Cylindres Henri Lioret. Le morétain Henri Lioret (1848-1938) est un des pionners français de l’histoire des origines de l’enregistrement phonographique mais beaucoup moins connu que Charles Cros ou Charles Pathé, bien qu’il occupe une place privilégiée dans l’essor du phonographe à la fin du XIXe siècle. Horloger de talent, Henri Lioret connaît un tournant majeur dans sa carrière lorsqu'Emile Jumeau, créateur des célèbres poupées, lui demande son aide pour la conception d'un phonographe miniature à insérer dans son Bébé Jumeau. Henri Lioret, néophyte dans ce domaine mais curieux et ingénieux, conçoit en quelques mois le système tant attendu par Emile Jumeau. Pour Noël 1893, le Bébé Phonographe est prêt, il parle et chante en quatre langue et le succès commercial est au rendez-vous. Henri Lioret va ainsi progressivement délaisser l'horlogerie pour se consacrer entièrement à la conception et à la production de phonographes et de cylindres enregistrés. Dès 18 mai 1893, Henri Lioret a déposé un brevet sur sa méthode de duplication de ses cylindres en celluloïd à partir d'une seule audition de l'artiste. La matière innovante de ses cylindres rendent ces derniers beaucoup moins fragiles que ceux de son contemporain Pathé, et permet une gravure d'une grande finesse. Et chose exceptionnelle pour l'époque, ses cylindres permettent quatre minutes d'enregistrement. Lioret ne cessera de perfectionner ses techniques et d'innover dans ce domaine. La fin de sa carrière sera consacrée tout particulièrement au cinéma (ses dispositifs d'enregistrements professionnels sont reconnus des grandes firmes cinématographiques) et à la recherche-conception pour les travaux des phonéticiens. La Bibliothèque nationale de France conserve 90 cylindres enregistrés par Henri Lioret (chanson populaire, musique classique, imitations, ...).
Allocution. Texte de Paul Robin, sociologue néo-malthusien, théoricien de l'éducation libertaire en France, professeur de sciences physiques et naturelles jusqu'en 1865, membre de l'Association internationale des travailleurs fondée en 1864 et directeur de l'orphelinat Prévost à Cempuis, dans l'Oise (de 1880 à 1894).
Allocution sur la future expédition au Groenland du Docteur Charcot. Enregistrement réalisé avant la première expédition de l’explorateur au Groenland, en 1925. Le CYL-430 contient deux enregistrements distincts : dans le premier on entend la voix du docteur Charcot qui parle de sa première expédition au Groenland. Voici la retranscription de la déclaration : « J’espère que l’on pourra faire de beaux disques, là-bas, dans le Groenland. J’espère que les cires ne souffriront pas trop des températures rigoureuses de longs hivers polaires ». Charcot n’est donc pas encore parti et parle de ses futurs enregistrements sur disques. Dans la deuxième partie, un autre homme parle du contexte politique et notamment financier de l’expédition au Groenland de Charcot. Il déplore la maigre participation du Ministère de l’Éducation nationale au voyage et remercie le Dr Charcot pour sa large contribution, sans laquelle l’expédition n’aurait pu se faire. Il est difficile de déterminer l’identité de cette deuxième personne. Il ne peut pas s’agir de Paul-Emile Victor, trop jeune à cette époque bien qu’il ait été présent sur le navire du docteur Charcot en 1936, peu de temps avant le naufrage du Pourquoi Pas ?, emporté avec son capitaine au large des côtes islandaises.
Mission Henri Labouret (juillet-décembre 1932). Henri Labouret (1878-1959) est un ethnologue africaniste français. De 1931 et 1938, Henri Labouret est administrateur colonial et étudie les civilisations africaines du Cameroun. Professeur à l’Institut des Langues Orientales et à l’École coloniale, il inaugure les méthodes de recherche ethnographique, tout comme Maurice Delafosse. L'essentiel des cylindres enregistrés par Henri Labouret (accompagné d’un élève de l’École coloniale, M. Leca) pendant sa mission en Afrique occidentale (Sénégal, Mali) de 1932 sont conservés au Centre de recherche en ethnomusicologie Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparée (LESC, UMR 7186, CNRS/Université Paris Nanterre). Pourtant, à l'occasion de l'inventaire de ses propres cylindres, la Bibliothèque nationale de France a découvert dans ses fonds d'autres cylindres enregistrés par Henri Labouret pendant cette même mission de 1932.