Le Havre, vue du Bassin du Roi, depuis l'Hôtel du Brésil. Daguerréotype / Hippolyte Fizeau, 1840
Bibliothèque municipale du Havre, Ph DAG 004
Au XVIe siècle, c’est de Normandie que partent les premières expéditions vers « les Indes ». Paulmier de Gonneville, premier navigateur connu pour avoir atteint les côtes du Brésil, part de Honfleur. C’est également le cas de Villegagnon, quelques cinquante ans plus tard, ainsi que de Jacques de Vaulx, qui explore le fleuve Amazone.
En parallèle, une école cartographique voit le jour à Dieppe, qui rassemble les connaissances maritimes de l’époque. S’y retrouvent navigateurs, cosmographes (dont de nombreux Portugais), ingénieurs navals et artistes venus de toute l’Europe.
Guillaume Le Testu,
La partie des cannibales in Cosmographie universelle, selon les navigateurs tant anciens que modernes, 1555.
Service historique de la Défense, D.1.Z14
Rappelons aussi qu’à l’occasion de l’entrée royale d’Henri II dans la ville de Rouen en 1550, un village indien est reconstitué, peuplé d’habitants de la terre rouge ayant pris la mer à bords des vaisseaux français, ainsi que de Rouennais grimés en Indiens.
Relation de l'entrée d’Henri II, roi de France, à Rouen, le 1er octobre 1550Bibliothèque municipale de Rouen, Ms Y 2
Au siècle suivant, c’est du Havre que le navigateur normand
Pierre Belain d’Esnambuc (1585-1636) s’embarque à son tour pour coloniser les îles de la Guadeloupe, de la Martinique, et de Saint-Christophe, où il met en place le système esclavagiste aux
Antilles françaises. Au siècle des Lumières, certains commerçants havrais s’enrichissent au moyen du commerce triangulaire, tels les Boivin, les
Foäche, les
Begouën.
Le Brésil dont les côtes sont divisées en capitainerie, XVIII
e siècle
Bibliothèque municipale du Havre, CP CH 112 (Collection cartographique
Rémi Chardey)
:
Ed. Corbière,
Elégies brésiliennes, suivies de poésies diverses et d’une notice sur la traite des Noirs, 1823
BnF, département Littérature et art, Ye-19088
Au XIX
e siècle, la première ligne maritime entre Le Havre et Rio de Janeiro est inaugurée, faisant de la ville le principal port d’embarquement pour les voyageurs européens souhaitant faire commerce ou compléter leurs études au Brésil. C’est de là que part la mission artistique française invitée par le roi portugais Jean VI à Rio en 1815. On trouve aussi sur ses quais de nombreux candidats au départ pour New York, Buenos Aires, Valparaiso, comme le retracent les archives du Commissariat au Havre de l’administration de l’émigration. Sur les voiliers sont chargés, avec les passagers, des articles de luxe, notamment de mode, ainsi que des pacotilles. Plusieurs clippers construits au Havre, surnommés les « hirondelles de Rio » portent des
noms rappelant leur destination :
L’
Impératrice du Brésil, le
Paulista, le
Carioca…
Selon l’historien
Sergio Buarque de Holanda, 3800 Français sont présents à Rio en 1834, qui constitue le groupe d’étrangers le plus important après les Portugais. Côté français, le café brésilien domine parmi les cargaisons qui entrent au port du Havre, à la faveur de sa
consommation en croissance continue.
Café, table de parité entre le Brésil, le Havre, Anvers, New York, Londres, la Hollande, Hambourg, Gênes et Trieste : prix... et statistiques, 1922.BnF,
département Sciences et techniques, 8-V PIECE-20812
Léon Regray, Brésil, café 1934, société d’études économiques havraise, 1934
BnF, département Sciences et techniques, 8-S-19506
Au XIXe siècle, Le Havre est aussi le principal port baleinier français, qui déploie son activité tout d’abord en Atlantique Sud, puis, après la raréfaction de l’espèce dans ces zones, dans le Pacifique.
"A bord du baleinier l'Héva baleinier havrais, Ile Sainte Catherine", 1834 : dessin.
Bibliothèque municipale du Havre, DES 129
Enfin, aux échanges commerciaux avec le Brésil, s’ajoute en 1982 une dimension architecturale d’envergure, avec l’inauguration de la maison de la Culture rénovée,
le Volcan, construite par l’architecte brésilien en exil, Oscar Niemeyer. Et Le Havre abrite alors des réminiscences de Brasilia en son centre.
Josephin Ritschel, Façade d'un immeuble de la place Niemeyer, Le Havre, 2016
Bibliothèque municipale du Havre, DES 125 (7)
Pour aller plus loin
- Site France-Brésil de la BnF, Ilda Mendes dos Santos, "La terre de Gonneville"
- Site France-Brésil de la BnF, Ilda Mendes dos Santos, "A propos de Villegagnon"
- Site France-Brésil de la BnF, Iris Kantor, "L’école cartographique de Dieppe"
- Billet de blog Gallica BnF, Isabelle Le Pape, "Oscar Niemeyer, un architecte au service du style international"
- Archives municipales du Havre, "Le Havre, un port négrier"
- Archives départementales du Havre, "Immigrés et émigrés en Seine-Maritime"
- Nutrisco, carte interactive du Havre
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