion et de la morale. Si la religion disparaît peu à peu des programmes de l’éducation nationale au cours du XIXe siècle, l’enseignement de la morale figure toujours en première place dans l’école de la troisième république. Cet enseignement ne concerne pas les petites classes du lycée. C’est bien le peuple qu’il faut moraliser. C’est à l’instituteur d’incarner cette morale au quotidien.
Lors de la Révolution française, l’instruction civique de tous les enfants est défendue par Talleyrand qui veut faire de la déclaration des droits et des principes constitutionnels un nouveau catéchisme pour l’enfance. Condorcet, d’emblée, met en garde contre le risque d’un endoctrinement : la constitution doit être enseignée de façon neutre en respectant la liberté de pensée de tous : « on viole la liberté sous ses droits les plus sacrés, sous prétexte d’apprendre à la choisir. » Condorcet, 1791.
L’éditeur Armand Colin publie une série de manuels d’instruction primaire originaux : les « tu seras ». Le titre interpelle l’écolier et lui annonce son destin, version améliorée par la science et la technique de celui de ses parents. Ces livres de lecture présentent des conseils pratiques et des leçons de chose. Surtout, ils transmettent des valeurs morales et civiques, en particulier à travers « Tu seras citoyen » et le fameux « Tu seras soldat » de Lavisse. Les filles, quant à elles, peuvent se projeter dans leur condition d’ouvrières à travers la lecture de « Tu seras ouvrière ».