Le Blog
Gallica
La Bibliothèque numérique
de la BnF et de ses partenaires

Jean Thiriot, premier architecte de la BnF

0
24 janvier 2019

Au cœur du deuxième arrondissement, entre la rue Richelieu et la rue Vivienne, un ancien palais princier abrite depuis trois siècles les collections de la Bibliothèque nationale de France. Découvrez l’histoire de ce site à travers des documents méconnus disponibles sur Gallica.

L'hôtel Duret de Chevry, dit hôtel Tubeuf, construit par Jean Thiriot. - Gravure Jean Marot, XVIIe s. (détail).

Le 24 janvier 1649 mourait Jean Thiriot, ingénieur et architecte des bâtiments du roi. Si de grands noms d’architectes tels que Le MuetRobert de Cotte, ou encore Labrouste, sont attachés à l’histoire de la Bibliothèque nationale de France, peu de gens se souviennent que Thiriot fut le premier architecte des bâtiments qu’occupe aujourd’hui l’institution. Voici un retour sur la genèse du palais Mazarin, avant que le cardinal n’en prenne possession.

 
Né en Lorraine en 1590, Jean Thiriot fut formé par son père au métier de tailleur de pierre. A la mort de ce dernier en 1626, il monte à Paris et participe à des chantiers aux côté de Salomon de Brosse et Clément II Métezeau, travaillant notamment au Palais du Luxembourg. Se distinguant dans son travail, il se voit confier des chantiers pour de grands notables. L’un d’eux s’appelle Charles Duret de Chevry, président de la Chambre des Comptes, intendant puis contrôleur général des Finances.
 

Duret de Chevry possède la terre de La Grange du Milieu à Yerres, dans l’Essonne. Il confie en 1617 le soin à Jean Thiriot de lui construire, à l'emplacement d'une ferme fortifiée, le château de La Grange-du-Milieu. Probablement satisfait de cette première réalisation, il lui confie un second chantier en 1618, à Paris cette fois : l’Hôtel Duret de Chevry, toujours visible au n°8 rue du Parc-Royal et qui abrite aujourd’hui l’Institut historique allemande.
Jean Thiriot mène alors une florissante carrière, réalisant de nombreux hôtels à Paris ou de petits châteaux en Île-de-France.  Associé souvent à de grands architectes sur des projets importants, il s’illustre avec Clément II Métezeau dans la construction de la digue de La Rochelle lors du siège de la ville en 1628, qui conduit à sa reddition.
 

Après cet épisode, il travaille pour le cardinal de Richelieu au château de Reuil, puis à la Sorbonne, ainsi qu'à la ville nouvelle de Richelieu, devenant en 1637 entrepreneur des bâtiments de son éminence. L’année suivante, il obtient le titre d’ingénieur et architecte des bâtiments du roi.
A l’apogée de sa carrière et peu avant de recevoir ces titres, Jean Thiriot est à nouveau sollicité par Charles Duret de Chevry. Celui-ci lui confie la conception et la réalisation, d’un hôtel particulier, rue des Petits-Champs, juste derrière le palais Cardinal (actuel palais Royal).
 

 Les travaux débutent en 1635, mais Chevry décède l’année suivante et son fils prend la relève. Le projet initial prévoyait, selon l’usage médiéval parisien, un hôtel entre cour et jardin avec un corps de logis flanqué de deux ailes sur cour. Ces deux ailes, prévues à un niveau, seront finalement dotées d’un étage. Thiriot les complète donc par deux pavillons surmontés de petits dômes qui abritent les escaliers permettant de les desservir. Les escaliers permettent également un accès à la terrasse disposée au-dessus du portail d’entrée.
 

Avant même la fin des travaux, Charles II Duret de Chevry décide de vendre l’hôtel à Jacques Tubeuf, intendant et contrôleur général des finances, qui lui laissera son nom. Thiriot termine les travaux pour le compte de ce dernier en aménageant les intérieurs. En 1643, Tubeuf loue son hôtel fraichement achevé à un certain Mazarin, qui aura tôt fait de compléter l’œuvre de Thiriot en lui ajoutant de nombreuses dépendances, transformant l’hôtel particulier en véritable palais.
 

En 1640, Thiriot travaille sur le clocher de l’église Saint-Honest d’Yerre, et sur la construction de trois chapelles, dont la chapelle du Rosaire. C’est dans cette même chapelle qu’il sera inhumé après sa mort, le 24 janvier 1649.
L’hôtel de Thiriot a connu de nombreuses modifications. Dès le XVIIIe siècle, Mollet remplace le portail, qui sera ensuite à nouveau transformé et laissera place à des grilles sous Labrouste. L’intérieur est modifié dès l’époque de Mazarin : le grand escalier central situé au milieu du logis étant jugé mal commode, il est déplacé.
 

Avec les travaux de Labrouste, puis de Roux-Spitz au XXe siècle, on ne saurait guère retrouver l'œuvre de Thiriot à l’intérieur des murs. Cependant, malgré les modifications et les restaurations, l’édifice demeure un bel exemple architectural du premier XVIIe siècle à Paris. On pourra à nouveau pleinement apprécier l'hôtel de Jean Thiriot à l’issue des travaux de rénovation du site Richelieu, en 2021.

---
Pour aller plus loin :
Richelieu. Quatre siècles d'histoire architecturale au cœur de Paris, dir. Aurélien Conraux, Anne-Sophie Haquin et Christine Mengin, BnF Éditions/INHA, 2017.

Découvrez également une sélection de documents sur l'histoire de la Bibliothèque nationale de France et sur l'architecture dans les "Gallica vous conseille" qui leur sont consacrés.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.