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La bardane

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La bardane est une plante très attachante. Les petits crochets de ses fruits se fixent dans tout vêtement ou pelage passant à proximité. L’inventeur du Velcro s’en est inspiré, voyant ces fruits accrochés aux poils de son chien.

Leonhart Fuchs, De historia stirpium commentarii insignes, Bâle, 1542

La bardane (Arctium lappa, et anciennement connue comme Lappa major) appartient à la famille des Astéracées comme l’absinthe ou la pâquerette. Arctium vient du grec « arktos » (ours), qui renvoie à l’aspect hirsute du fruit. Bardane dérive du latin « dardana », en lien avec le germanique « daroth » (dard). Quant à Lappa, il provient du grec « lambano » (attraper) car les fruits de la bardane s’accrochent à tout. En France, elle est aussi connue sous les noms de glouteron, herbe aux pouilleux, herbe aux teigneux, oreille de géant, chou d’âne, bouillon noir, napolier, etc.

Matthaeus Platéarius, Livre des simples médecines, ou Herboriste ; en français, par ordre alphabétique, 16ème siècle

La plante est bisannuelle : la première année, elle déploie de grandes feuilles basales ; l’année suivante, de plus petites feuilles apparaissent, couvertes de poils. La tige, striée, peut atteindre deux mètres de hauteur. Sous terre, sa racine pivotante mesure un demi-mètre. Ses fleurs violettes forment des capitules dont les bractées se terminent par de petits crochets qui s’accrochent aux animaux de passage. Les fruits sont des akènes surmontés d’une aigrette. Originaire d’Eurasie, la bardane est commune. Elle pousse sur les bords des chemins, les terrains vagues, les friches et aime les terrains calcaires.

Georg Christian Oeder, Icones plantarum sponte nascentium in regnis Daniae et Norvegiae, in ducatibus Slesvici et Holsatiae et in comitatibus Oldenburgi et Delmenhorstiae. Volume 4, Copenhague, 1777

L’utilisation de la bardane est attestée depuis le Mésolithique. Elle constitue l’un de nos plus anciens remèdes. Connue des auteurs antiques, le capitulaire carolingien De Villis recommande de la cultiver. Elle était employée pour traiter les maladies de peau, la goutte, les calculs, les tumeurs ou même, prétend-on, la syphilis d’Henri III. Froisser et appliquer une de ses feuilles sur une piqûre d’insecte en apaise la douleur. Le pétiole de ses feuilles est consommé comme les côtes de bette ; les jeunes tiges se préparent crues ou cuites. La racine constitue un légume populaire au Japon sous le nom de gobo. Des variétés cultivées donnent des racines plus grosses que les racines sauvages. La racine torréfiée a également fourni un succédané de café. La plante donne aussi un engrais riche en potasse.

Philippe Eberhardt, Les plantes médicinales et leurs propriétés, 1927

Son fruit à crochets a donné lieu à l’un des plus célèbres exemples de biomimétisme, c’est-à-dire de solutions techniques tirées de l’observation de la nature. De retour de la chasse, l’ingénieur suisse George de Mestral constate en effet que les crochets de la bardane se prennent dans les fibres de ses vêtements et les poils de son chien. Il en reproduit la disposition avec deux parties, une pourvue de fibres dressées et terminées en crochet, et l’autre sous la forme d’un velours dans lequel les crochets viennent se fixer. Le Velcro était né !

Jean Bourdichon, Grandes Heures d’Anne de Bretagne, 1503-1508

Pour aller plus loin

Redécouvrez les graines voyageuses en feuilletant la sélection Botanique du parcours Gallica La Nature en images.

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