Celui-ci observe les formes diverses que prend l’occidentalisation du costume masculin : "La vie de la rue n'est pas moins intéressante à observer, ainsi que les costumes parmi lesquels nos complets de drap se remarquent plus nombreux ; il y a là souvent d'assez étranges accouplements, le feutre souple comme coiffure est surtout usité, ainsi que la disgracieuse casquette anglaise, et le chapeau de paille est assez commun. Il n'est pas jusqu'à l'affreux tube luisant dit "chapeau haut de forme" (photographie par R. von Stillfried, 1875) qui n'ait fait son apparition. Les pardessus macfarlanes sont appréciés, et l'usage des gants assez répandu. Ils sont du reste, comme on l'a déjà vu, de rigueur pour les agents de police et les facteurs." (E. Gallois, Au Japon, impressions de voyage).
Les citadins japonais (aristocrates, officiels, fonctionnaires, hommes d’affaires…) aspirent à s'européaniser par le costume comme par les mœurs. Le ton est donné à la tête même de l’Etat, par celui qui incarne et est le garant de la tradition. "L'empereur lui-même a dépouillé le costume national pour s'emprisonner dans "le pantalon de Casimir à bandes d'or", pour s'orner "du claque et du veston brodé, qui siéent généralement fort mal à des visages et à des statures pour lesquels ils n'ont pas été inventés." (G. Depping, Le Japon, 1895). Arborant un vêtement composite mêlant costume occidental (chapeau melon, canotier, ou feutre mou …) et habit traditionnel (kimono et haori sombres, tabis blanches…), l’homme japonais ainsi "travesti" prête volontiers à la caricature (G.Bigot, Croquis Japonais, [Fonctionnaire], [Etudiant], 1886 ; R. von Stillfried, [Homme debout avec un chapeau], 1877-1878).
Pour sa part, Arthur de Claparède observe d’un très bon œil cette introduction du costume européen qui, selon lui, manifeste le progrès de la "civilisation" sur les usages féodaux :
"L'introduction du costume européen au Japon est un signe des temps nouveaux, et indique toute une révolution dans les mœurs; avec le pantalon et la redingote, il n'est en effet plus guère possible de porter deux sabres dans sa ceinture, comme le faisaient autrefois les trop fameux samuraïs. Cet antique usage a pris fin et est aujourd'hui interdit. Le harikiri (sic), ce duel japonais dans lequel l'offensé s'ouvrait le ventre pour obliger son adversaire à agir de même, est devenu en même temps infiniment plus rare. Ne regrettons donc pas ce changement de costume, quoique le Japon ait par là perdu plus d'un coup d'œil pittoresque qu'offrait l'ancien régime." (A. de Claparède, Au Japon : notes et souvenirs,1889).