La Correspondance au temps des Lumières
Dans le cadre du projet européen "Rise of literacy", le blog Gallica vous propose une série de billets sur la naissance de l’Europe des savoirs. Aujourd'hui, nous vous invitons à (re)découvrir la correspondance au temps des Lumières.
Au XVIIIe siècle, la correspondance fait partie de la vie sociale des élites à l’instar des cafés, salons et clubs. Prolongement des conversations qui se tenaient dans les Salons, elle est un espace de liberté et de complicité intellectuelle, où l’intime côtoie les spéculations intellectuelles.
La Correspondance de Madame du Deffand
Brillante intellectuelle, Madame du Deffand (1697-1780) ouvrit en 1740 un salon où aristocrates et élites du monde des lettres, des sciences et des arts de l’Europe se retrouvaient.
Portrait de Madame du Deffand assise dans son " Tonneau "
Cette femme en dépit de son caractère orgueilleux et cynique, rongée par l’ennui, poursuivait les conversations qui se tenaient dans son salon tapissé de moire bouton d’or par une correspondance avec les beaux esprits de son temps.
Le style de Madame du Deffand est vif, alerte ; elle a le sens du portrait et de la formule et ses écrits peuvent être acerbes, à l’instar du portrait qu’elle fit d’Emilie du Châtelet, mathématicienne et physicienne aimée de Voltaire, ou de ses propos envers les Encyclopédistes et J.-J. Rousseau.
On compte parmi les destinataires et émetteurs de ces lettres de nombreuses personnalités : la duchesse du Maine, mesdames de Choiseul et de Staël, le Président Hénault, le marquis d'Argens, Montesquieu et d'Alembert. Sa relation épistolaire avec Voltaire qui, pendant près de 50 ans, entremêla témoignages d’amitié et échanges intellectuels, est la plus célèbre avec celle qu’elle partagea avec Horace Walpole. C’est à l’âge de 68 ans que Madame du Deffand, qui abhorrait les emportements romanesques, les lettres d’Abélard et Héloïse et les Lettres portugaises, s’éprit de ce comte britannique de vingt ans son cadet. La correspondance de la salonnière et de l’auteur du roman gothique Le Château d’Otrante fut éditée à Londres en 1810, puis à Paris en 1812.
La publication de la correspondance complète de Madame du Deffand répond au vœu émis par le Président Hénault dans ses Mémoires « Il serait bien à souhaiter que ce qu’elle a écrit ne fût pas perdu : Mme de Sévigné ne serait pas la seule à citer. »
L’intelligence et les dons de conversation de Madame du Deffand fascinèrent ses contemporains et son brillant esprit et son salon était connu, notamment grâce à la Correspondance littéraire de Grimm, dans toute l’Europe.
Lettres de Voltaire et Rousseau adressées à Panckoucke
En 1828, Charles-Louis-Fleury Panckoucke, éditeur de la deuxième édition de la Description de l’Egypte, publie les lettres que Voltaire et Jean-Jacques Rousseau ont adressées à son père Charles-Joseph Panckoucke.
C.-J. Panckoucke est connu pour être l’éditeur de l'Encyclopédie méthodique, du Mercure de France (juin 1778-1791) et du Moniteur universel qui eurent un rôle essentiel dans la diffusion des connaissances au XVIIIe siècle. Les lettres de Voltaire et Rousseau évoquent notamment l'actualité de l'édition, la vie intellectuelle et le projet de publication d'une suite de l'Encyclopédie que Denis Diderot a suggéré à C.-J. Panckoucke. Cette correspondance témoigne aussi de l'amitié des deux philosophes pour l'éditeur.
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