Chanoine explique plus largement ce choix comme une "
preuve chevaleresque de confiance dans l'armée [française] qui avait fourni à l'armée japonaise ses premières instructions" et également comme "
une marque d'amitié" du gouvernement japonais (
Documents pour servir à l'histoire…).
A la demande du Japon,
une deuxième mission militaire est envoyée en 1872, sous les ordres du lieutenant-colonel Antoine Marquerie, secondé entre autres par le capitaine d'artillerie
Georges Lebon (
Souvenirs d'une ambassade extraordinaire au Japon, 1913, en cours de numérisation ; J. Chanoine,
Documents pour servir à l'histoire des relations…).
Marquerie réorganise le ministère de l'armée de terre sur le modèle français : la première loi de conscription au Japon, traduite par Bousquet, entre en vigueur dès janvier 1873. En 1875 est inaugurée l'école militaire d'Ichigaya (Tôkyô) qui fournit la majeure partie des cadres avec lesquels l'armée japonaise entreprendra la guerre sino-japonaise (1894-1895) et la guerre russo-japonaise (1904-1905). La presse française relate le prestige et le mérite de cette mission (
Le Monde illustré, 1er février 1873). En 1874, c'est au tour du
Journal illustré, 24/10/1874 de vanter les mérites de cette mission à l'occasion du passage en revue des troupes par l'Empereur.
"Si les manœuvres exécutées en présence de S. M. le Mikado peuvent être considérées comme un aperçu des connaissances des troupes militaires japonaises, le gouvernement à tout lieu d'être satisfait d'avoir remis la direction de leur instruction à la mission militaire française qui leur a fait faire de rapides progrès dans l'art de la guerre".
La troisième mission militaire française (1884) arrive au Japon le 17 décembre 1884, quatre ans après la fin de la mission précédente. Elle est dirigée par le capitaine d'infanterie Henri Berthaut et son effectif n'est que de cinq personnes. À cette époque, l'influence allemande a supplanté l'influence française dans l'esprit des dirigeants japonais et les Allemands deviennent les conseillers militaires privilégiés du gouvernment japonais. Les membres de cette mission française publieront à leur retour des ouvrages où la société japonaise se trouve décrite avec précision : Etienne de Villaret (
Dai nippon, 1889) et Joseph Dautremer (
ses ouvrages), interprète de la légation.