Alice Milliat et les JO féminins

Figure incontournable de l’entre-deux-guerres, Alice Milliat a grandement participé au développement et à l’organisation autonome du sport féminin, en fédérant les clubs féminins dans une Fédération française puis une Fédération internationale indépendantes.

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Pratiquant elle-même l’aviron, Alice Milliat défend un développement séparé des sports féminins : les femmes doivent gérer elles-mêmes leurs clubs et leurs fédérations, sans être inféodées aux structures masculines qui n’ont aucune intention de développer le sport féminin, quand elles ne l’ont pas explicitement rejeté. Il faut prouver la valeur de la pratique pour les femmes, montrer qu’elles peuvent pratiquer tous les sports sans risque, en adaptant au besoin les règlements.

Elle applique d’abord ce principe d’autonomie dans son club Fémina-Sport avant de fédérer les clubs français dans une fédération multisport, la Fédération des sociétés françaises des sports féminins (FSFSF) dont elle prend la tête à partir de 1919. Reconnue par les pouvoirs publics, elle comptera jusqu’à cent-trente clubs adhérents en 1922 et restera indépendante des institutions masculines jusqu’en  1936.

L’action d’Alice Milliat ne s’arrête pas aux frontières nationales. En réaction au refus de Pierre de Coubertin d’inclure des épreuves féminines d’athlétisme aux JO d’Anvers puis de Paris en 1924, elle fonde la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) qui comptera jusqu’à 31 pays membres. Elle préside à l’organisation des « Jeux Olympiques féminins » de Paris en 1922. Ceux-ci connaissent tous les quatre ans plusieurs éditions qui réunissent un nombre croissant de nations et d’athlètes participantes. La dernière compétition a lieu à Londres en 1934. À cette date, la Fédération internationale d’athlétisme, qui s’oppose de concert avec le CIO à l’indépendance de la Fédération féminine, l’intègre dans ses structures. Loin d’être une promotion pour le sport féminin, cette fusion marque une reprise de contrôle par les institutions masculines. Elle coïncide avec une phase de reflux de la pratique compétitive en France.