Jean Thiriot, premier architecte de la BnF
Au cœur du deuxième arrondissement, entre la rue Richelieu et la rue Vivienne, un ancien palais princier abrite depuis trois siècles les collections de la Bibliothèque nationale de France. Découvrez l’histoire de ce site à travers des documents méconnus disponibles sur Gallica.
Le 24 janvier 1649 mourait Jean Thiriot, ingénieur et architecte des bâtiments du roi. Si de grands noms d’architectes tels que Le Muet, Robert de Cotte, ou encore Labrouste, sont attachés à l’histoire de la Bibliothèque nationale de France, peu de gens se souviennent que Thiriot fut le premier architecte des bâtiments qu’occupe aujourd’hui l’institution. Voici un retour sur la genèse du palais Mazarin, avant que le cardinal n’en prenne possession.
Duret de Chevry possède la terre de La Grange du Milieu à Yerres, dans l’Essonne. Il confie en 1617 le soin à Jean Thiriot de lui construire, à l'emplacement d'une ferme fortifiée, le château de La Grange-du-Milieu. Probablement satisfait de cette première réalisation, il lui confie un second chantier en 1618, à Paris cette fois : l’Hôtel Duret de Chevry, toujours visible au n°8 rue du Parc-Royal et qui abrite aujourd’hui l’Institut historique allemande.
Jean Thiriot mène alors une florissante carrière, réalisant de nombreux hôtels à Paris ou de petits châteaux en Île-de-France. Associé souvent à de grands architectes sur des projets importants, il s’illustre avec Clément II Métezeau dans la construction de la digue de La Rochelle lors du siège de la ville en 1628, qui conduit à sa reddition.
Après cet épisode, il travaille pour le cardinal de Richelieu au château de Reuil, puis à la Sorbonne, ainsi qu'à la ville nouvelle de Richelieu, devenant en 1637 entrepreneur des bâtiments de son éminence. L’année suivante, il obtient le titre d’ingénieur et architecte des bâtiments du roi.
A l’apogée de sa carrière et peu avant de recevoir ces titres, Jean Thiriot est à nouveau sollicité par Charles Duret de Chevry. Celui-ci lui confie la conception et la réalisation, d’un hôtel particulier, rue des Petits-Champs, juste derrière le palais Cardinal (actuel palais Royal).
Les travaux débutent en 1635, mais Chevry décède l’année suivante et son fils prend la relève. Le projet initial prévoyait, selon l’usage médiéval parisien, un hôtel entre cour et jardin avec un corps de logis flanqué de deux ailes sur cour. Ces deux ailes, prévues à un niveau, seront finalement dotées d’un étage. Thiriot les complète donc par deux pavillons surmontés de petits dômes qui abritent les escaliers permettant de les desservir. Les escaliers permettent également un accès à la terrasse disposée au-dessus du portail d’entrée.
Avant même la fin des travaux, Charles II Duret de Chevry décide de vendre l’hôtel à Jacques Tubeuf, intendant et contrôleur général des finances, qui lui laissera son nom. Thiriot termine les travaux pour le compte de ce dernier en aménageant les intérieurs. En 1643, Tubeuf loue son hôtel fraichement achevé à un certain Mazarin, qui aura tôt fait de compléter l’œuvre de Thiriot en lui ajoutant de nombreuses dépendances, transformant l’hôtel particulier en véritable palais.
En 1640, Thiriot travaille sur le clocher de l’église Saint-Honest d’Yerre, et sur la construction de trois chapelles, dont la chapelle du Rosaire. C’est dans cette même chapelle qu’il sera inhumé après sa mort, le 24 janvier 1649.
L’hôtel de Thiriot a connu de nombreuses modifications. Dès le XVIIIe siècle, Mollet remplace le portail, qui sera ensuite à nouveau transformé et laissera place à des grilles sous Labrouste. L’intérieur est modifié dès l’époque de Mazarin : le grand escalier central situé au milieu du logis étant jugé mal commode, il est déplacé.
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Pour aller plus loin :
Richelieu. Quatre siècles d'histoire architecturale au cœur de Paris, dir. Aurélien Conraux, Anne-Sophie Haquin et Christine Mengin, BnF Éditions/INHA, 2017.
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