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La Presse coloniale sur Gallica

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A la fin du XIXe siècle, l'expression « Presse coloniale » recouvrait un ensemble de périodiques facilement identifiables. Ainsi, en préambule à la série des neuf articles qu'il consacra à ce sujet dans le Bulletin de la presse du 16 mars au  29 juin 1899, le journaliste Paul Combes pouvait écrire : « Ce titre "La Presse coloniale" peut s'entendre de deux façons différentes. Il peut s'appliquer, en effet, soit aux journaux édités dans les colonies, soit aux organes, qui dans la métropole, s'occupent plus spécialement des questions coloniales ».

La Presse coloniale illustrée, janvier 1924

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9602065.image

 

Au-delà de l'aspect anecdotique du dossier de Paul Combes, dont l'essentiel, en réalité, est une attaque en règle d'un certain Paul Cousin, fondateur du journal La Politique coloniale, il est impossible aujourd'hui de reprendre telle quelle cette définition.
En effet, à la lumière de l'histoire de la colonisation au XXe siècle et de la presse qu'elle a engendrée, il est nécessaire d'ajouter une autre dimension. La « presse coloniale » ne se confondant pas avec la « presse colonialiste », la liste qui va suivre présente un éventail de tendances depuis les journaux qui, à des titres divers, ont assuré la promotion et la mise en valeur des colonies jusqu'aux publications anticolonialistes qui apparaissent dans l'Entre-deux-guerres, en passant par celles qui, sans nécessairement relever de la presse anticolonialiste, ont critiqué les politiques coloniales (porte-parole des colons ou porte-parole des indigènes).

La page de présentation de la presse dans Gallica propose un accès direct à une sélection de titres de presse coloniale. La liste ci-dessous n'est pas exhaustive tant la documentation est riche en ce domaine, y compris sur Gallica, mais surtout parce qu'une ressource importante fait défaut : celle des journaux d'après-guerre, protégés par le droit d'auteur, qui ne figurent pas encore dans la bibliothèque numérique. Le lecteur qui souhaiterait compléter sa documentation aura rapidement confirmation de la richesse des collections sur Gallica.

Parmi les résultats, en premier lieu, une sélection de titres de presse qui ont porté les idées coloniales :

- Journal des colonies, par l'Agence coloniale (Paris), le plus ancien journal numérisé sur ce thème. La BnF n'en possède qu'un exemplaire, daté de juillet 1791. Il est précédé d'un prospectus et s'ouvre par un discours préliminaire : « Il est bien étonnant qu'au dix-huitième siècle, on doute encore de l'utilité réelle des colonies. Cette question hazardée par de faux politiques ou par des parasytes de l'erreur, et que l'ignorance a pu accréditer, pourroit encore jetter un voile sur une des parties de l'administration productive la plus essentielle du royaume… »

- Bulletin colonial. Supplément à la Revue du XIXe siècle spécialement consacré à la publication des actes du gouvernement relatifs aux colonies  (Paris) <mai 1836 à décembre 1839> suivi d'un numéro spécial daté de 1849 intitulé Elections de la Guadeloupe et de la Martinique.

- Revue de l'Orient, puis Revue de l'Orient, de l'Algérie et des colonies, par la Société orientale de France (Paris) <1843 à 1865>.

- Revue coloniale, deuxième série, année 1848, éditée sous le patronage du département de la Marine (Paris) <1848>. Ce document est le fruit d'une collaboration BnF avec la Bibliothèque numérique Caraïbe, Amazonie, plateau des Guyanes.

- Revue algérienne et coloniale, par le ministère de l'Algérie et des colonies (Paris)<octobre 1859 à décembre 1860>.

- Revue maritime et coloniale, par le ministère de la Marine et des colonies (Paris) <1861 à 1896> ; suite de la Revue algérienne et coloniale.

- Bulletin de la Société des études coloniales et maritimes, par la Société des études coloniales et maritimes (Le Havre) <1876 à 1895> suivi de la Revue des questions coloniales et maritimes, par l'organe mensuel de la Société des études coloniales et maritimes (Paris) <1919 à 1926>.

- La Nouvelle France. Le directeur n'est pas nommé mais on peut supposer qu'il s'agit de Charles Du Breil de Rays (Marseille) <1879 à 1885> ; ce journal rend compte d'une tentative de colonisation en Océanie à la fin du XIXe siècle, une opération dramatique qui en réalité a échoué ; pour en savoir plus, on peut lire l’ouvrage du Docteur A. Baudoin, écrit en 1883 et intitulé  L'Aventure de Port-Breton et la colonie libre dite Nouvelle-France : souvenirs personnels et documents.

La Nouvelle France, Marseille, 15 juillet 1879
 

- Revue coloniale : bulletin économique mensuel des colonies, par le ministère des Colonies. Service des renseignements commerciaux et de la colonisation (Paris) <1895 à 1911>.

- Revue maritime, par le ministère de la Marine, Service historique de la marine (Paris) < 1896 à 1914 ; plus deux numéros (novembre et décembre 1861) correspondant à la Revue maritime et coloniale, par le ministère de la Marine et des colonies dont elle prend la suite.

- La Quinzaine coloniale : organe de l'Union coloniale (Paris) <1901 à 1913>.

- Bulletin de la Société de géographie et d'études coloniales de Marseille (Marseille) <1903 à 1931>.

- Bulletin de l'Office colonial, par le ministère des Colonies, Office colonial (Paris) <1908 à 1919>.

- Revue de géographie commerciale, par la Société de Géographie commerciale de Bordeaux représentant l'Union coloniale française (Bordeaux) <1912 à 1940>.

- Revue de l'histoire des colonies françaises, par la Société française d'histoire d'outre-mer (Paris) <1913 à 1931>.

- Le Courrier colonial illustrée, dirigé par Francis Mury, délégué des Comores-Madagascar au Conseil Supérieur des colonies (Paris) <1921 à 1936>.

Le Courrier colonial illustré, 25 décembre 1930
 

- La Presse coloniale illustrée, dirigé par Georges Boussenot, député de la Réunion, délégué de Madagascar au Conseil Supérieur des colonies (Paris) <1923 à 1939>.
Chaque numéro est consacré à une des colonies françaises. On y trouve ainsi des dossiers sur Madagascar et la Réunion, le Togo, la Côte d'Ivoire, le Soudan, la Haute-Volta, l'Indochine, la Guyane française, le Dahomey, Tahiti, le Cameroun...

- Togo Cameroun,  édité par l'Agence économique des territoires africains sous mandat  (Paris) <1929 à 1935>.

- La Gazette coloniale, puis l'Empire français. Organe politique et économique de la France des cinq parties du monde, dirigé par J. A. Miquel (Paris) <1936 à 1937>.

En second lieu, des journaux critiques :

- L’Afrique. Journal de la colonisation française, puis Revue générale de la presse (Paris) <aout 1844 à novembre 1845>.  Le premier éditorial précise qu'il sera un journal indépendant, « fondé à Paris par les colons de l'Algérie ». Ces derniers s'irritent de « la conduite imprudente du gouvernement depuis la conquête » et réclament des mesures politiques et financières  en faveur des colons algériens.

- La Liberté coloniale, puis La Liberté des colonies, puis Journal indépendant (Paris)
<1888 à 1905> ; ce journal revendique une réorganisation complète des colonies… plus républicaine.

- La Liberté tunisienne : organe de défense de la Colonie française de Tunisie (Paris) ; un seul exemplaire disponible en date du 15 mai 1912; l'éditorial du premier numéro plaide pour qu'on entende la voix des Français de Tunisie qui n'ont aucun représentant à Paris.

- Le Réveil colonial : organe central des doléances et des revendications des coloniaux de toutes les colonies (Paris) ; un seul exemplaire est parvenu à la Bibliothèque nationale. Il date du 1er mars 1921 et aurait été fondé par des intellectuels africains, antillais et/ou malgaches. En ouverture, on peut lire : « Le Réveil colonial tient à faire cette déclaration qu'il n'est l'organe d'aucun groupement politique, le porte-parole d'aucune firme, l'avocat d'aucun trust ou consortium. Ceci dit pour marquer notre position, nous ajouterons que n'ayant d'autre ambition que celle de défendre […] les intérêts sacrifiés des classes prolétariennes de nos colonies […] Le Réveil colonial est décidé à porter un fer rouge partout où la nécessité d'une thérapeutique énergique se sera fait sentir… »

- La Tribune indochinoise. Organe d'étude et de combat pour l'Indochine autonome, par le Parti Constitutionnaliste Indochinois (édition européenne, Paris) ; un seul exemplaire est parvenu à la Bibliothèque nationale. Il date du 15 août 1927 et correspondrait à la deuxième année du journal. Le Parti Constitutionnaliste Indochinois a pour slogan : « Peuple annamite, n'attends rien de personne ; de toi seul dépend ton avenir ! ». Il est toutefois prêt à une collaboration avec la France pour une solution politique qui ne déboucherait pas sur le « bolchévisme ».

- Le Cri des peuples  (Paris) <1928 à 1929> ; ce titre n'est pas sans rappeler Le Cri du peuple de Jules Vallès. Il n'est pas fortuit lorsqu'on découvre que le premier éditorial est signé Séverine et que les objectifs du nouveau journal sont : « la défense des peuples indigènes ou annexés… sans voix [et] sans droits ».

- La Justice. Journal politique et littéraire, par le rédacteur en chef, J. Ratsimiseta (Tananarive) <de janvier à mai 1929> ; le premier éditorial donne le ton : « Indigènes de Madagascar ! Nous avons pour mère-patrie cette belle France considérée à juste titre par l'univers comme étant le rempart de la Liberté […]. La loi a constitué des garanties pour notre liberté individuelle. La justice veut qu'elle soit respectée […]. Les Malgaches ont versé leur sang pour la France. Ils ont le droit de n'être plus traités en serfs… »

- La Revue du Monde noir fondée par le docteur haïtien Léo Sajous, Maître Henri Jean-Louis, Paulette et Jane Nardal et d'autres intellectuels métropolitains et antillais (Paris) ; <novembre 1931 à avril 1932>. Cette revue bilingue (anglais-français), fondée essentiellement par des intellectuels noirs vivant à Paris durant les années 1930, avait pour devise : « Pour la PAIX, le TRAVAIL et la JUSTICE, par la LIBERTÉ, l'ÉGALITÉ et la FRATERNITÉ, et ainsi, les deux cent millions de membres que compte la Race noire, quoique partagés entre diverses Nations, formeront, au-dessus de celles-ci, une grande DÉMOCRATIE, prélude de la Démocratie universelle ».

- Légitime défense, revue fondée des intellectuels martiniquais : René Ménil, Thélus et Étienne Léro, Jules Monnerot, Auguste Thésée … (Paris) <juin 1932> seul et unique numéro de cette petite revue antillaise publiée à Paris et rédigée par des intellectuels antillais influencés par le marxisme et le surréalisme et qui « refusent […] de composer avec l'ignominie environnante ». Dans "l'Avertissement" qui sonne comme un manifeste, leur position est claire : « Nous nous dressons ici contre tous ceux qui ne sont pas suffoqués par ce monde capitaliste, chrétien, bourgeois dont à notre corps défendant nous faisons partie ».

- Al Talīʼa (L’Avant-garde, publié par l'Organe central du Parti communiste tunisien) <juin 1943 et août 1943>, journal clandestin édité en arabe durant la Seconde Guerre mondiale.

On trouvera enfin quelques articles de La Revue indigène : organe des intérêts des indigènes aux colonies et pays de protectorat dans Comment organiser l'Afrique du Nord : articles du "Temps" et de la "Revue indigène" publié à Paris en 1912.

Conseils de recherche

- Cliquer sur l'onglet Presse et revues, sauf si l'on souhaite avoir des références sur un autre support (Livres, Manuscrits, Images etc.)
- Taper dans la barre de recherche le mot colon*, l'astérisque permettant d'avoir des réponses sur des titres incluant les mots colon, colonie et tous ceux qui ont la même racine (colons, colonies, colonial, coloniaux, etc.). On peut également taper d'autres mots comme : indigène*, métropole, outremer ou outre-mer, etc.

Mme Claude Liberman – département Droit, économie, politique

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