Quand Pierre Chiffonnier met Gallica en chanson
Prenez votre lanterne et votre crochet ! Avec son nouvel album-concept, notre Gallicanaute du jour nous emmène sur les traces de cette figure presque mythique du Paris d'autrefois, le chiffonnier.
Couverture de l'album "Fortune", de Pierre Chiffonier, Adrien Melchior.
Bonjour Pierre Chiffonier, pouvez-vous nous parler un peu de vous ?
Je suis auteur, compositeur et producteur de musique, et j'ai sorti un album-concept autour de la figure du chiffonnier. Comme rien ne se perd et que tout se transforme, j'ai décidé, à mon tour, de chercher l'or dans l'ordure en partant à la recherche de vieux ouvrages, d'illustrations oubliées, de poèmes désuets, pour nourrir l’imaginaire du disque. Cela se traduit musicalement avec des esthétiques très diverses et des textes imbibés de références historiques. L’album se présente comme une succession de tableaux qui forme un "conte-musical" autour du mythe du chiffonnier.
Comment utilisez-vous Gallica pour vos recherches ?
J'ai commencé assez simplement par parcourir les galeries d'images où j'ai fait la connaissance de la Cité Doré, photographiée par Eugène Atget, et des représentations classiques du chiffonnier avec son crochet, sa lanterne et sa hotte. L’article sur le blog de Gallica "Grandeur et misère des chiffonniers de Paris" de Stéphanie Tonnerre-Seychelles a été une de mes premières lectures, puis je me suis aventuré dans des ouvrages, des pièces de théâtre, des revues et même des scénarios de films.
Une recherche avec un seul mot-clé ouvrant la porte à des milliers de documents, j'ai eu le sentiment vertigineux de tomber dans un puits sans fond. Cela m'a valu quelques insomnies et c'est ainsi qu'il m'a fallu deux ans pour terminer la conception du disque.
Une anecdote au sujet d'un document découvert dans Gallica ?
Dans le premier chapitre du livre de Louis Paulian, "La hotte du chiffonnier", je me suis emparé des descriptions physiques qui sont gravées sur cette médaille illustrée pour les transposer dans le morceau "Omnia Mecum Porto". Voilà comment le "visage ovale" et le "tatouage au bras droit" d'un certain J.Durand en 1872 se sont retrouvés entre deux sillons cent cinquante ans plus tard.
La forme de cette médaille a également été la source d'inspiration du logo des Disques du Crochet, maison de disque dont la création est intimement liée à Pierre Chiffonnier. Plus explicitement, on retrouve cette idée de médaille sur la pochette du disque, qui reprend le même principe d'abréviations.
Un document Gallica fétiche à recommander ?
Alfred Rethel, La mort comme bourreau. Je suis sensible à l’esthétique de cette gravure comme à son histoire puisqu’elle a été suivie par La mort comme amie un an plus tard. Sous-titrée "Première apparition du choléra à un bal masqué à Paris en 1831", le lien avec notre chiffonnier a été une évidence puisque celui-ci était mis en cause dans la propagation des maladies à cette même époque.
La Mort comme bourreau, Alfred Rethel, 1851
J'ai voulu mettre en musique ces deux gravures avec le morceau "Hôtel-Dieu" qui vient clore le disque. Cette allégorie de la mort a directement nourri l'imaginaire du morceau, dans le texte mais aussi dans les choix des arrangements, avec la présence des instruments à cordes et du chant lyrique qui contribuent grandement à la couleur dramatique du morceau.
Le mot de la fin ?
Je vous invite à découvrir "La chanson du chiffonnier", écrite par Jules Jouy autour de 1880. On retrouve cette poésie dans de nombreuses revues fin 19e sur Gallica, notamment interprétée par Henriëtte Bosmans en 1950. J’ai à mon tour emprunté quelques vers dans le morceau "Les Lilas".
Pour aller plus loin
- Écouter l’album "Fortune" de Pierre Chiffonnier
- Retrouver Pierre Chiffonnier sur Facebook et sur Instagram
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