L'amour se met à table

Menu de mariage, Paris, 4 juillet 1893, M I-495

Menus de mariage bien sûr, mais aussi de fiançailles, d'enterrement de vie de garçon, ou encore d'anniversaire de mariage, ils font l'objet de trois rubriques dans notre outil de recherche dédié.

Des couples mignons,
Menu d'enterrement de vie de garçon, Vermenton, 8 juillet 1912, M II-2350
et Menu de mariage, 18 avril 1949, M I-2442

En accompagnant systématiquement certains moments de notre vie, le menu, initialement objet-souvenir, devient source utile à de nombreux domaines de la recherche, de l'histoire de la cuisine et de la gastronomie à la sociologie, en passant par l'histoire de l'illustration, de l'image, des modes et des goûts d'une époque...
A travers les menus des mariages et des cérémonies qui y sont associées des années 1860 à 2010, c'est le couple et sa représentation sociale ou sa dimension intime que l'on voit évoluer.
De nombreux menus ne sont pas illustrés ou le sont sans qu'il y ait un lien avec l'occasion du repas. Mais quand ils le sont, le Gallicanaute y trouvera souvent des informations sur la période et/ou les protagonistes de la fête.

Des couples regardant dans la même direction
Menu d'anniversaire de mariage, 1955, M II-1757
et Menu de mariage, 22 juillet 1937, M III-1117

Les mariés sont très tôt présents en photographie sur les menus, photographie découpée et collée pour commencer puis directement imprimée. Souvent séparés dans deux médaillons différents au 19^e siècle et la plupart du temps extrêmement sérieux, les futurs époux se rapprocheront et se détendront à mesure que le temps passe, jusqu'à sourire et à se présenter côte à côte.

Des couples parfaits
Menu de mariage, 14 juin 1900, M II-966
et Menu de mariage, 9 juin 1947, M II-3009

Les imprimeurs proposent aussi nombre de modèles où figure le dessin stéréotypé d'un couple idéal tel que la société du temps se le représente : souvent devant le porche ou sur les marches de l'église, les époux sont toujours beaux et élégants. La fibre historique est aussi souvent utilisée comme sur ce menu ou celui-là. Quant au mariage civil devant monsieur le maire, comme sur ce menu de 1908, il apparaît rarement.

Les symboles de l'union
Menu d'un double mariage, Anvers, 10 février 1866, M IV-142

Ce sont aussi les symboles de l'amour, de l'union, de la durée et de la chance qui ornent les menus : initiales entrelacées, alliances, petits amours, trèfles, fleurs de muguet, cornes d'abondance, autant d'heureux présages d'une vie familiale réussie.

Quand les familles font leurs menus elles-mêmes, le support se révèle souvent plus joyeux et bon enfant comme lors de cette noce de 1900, où la notion de fête l'emporte sur les convenances sociales.

Le défilé de la noce
Le défilé de la noce, menu de mariage, 20 novembre 1943, M I-1239

Enfin, certains n'échappent pas au mauvais goût - que l'on croira difficilement involontaire - comme ce menu de mariage qui met sous le nez des convives un clystère ou ce menu de fiançailles dont le faisan a la même corde au cou que le marié de ce menu plus tardif à l'humour franchement assumé !

Des couples bizarres ?
Menu de noces d'argent, 25 décembre 1936, M III-2231

Parmi ces centaines de menus, encore aucun menu de cérémonie de PACS (pacte civil de solidarité), aucun menu de mariage homosexuel, aucun menu de cérémonie explicitement non chrétienne, bref un manque dans un fonds qui se voudrait représentatif d'une époque. D'où l'idée d'une grande collecte afin de susciter des dons sur ce type de documents. Et comme cette collecte sera faite sous l'égide des rencontres littéraires Clameur(s), les menus d'amour des auteurs, libraires, éditeurs, imprimeurs, typographes et autres traducteurs seront les bienvenus ! Plus d'information sur le blog Happy Apicius.

Caroline Poulain, en charge du patrimoine à la bibliothèque municipale de Dijon
 

Avant le couple
Menu d'enterrement de vie de garçon, 9 janvier 1930, M II-1961