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L'Arc de Triomphe dans tous ses états

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28 septembre 2021

L’Arc de Triomphe est revenu dans l’actualité avec le projet voulu par Christo et Jeanne-Claude et réalisé par leurs équipes, L’Arc de Triomphe, Wrapped, Paris (1961-2021), visible jusqu’au 3 octobre prochain. Une petite exploration dans Gallica permet de retrouver de surprenantes images d’un monument associé aux commémorations les plus solennelles de l’Etat.

 
Invention romaine pour honorer le retour des troupes victorieuses, l’arc de triomphe doit attendre le règne de Louis XIV pour redevenir un élément architectural d’importance avec l’érection de la porte Saint Denis par l’architecte Jacques-François Blondel. Menacée militairement, la Première République envisage à son tour la construction d’arcs monumentaux pour glorifier ses armées, comme celui proposé par Philibert Moitte en 1795 célébrant « courage, vigilance, sagesse » et « force ». Mais c’est évidemment Napoléon qui le 18 février 1806 signe le décret d’érection du plus grand des arcs de triomphe, dont l’emplacement définitif, barrière de l’Étoile, ne sera d’ailleurs déterminé que quelques mois plus tard, conclusion logique des projets d’aménagements des Champs-Elysées initiés par François de Neufchâteau sous le Directoire. La première pierre est posée le 15 août 1806 jour anniversaire de Napoléon.

Conduits par les architectes rivaux Jean-François Chalgrin et Jean-Arnaud Raymond, puis après éviction de ce dernier par Chalgrin seul, les travaux ne sont pas achevés au moment du mariage de Napoléon et Marie-Louise d’Autriche, obligeant le couple impérial à défiler sous une copie grandeur nature de bois et de toile peinte censée évoquer le futur bâtiment.
 
Louis-Robert Goust, successeur de Jean-François Chalgrin, parvient après huit ans d’interruption à assurer sous la Restauration la continuité d’un projet qui accumule les ajustements architecturaux et budgétaires, jusqu’à ce que Louis Philippe admette en 1830 le retour aux intentions primitives du bâtiment, c’est-à-dire la glorification des armées de l’Empire. Les travaux s’accélèrent dès lors sous la direction de Guillaume Abel Blouet et aboutissent à son inauguration le 29 juillet 1836.

 
Le monument a peu changé depuis, malgré l’achèvement définitif de la place de l’Etoile en 1868. On notera que les différentes tentatives de couronnement du bâtiment par des groupes de statues n’ont jamais abouties. Celles que l’on aperçoit sur les gravures et photographies anciennes, y compris lors des funérailles nationales de Victor Hugo, n’ont jamais été que des maquettes de projets non retenus. Cet hommage à l’auteur des Misérables fut d’ailleurs l’occasion d’un voilage noir en signe de deuil.

 
Curieusement, dans Choses vues, Victor Hugo s’était déjà gaussé en 1840 des simulacres de statues couronnant l’Arc lors des funérailles de Napoléon. On notera que l’œuvre d’Hugo croise à plusieurs reprises celle du monument : en poésie il le glorifie dans Odes et ballades et surtout les Voix intérieures. De façon plus anecdotique, dans les Misérables, il fait se cacher Gavroche dans la fontaine éléphant de la Bastille, qui n’est autre qu’une maquette grandeur nature du projet initialement prévu pour la place de l’Etoile, avant que l‘Empereur n’opte définitivement pour l’Arc.
 

 
Après 1918, le monument est associé de manière indissoluble à la commémoration de l’Armistice du premier conflit mondial. Un cénotaphe évoquant la guerre sera brièvement érigé sous les arches.
 

 

L’adjonction en janvier 1921 de la dalle funéraire du soldat inconnu et sa flamme éternelle en fait le passage obligé des représentants des gouvernements étrangers venus rendre hommage aux victimes de la guerre.
 

 

 

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