Affiches : accès par auteur
Gallica vous présente des sélections dédiées à douze des plus grands noms de l'affiche aux XIXe et XXe siècles.
Adrien Barrère est peintre, illustrateur, affichiste et dessinateur humoristique. Ses études de droit et de médecine lui ont inspiré une série de lithographies en couleurs caricaturant avec talent les professeurs de ces disciplines. Affichiste, il dessine surtout des affiches pour les spectacles, du music-hall au théâtre du Grand Guignol en passant par les débuts du cinéma.
Né en Italie, Cappiello s’installe à Paris en 1898. Il débute sa carrière par des portraits d’acteurs et caricatures d’artistes de variétés, notamment pour les journaux illustrés. Ses premières affiches datent de 1899-1900 et son affiche pour le chocolat Klaus en 1903 marque un tournant : il devient un affichiste publicitaire de premier plan, caractérisé par son sens de l’efficacité visuelle et son souci de faire mémoriser une marque. Il est sous contrat chez l’imprimeur Vercasson jusqu’à la guerre de 1914, puis chez Devambez durant l’Entre-deux-guerres. La nouvelle génération d’affichistes dans les années 1920 lui rend hommage en reconnaissant avoir commencé par faire « du » Cappiello.
Jules Chéret est, à la fois, l’inventeur de l’affiche moderne et le « roi » de l’affiche artistique. Ce lithographe de formation ouvre en 1866 à Paris une imprimerie qui est la première à proposer des affiches illustrées lithographiées en couleurs, une technique qui sera majoritairement celle des affiches pendant un siècle environ. Sa production d’affiches pour les spectacles et la publicité jusqu’en 1900 est considérable, de l'ordre de 1430 pièces environ. Ses talents de dessinateur et coloriste le font reconnaitre comme artiste par nombre de ses contemporains et sont déterminants pour le mouvement de l’affiche artistique des années 1890. Après 1900, il se tourne plutôt vers la peinture décorative.
Il a été élève de Doërr et de Pils, exposant pour la première fois en 1873. Comme son frère Léon, il dessine des affiches illustrées, surtout pour le monde des spectacles de variétés, des années 1880 jusqu’à 1900 environ. Selon Béraldi, des affiches non signées et provenant de l’imprimerie Emile Lévy sont aussi de sa main.
Ce dessinateur, frère d’Alfred Choubrac, qui s’est formé seul, selon H. Béraldi, signe le plus souvent du pseudonyme Hope. Il compte parmi les premiers à suivre la voie ouverte par Jules Chéret et dessine dès les années 1870 des affiches pour le café-concert et autres lieux de spectacles variés ainsi que pour des publications, notamment de Léo Taxil.
Grasset est peintre, illustrateur et artiste décorateur, né à Lausanne. Venu parfaire à Paris son éducation artistique en 1871, il y est resté finalement toute sa vie. « Pionnier de l’Art Nouveau », il élargit son activité de dessinateur aux modèles de mobilier, ferronnerie, vitrail, etc. Dans l’univers du livre, citons notamment Les Quatre fils Aymon, premier livre illustré en couleurs par un procédé photomécanique, en 1883 (avec Charles Gillot). Le nom de cet artiste « touche à tout » est également attaché à l’affiche artistique de la fin du XIXème siècle, avec ses chefs-d’œuvre comme Librairie romantique, Salon des cent ou Encre Marquet et une série de grandes estampes décoratives.
Jean Marie Michel Liebeaux, dit Mich, né à Périgueux, s’installe à Paris dans les années 1900. Ses dessins et caricatures paraissent dans la presse et en albums. On retrouve son goût pour le domaine du sport, notamment pour les cycles et l’automobile, dans ses affiches et autres compositions publicitaires.
Né en Moravie, Mucha est à Paris à l’académie Julian en 1889. A partir de 1895, sa carrière est lancée par ses affiches pour Sarah Bernhardt avec des compositions originales aux lignes serpentines et aux tonalités rares, insérant volontiers des encrages d’or ou d’argent. Figure majeure de l’Art Nouveau dans l’univers de l’affiche, il est sous contrat avec l’imprimeur Champenois chez qui, outre ses affiches, il dessine des panneaux décoratifs ainsi qu’une multitude de petits documents. Durant ses années parisiennes, son activité s’étend aussi à des modèles de bijoux et décors. Après plusieurs séjours aux États-Unis, il rentre dans son pays natal en 1912 où il revient plutôt à la peinture.
Eugène Ogé commence sa carrière comme dessinateur attaché à l’imprimerie Charles Verneau au sein de laquelle ses affiches restent anonymes (on les connaît par la liste qu’en donne le premier historien de l’affiche Ernest Maindron) jusqu’en 1894, date à laquelle il signe sa première affiche. Un an plus tard, il ouvre son propre atelier et ses compositions sont désormais tirées par divers imprimeurs. Parmi ses affiches, qui sont majoritairement publicitaires, on peut citer en particulier celles qui utilisent des personnages célèbres de l’actualité de son temps comme Pilules Dum-Dum ou Les conserves Blachère.
Né à Lausanne, Steinlen s’installe à Paris en 1881. Peintre et dessinateur, il est l’auteur d’une impressionnante somme de croquis et compositions pour des journaux illustrés, des titres de chansons, des livres ainsi que des affiches et des estampes. On y retrouve ses thèmes de prédilection : les chats, l’enfance, la rue, les types sociaux, la misère et l’injustice sociale. Son nom est attaché à Montmartre et il dessine notamment l’affiche pour la tournée du Chat noir. Il fait partie des « maîtres de l’affiche » de la fin du XIXème siècle, apprécié par les collectionneurs de son temps. Il reprend son crayon d’affichiste pendant la guerre de 1914 pour lancer des appels à la solidarité. Marqué notamment par les drames serbe et belge, il s'attache dépeindre les victimes, soldats et civils, mutilés, orphelins, veuves, vieillards, familles dispersées, composant un oeuvre de guerre dont 180 lithographies et tailles-douces sont conservées au département des Estampes et de la photographie.
De Moulin Rouge. La Goulue (1891) à La Gitane (1900), H. de Toulouse-Lautrec a signé au total trente et une affiches seulement, mais nombre d’entre elles comptent parmi ses œuvres majeures et sont universellement célèbres. Ces compositions synthétiques et puissantes, par leur économie de moyens, les francs aplats, les mises en page hardies, sont des nouveautés audacieuses et l’ont fait saluer comme le maitre de l’affiche. La Bibliothèque nationale de France conserve une des rares collections complètes des affiches de l’artiste, c’est-à-dire au moins une épreuve de chaque tirage, ainsi qu’un exceptionnel ensemble d’épreuves d’essais de couleurs ou d’états différents, pouvant être des pièces uniques.
Jean-Paul Béguin, après l’école Bernard Palissy et les Beaux-Arts, dessine d’abord des modèles pour la joaillerie. Ses premières affiches, qu’il signe Jean d’Ylen, datent de 1912 et il optera pour cette activité d’affichiste surtout après la guerre de 1914-1918. En 1922, il a un contrat chez l’imprimeur Vercasson (qui, peut-être, compense ainsi le départ de Cappiello) auquel il restera attaché jusqu’en 1934.
Placard publicitaire, avis administratif ou légal, annonce de manifestation… Au cours d’une histoire qu’on peut faire débuter à l’Antiquité mais qui prend sa forme moderne avec l’invention de l’imprimerie, l’affiche revêt ces fonctions multiples que nous lui connaissons encore aujourd’hui. Les affiches illustrées de la période de l’Ancien régime sont rares, à en juger du moins par le peu d'entre elles qui nous est parvenu. Au début du XIXème siècle, on assiste à une première floraison importante d’affiches illustrées pour l’édition et la librairie romantiques, le plus souvent lithographiées et tirées en noir. Au milieu du siècle, de grandes gravures sur bois en couleurs sortent des presses de l’imprimerie Rouchon, mais il s’agit d’un épisode isolé. Il faut attendre Jules Chéret et son utilisation, à partir de 1866, de la lithographie en couleurs combinée à ses talents de dessinateur et de coloriste pour lancer le développement de l’affiche illustrée. Les exigences commerciales et publicitaires nouvelles, l’ « industrialisation » des spectacles, l’expansion et la restructuration des espaces urbains favorisent, voire appellent ce développement. Dans le sillage de Chéret, les Steinlen ou Mucha seront des maitres de l’affiche artistique à la fin du XIXème siècle et auront pour successeurs non moins talentueux au XXe siècle, les Cappiello, Cassandre ou Villemot. Une part conséquente des affiches numérisées est encore sous droits, et consultable à ce titre uniquement dans les salles de lecture de la BnF.