Les traductions

L'apprentissage du japonais sert avant tout les intérêts économiques et commerciaux de la France dans cette région de l'Asie. Débouché commercial, le Japon est aussi un un pays possédant des techniques inconnues en Occident, comme le montrent de façon éclatante les envois aux expositions universelles : tissus de soie magnifiques, papiers somptueux, laques, objets d'une grande virtuosité technique, porcelaines et grès....

Léon de Rosny s'attache à traduire les textes qu'il définit comme fondateurs : poésie, ouvrages de morale, chroniques historiques, pour nourrir son enseignement et ses recherches. L'Anthologie japonaise : poésies anciennes et modernes des insulaires du Nippon, Si-ka-zen-yô, fait date en 1871. Rosny s'attache à un genre qui n’est pas encore traduit dans une langue européenne.

C'est la littérature de l'époque d'Edo (XVIIe-milieu XIXe siècles) qui est la plus traduite au début des études japonaises : les documents accessibles datent en effet de cette période. Les traductions réalisées par les orientalistes européens sont peu à peu publiées en français, et font connaître au public les premiers "romans" japonais, comme les écrits de Ryûtei Tanehiko.

Champfleury déplore en 1885 le faible nombre de traductions disponibles auprès du public : "Sauf de rares essais de traduction, la littérature japonaise est actuellement peu connue en France ; c’est seulement grâce à l’érudition anglaise que nous pouvons feuilleter les légendes populaires du pays du Nipon, cet élément indispensable pour l’élucidation d’un si grand amas de feuilles volantes" (Champfleury, La caricature au Japon, L’Art, t.  40, 1886, p. 169)

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Les ouvrages japonais anciens font leur entrée dans les collections publiques et privées françaises à partir des années 1820, et deviennent la source des premières recherches : encyclopédies, textes historiques et littéraires, ouvrages d'aspect technique...Les entreprises de traduction menées par Léon de Rosny, premier professeur de japonais en France, concernent quelques textes historiques et littéraires qu'il définit comme "fondateurs". La littérature profane sera traduite dans la deuxième moitié du siècle, souvent illustrée, à partir des versions anglaises.