Le Tour de France de Gallica, étape 13 : Foix
Au terme d’une étape de 100 kilomètres de moyenne montagne, les coureurs du Tour de France arrivent à Foix… et nous donnent l’opportunité de remonter le temps à travers Gallica et d’approcher les richesses monumentales, économiques, naturelles de la ville.
Arrivée à Foix de la Coupe des Pyrenées, course automobile, août 1905, Agence Rol
21 août 1905 : Arrivée à Foix de la Coupe des Pyrénées, rallye automobile
Une course d’une autre nature conduisait ses participants dans la cité fuxéenne… Quelque 65 bolides des constructeurs De Dietrich, Brouhot, De Dion-Bouton… et leurs conducteurs avaient pris à Toulouse le départ de cette randonnée touristique automobile organisée par le journal La Dépêche, en association avec la revue La Vie au grand air. Les organisateurs de la Coupe des Pyrénées pouvaient profiter de l’expérience de ceux du Tour de France automobile, lancé en 1899, et du Tour de France cycliste créé en 1903. Si ces deux évènements avaient pour but de soutenir les industries automobile et cycliste et les journaux organisateurs, la Coupe des Pyrénées poursuivait l’objectif de promouvoir la région. Chaque ville-étape devait mettre en avant ses atouts et proposer des festivités aux visiteurs. Quels étaient ceux de Foix à l’époque des premières éditions du Tour de France cycliste… ?
L’économie fuxéenne : des industries textile et extractives
Contrairement à Ax-les-Thermes ou Ussat-les-bains, Foix n’est plus, en ce XXe siècle naissant, une destination pour les curistes. Depuis une inondation de 1875, l’établissement thermal a du fermer ses portes, en dépit des bienfaits reconnus aux eaux de Foix.
Economiquement, Foix profite de sa situation sur l’axe Toulouse-Barcelone, qui a permis l’essor d’une riche bourgeoisie marchande. Elle avait une importante activité textile et métallurgique de transformation. La production textile à partir de laine ou des plantes textiles était assez rustique, comme l’attestent les échantillons de cadis de laine des capes de bergers pyrénéens, de burats et serges des tabliers des paysannes de la collection du Maréchal de Richelieu.
Etoffes et Toiles qui se fabriquent dans la province du Roussillon et pays de foix, 1737,
échantillons de la collection de Louis-François-Armand de Vignerot Du Plessis, duc de Richelieu (1696-1788)
En ce qui concerne les activités extractives, les forges « à la catalane » (méthode de fusion directe au charbon de bois), qui transformaient le fer des mines de Rancié depuis le XIIIe siècle, étaient encore florissantes au début du XIXe siècle. De nos jours, se développe un tourisme industriel sur le site des forges de Pyrène, aux portes de Foix.
L’atout maître de Foix est néanmoins son patrimoine médiéval…
Foix, cité médiévale
En juillet 1903, alors que la première édition du Tour de France cycliste s’élance sur les routes, la Revue du Touring-club de France publie cette description :
« Foix n’est qu’une bourgade de six mille âmes, malgré son titre de préfecture. Mais la ville est dominée par un rocher, sur lequel sont perchées trois tours superbes et qui produisent un saisissant effet de quelque côté qu’on les aperçoive. Il n’existe nulle part en France un plus magnifique décor. »
L’abbatial Saint-Volusien, attesté dès 849, la cité, ses maisons à colombages et le château comtal sont au premier plan des richesses fuxéennes… Le château, connu dès 1002, composé de deux tours carrées, auxquelles est adjointe une tour ronde au début du XVe siècle, est associé aux comtes de Foix, famille influente sur l’échiquier politique… S’ils quittent Foix pour le Béarn en 1290, ils conservent toujours avec leur ville des liens privilégiés. Foix, de son côté, ne perd pas, à leur départ, le prestige de ville comtale, puis de capitale de province, siège des Etats de Foix et d’un gouverneur chargé de la défense du pays. Le château continue, aux temps modernes, d’abriter les symboles du pouvoir : la garnison, la prison, les archives.
« Le château de Foix », dans Tour de France : guide du touriste, n°11, 1er mars 1905
C’est grâce à ce patrimoine que Foix devint un centre touristique reconnu, mais aussi du fait de sa position centrale pour découvrir les richesses de la nature ariégeoise, la montagne, mais aussi les grottes qu’elle dissimule, dont la grotte du rocher de Foix, dite « du cheval » ou celle de Labouiche et sa rivière souterraine.
Promotion des grottes de Labouiche, Le Petit journal, 3 août 1939
Une personnalité fuxéenne étudia et transmit ses connaissances des richesses naturelles de la région et de Foix en particulier…
Eugène Trutat (1840-1910) : géologue, naturaliste, pyrénéiste, photographe
Directeur du Museum d’histoire naturelle de Toulouse, Eugène Trutat s’installa à Foix à la fin de sa vie. Photographe, il immortalisa paysages et habitants. A la fois président de la section Pyrénées centrales du Club Alpin français et auteur prolifique d’études sur les ressources naturelles, dont Les Pyrénées, les montagnes, les glaciers, les eaux minérales… (1894), il incarne le pyrénéisme. En effet, selon le Dictionnaire des Pyrénées, dans son article « A la recherche du Pyrénéisme », « le mot est lancé en 1898 par Henri Beraldi dans les premières pages de Cent ans aux Pyrénées. Il recouvre une triple dynamique : « ascensionner, sentir, écrire », (…) articulation impérative des trois verbes, posant l’expérience physique de la montagne comme inséparable de l’élaboration culturelle. »
L’arrivée à Foix qu’il photographie en 1903 était sans aucun doute plus discrète, moins tonitruante, que celle des coureurs du Tour de France aujourd’hui…
Arrivée à Foix, février 1903, Eugène Trutat
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