Les deux visages de la céramique

De la céramique japonaise la France du XVIIIe siècle ne connaît que la porcelaine, et plus particulièrement la porcelaine émaillée de types Imari et Kakiemon, souvent produite, dès l'origine, pour satisfaire à la demande extérieure, via les marchands hollandais de Deshima. Elle la copie volontiers, comme à la manufacture de Chantilly, mais la différencie mal de la porcelaine chinoise avec laquelle la production japonaise est entrée en concurrence dès le milieu du XVIIe.

Dès l'Exposition des Beaux-Arts de l'Extrême-Orient organisée par Henri Cernuschi en 1873 au Palais de l'Industrie, Albert Jacquemart se montre très curieux des grès, à propos desquels il écrit : "Qualifier de poteries ces merveilleux ouvrages, ce serait jouer sur les mots aussi bien que si l'on s'avisait d'appeler terre cuite commune les admirables groupes de Clodion" (Gazette des beaux-arts, 01/01/1874). Mais c'est l'Exposition universelle de 1878 qui révéla l'existence d'une autre céramique japonaise au public français.

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Dans L'art japonais (1883), Louis Gonse, introduisant le chapitre sur La céramique, confié à Samuel Bing, écrit : "Jusqu'à ces derniers temps, la véritable céramique du Japon, celles que j'appellerais volontiers la céramique nationale, était restée lettre close pour les Européens". Découverte majeure à l'apogée du japonisme : une céramique japonaise en cachait une autre !