Essentiels de l'économie - accès par auteur : R-S-T

David Ricardo, Claude-Henri de Saint-Simon, Jean-Baptiste Say… Consultez et téléchargez gratuitement une sélection de titres fondamentaux histoire de la pensée économique, classés par ordre alphabétique d'auteur (lettres R-S-T).

Fils et frère de négociants, il est directeur de la Manufacture des Rames créée par Colbert à Abbeville, président du tribunal de commerce d'Abbeville et membre du Conseil général des manufactures et du commerce. Ce protectionniste convaincu, membre de la Société internationale des études pratiques d'économie sociale, fait également une carrière politique comme membre du Conseil général puis député de la Somme. À l’Assemblée, il est notamment l’auteur d’un rapport sur les pétitions demandant la suppression des courtiers de commerce. Emprisonné après le coup d'État de 1851, il se rallie au nouveau régime. Rapporteur en 1857 du projet de loi sur les tarifs des douanes, il s'éleva contre toute atteinte au régime protecteur. Revenu à la vie privée en 1863, il se trouva mêlé à des entreprises financières qui le firent condamner en correctionnelle.

Journaliste, Louis Reybaud est l’auteur d’études remarquées sur les économistes de son temps : Études sur les réformateurs contemporains ou socialistes modernes, 1841 ; Économistes modernes, 1862. Il participe en 1841 à la fondation du Journal des Économistes. Il fait paraître une série de romans satiriques à succès : Jérôme Paturot à la recherche d’une position sociale (1842) et ses suites. Devenu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1850, il publie différents ouvrages sur les « manufactures », La laine (1867), Le fer et la houille (1874), Le coton (1863) et sur la condition ouvrière.

Économiste anglais. Qualifié de libéral, il est un représentant influent de l'école classique aux côtés d'Adam Smith et de Thomas Malthus. Ricardo développe une théorie de la valeur : selon lui, c’est le travail qui donne la valeur aux choses. Pionnier de la macroéconomie moderne par son analyse des relations entre les profits et les salaires, il est aussi l'un des initiateurs du raisonnement à la marge dans sa théorie de la rente. Il publie en 1817 Principes de l'économie politique et de l'impôt, son œuvre majeure qu’il modifiera le restant de sa vie.

Intendant de la marine à Rochefort, Augustin Rollet est chargé en 1838 par le ministère de la Marine d’enquêter en France, Belgique, Hollande, Angleterre et Irlande sur le commerce des grains et la meunerie. Son Mémoire sur la meunerie, la boulangerie et la conservation des grains et des farines (1847) (précédé de Considérations sur le commerce des blés en Europe) est un écrit technique, mais il livre également un précieux tableau du commerce et des échanges dans les années 1840.

Pierre-Joseph-André Roubaud, dit l'abbé Roubaud, est un journaliste, grammairien et historien proche des physiocrates. Il est l'un des rédacteurs principaux du Journal du commerce, dirigé par Lecamus, de 1759 à 1762, puis il est rédacteur du Journal de l'agriculture, du commerce et des finances de 1765 à 1774 et collabore aux Éphémérides du citoyen, l’organe officiel des physiocrates. Partisan de Turgot, il défend la liberté du commerce dans Représentations aux magistrats, contenant l’exposition raisonnée des faits relatifs à la liberté du commerce des grains, et les résultats respectifs des reglemens et de la liberté, paru en 1769.

Paul Rougier est avocat et professeur d’économie politique à la Faculté de Lyon. Il fonde la Société d’Économie Politique et d’Économie Sociale de Lyon. Soucieux d’améliorer le sort des ouvriers, il travaille sur les associations ouvrières et les sociétés de secours mutuel. En 1864, il publie Les associations ouvrières, étude sur leur passé, leur présent, leurs conditions de progrès… Il tient une chronique dans la Revue d’économie politique où il regrette souvent le déclin de la pensée libérale et du libre échangisme en particulier. Il s’intéresse également au système colonial et publie un important Précis de législation et d’économie coloniale en 1895.

Philosophe, économiste et militaire français, fondateur de l’école saint-simonienne, Claude Henri de Saint-Simon est à l’origine de plusieurs courants de pensée comme le positivisme, l’anarchisme et le socialisme. Ses idées inspirent la construction de réseaux de chemins de fer, la création de banques de dépôt et le percement du Canal de Suez. Philosophe de l'industrialisme, il estime inachevée la Révolution française de 1789 car elle n'engendre pas le « système industriel », concept défini dans son ouvrage Du système industriel (1821) ; ce nouveau système social devait prendre complètement la place du « système féodal ». Saint-Simon préconise une société fraternelle dont les membres les plus compétents (industriels, scientifiques, artistes, intellectuels, ingénieurs…) auraient pour tâche d'administrer la France afin d'en faire un pays prospère, où régneraient la solidarité, l'esprit d'entreprise, l'intérêt général, la liberté et la paix.

Appartenant à une dynastie de libraires active depuis 1550 à Lyon puis à Paris, Claude-Marin Saugrain est l’auteur du Code de la librairie et imprimerie de Paris (le « Code Saugrain ») publié en 1744. On lui doit aussi le Dénombrement du royaume par généralités, élections, paroisses et feux (1709) qui dresse un tableau de la France à partir des données démographiques et économiques réunies par les intendants du royaume dans leurs enquêtes (celles des années 1690 notamment). Le Nouveau dénombrement du royaume, par généralités, élections, paroisses et feux (1720) en est une version complétée et actualisée.

Financier et économiste français. Après des études dans le commerce et un début de carrière dans le négoce, il s'engage dans la finance. Nommé au Conseil des réformes pour le commerce par Colbert, il participe aux travaux qui aboutissent à la publication de l’ordonnance sur le commerce de 1673, ancêtre du code de commerce. Il est chargé d’enquêter sur les affaires financières des terres de la Couronne occidentale. En 1675, il publie Le parfait négociant, un manuel de pratique commerciale qui connaît un succès immédiat et est traduit en plusieurs langues.

Au premier rang des économistes classiques français, Jean-Baptiste Say fit une carrière de journaliste sous la Révolution. Son refus de modifier son Traité d’économie politique (1803) dans un sens protectionniste lui valut l’hostilité de Napoléon et la révocation du Tribunat l’année suivante. Reconverti dans l’industrie du coton, il devint enseignant sous la Restauration grâce à ses multiples travaux en économie politique. Professeur à l'École spéciale de commerce et d'industrie (l’actuelle ESCP), il finit sa carrière à la première chaire d'économie politique du Collège de France. La « loi de Say » ou « loi des débouchés » porte son nom.

Économiste allemand. Après avoir étudié les sciences politiques àTübingen et obtenu un doctorat, il travaille brièvement dans l’administration des finances du Wurtemberg puis  enseigne à partir de 1864. Ferme soutien des réformes de Bismarck, il défend une approche pluridisciplinaire (économie politique, sociologie, histoire) de l’économie. Il étudie également la formation des classes sociales et le lien entre changements institutionnels et performance des économies. Chef de file de l’école historique allemande, il s’oppose à l’école autrichienne naissante. Parmi ses nombreux travaux, on peut citer Politique sociale et économie politique (1902).

Historien français, Henri Sée est professeur à la Faculté des lettres de l'Université de Rennes (1893-1920). Il est le grand spécialiste de l'histoire économique et sociale et du capitalisme français de sa génération. Parmi son abondante production, on relève notamment Les origines du capitalisme moderne, L’évolution commerciale et industrielle de la France sous l’Ancien Régime et Esquisse d’une histoire économique et sociale de la France depuis les origines jusqu’à la guerre mondiale.

Léon de Seilhac est un publiciste qui devient délégué permanent en charge du service industriel et ouvrier du Musée social en 1897. Dans le cadre de ses fonctions, il mène une série d'enquêtes sur le monde ouvrier, les grèves, le syndicalisme et les mouvements socialistes. Ses enquêtes donnent lieu à des publications comme Les grèves en 1903. Militant de la coopération, il publie en 1904 un Manuel pratique d’économie sociale, un guide pour la création de diverses formes d’association dont les sociétés coopératives.

Issu de la noblesse protestante du Vivarais, Olivier de Serres est célèbre pour son Domaine du Pradel où il expérimente de nouvelles cultures (maïs, mûrier). Son ouvrage principal, Le théâtre d'agriculture et mesnage des champs (1600), se présente comme un manuel de gestion d’un grand domaine agricole ouvert aux innovations techniques. Passé au service d’Henri IV, il contribue au développement de la production de soie en France (La cueillette de la soie par la nourriture des vers qui la font, 1599).

Banquier et entrepreneur. Spécialisé dans le commerce du coton et grand voyageur, il s’implante en Inde et aux États-Unis. Devenu administrateur du Comptoir d’Escompte de Paris et du Crédit foncier colonial, il prend la vice-présidence de la Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma à sa création (1875). Particulièrement intéressé par l’enseignement du commerce, il rédige Les écoles supérieures de commerce (1870) et co-fonde les écoles supérieures de commerce de Rouen et du Havre (1871). Il contribue à la fondation de l’École libre des sciences politiques (1871).

Proche de Durkheim, François Simiand est l’un des fondateurs de la sociologie économique en France. Dans ses travaux et ses prises de positions méthodologiques (La méthode positive en sciences économiques, 1912), il défend une démarche fondée sur l’utilisation des données statistiques et ancrée dans la temporalité. Ainsi, Le salaire, l'évolution sociale et la monnaie (1932) représente une tentative d'établir une théorie des salaires sur la base d'observations statistiques. Il s'intéresse également aux fluctuations économiques et à la monnaie (Les fluctuations économiques à longue période et la crise mondiale, 1932).

Économiste suisse. Libéral proclamé, il rompt avec les thèses de Ricardo et Smith en publiant les Nouveaux principes d’économie politique (1819) qui préconisent l’intervention de l’État pour protéger la classe ouvrière contre les excès de la concurrence et pour réguler le progrès technique. Tenant d’une forme de socialisme utopique, il reste partisan du développement de l’artisanat et défenseur de la propriété privée, ce qui le distingue des marxistes qui reprendront toutefois certaines de ses idées. Il préfigure en outre les travaux de Schumpeter sur le progrès technique.

Philosophe et économiste écossais, Adam Smith est considéré comme le fondateur de l’économie politique. Professeur de philosophie morale à l'université de Glasgow, il consacre dix années à l’écriture de La richesse des nations, publié en 1776. Il inspire les grands économistes qui poseront les grands principes du libéralisme économique. Dans son œuvre, Smith met à jour la valeur du travail et défend la libre circulation des biens : « Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais de leur souci de leur intérêt propre » écrit-il.  La traduction française est disponible dans Gallica, dans son édition de 1790, sous le titre Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations.

Reçu avocat à Aix-en-Provence, Adolphe Thiers s'installe à Paris où il se fait journaliste. Il écrit pour Le Constitutionnel et fonde en 1830 le journal d’opposition Le National. Partisan de la monarchie constitutionnelle, il contribue à la mise en place de la monarchie de Juillet sous laquelle il se voit confier divers ministères. Il se rallie à la République en 1848 et, à la chute du Second Empire, est élu chef du pouvoir exécutif et réprime la Commune de Paris en 1871. Il devient le premier président de la Troisième République. Il a écrit plusieurs ouvrages d’histoire ainsi que De la propriété, un livre où il démontre la légitimité de la propriété pour combattre les idées socialistes.

Juriste et théologien, l'humaniste anglais Thomas More exerce de hautes fonctions politiques auprès du roi Henri VIII. Il est surtout connu pour son livre Utopia, publié en 1516, fiction littéraire décrivant une société idéale qui fonde un genre nouveau au croisement de la littérature, de la politique et de la philosophie. Plutôt qu’un programme politique, c’est une critique en contre-pied de la société de son temps, notamment au point de vue des inégalités sociales.

Auteur d’une dizaine de manuels pédagogiques initialement publiés entre 1817 et 1848 et consacrés aux techniques commerciales, F. Trémery dirige un établissement qui forme des employés de commerce. Son Nouveau manuel complet du teneur de livres, paru en 1833, sera republié plusieurs fois jusqu’en 1902.

Homme politique et économiste français, Anne-Robert-Jacques Turgot devient magistrat vers 1750. Il participe à l’Encyclopédie et publie des textes sur la tolérance et la séparation de l’Église et de l’État. Nommé intendant de la ville de Limoges en 1761, il expérimente des réformes libérales consignées dans ses Réflexions sur la formation et la distribution des richesses, qu’il tentera de mettre en œuvre à l’échelle du pays en tant que contrôleur général des finances de Louis XVI.