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L’Hôtel-Dieu, un hôpital millénaire au cœur de Paris

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28 avril 2020

En hommage au personnel soignant mobilisé face au coronavirus, Gallica propose un série de billets dédiés à l’histoire des hôpitaux parisiens. Medica est l'invitée du jour et nous fait découvrir l'Hôpital Hôtel-Dieu.

Le Pont au Double, l'Hôtel-Dieu et le Petit Châtelet

Situé sur l’île de la Cité dans le IVe arrondissement de Paris, fondé au VIIe siècle, l'Hôtel-Dieu est le plus ancien hôpital de la capitale. Si jusqu’à la fin du XIXe siècle il n’a eu de cesse d’évoluer – oscillant entre destructions et reconstructions – celui-ci a gardé tout au long de son histoire sa fonction première de soins et d’assistance.

L’Hôtel-Dieu a été fondé en 651 par l’évêque Saint Landry sous le règne de Clovis II. Ses bâtiments sont alors situés à l’angle nord-est de l’actuel parvis de Notre-Dame et servent de refuge aux plus démunis et aux malades. En 1165, de nouvelles constructions sont entreprises par Maurice de Sully, évêque de Paris. Les édifices anciens sont détruits et l’Hôtel-Dieu, que l’on appelle alors la « Maison Dieu de Paris », est reconstruit sur la rive, le long de l’actuelle promenade Maurice-Carême. Les bâtiments s’étendent alors jusque devant le portail sud de la cathédrale Notre-Dame. Cet ensemble ne cesse de s’agrandir au bon vouloir de nombreuses donations et est administré par l’Église jusqu’au XVIe siècle.


Vue intérieure des salles de l'Hôtel-Dieu au XVIe siècle

Par la suite, l’Hôtel-Dieu connaît une crise financière considérable, ce qui pousse le pouvoir royal à intervenir progressivement dans son administration. Le XVIe siècle est marqué également par un profond changement dans le regard que porte la société sur la pauvreté : les plus démunis sont marginalisés et considérés comme une menace pour le reste de la société. En conséquence, les lieux à vocations sanitaire et sociale se dégradent considérablement.

À partir du XVIIe siècle, pour remédier à la surpopulation de l’Hôtel-Dieu suite à l’épidémie de peste de 1605 à 1606, Henri IV crée l’hôpital Saint-Louis. Progressivement, l’Hôtel-Dieu s’étend sur la place du Parvis et sur la rive gauche jusqu’à la rue Galande. En 1656, le pouvoir royal crée l’Hôpital général dans le cadre d’une politique répressive, visant à cesser la progression de la mendicité, du vagabondage et de la prostitution. Les établissements dépendants de cette nouvelle structure – la Pitié, la Salpêtrière ou encore Bicêtre – sont alors des lieux de réclusions pour les plus pauvres. L’Hôtel-Dieu préserve néanmoins ses missions de soins des malades et accueille toujours les plus démunis.

Entre 1718 et 1772, l’Hôtel-Dieu est en proie à plusieurs incendies successifs. Par conséquent, son utilité publique, sa situation géographique – au cœur de Paris – et l’étendue de ses bâtiments sont régulièrement remis en cause. En 1768, Voltaire écrit dans une lettre à Paulet : « Vous avez dans Paris un Hôtel-Dieu où règne une contagion éternelle, où des malades entassés les uns sur les autres se donnent réciproquement la peste et la mort ».  Louis-Sébastien Mercier en 1782 dans son Tableau de Paris décrit les problèmes d’hygiène de l’Hôtel-Dieu liés aux conditions d’ensevelissement des corps, qui participeraient à la propagation massive des maladies.

En 1788, Jacques-René Tenon (1724-1816), évoque l’Hôtel-Dieu dans ses Mémoires sur les hôpitaux de Paris en ces termes : « Il n'est pas dans l'univers, de maison de malades qui, aussi importante par sa destination, soit cependant par ses résultats, aussi funeste à la société ». À la suite de l’incendie de 1772, plusieurs projets de construction sur d’autres sites que l’île de la Cité sont suggérés, mais l’Hôtel-Dieu garde finalement sa situation au cœur de Paris, et seule une amélioration des bâtiments existants est effectuée.


Plan de l'Hôpital-Dieu de Paris
,1805, © BIU Santé, Paris

Entre 1837 et 1865, certaines parties les plus anciennes sont détruites, et l’on reconstruit de nouvelles annexes : les bâtiments s’étendent alors vers la rue de la Bûcherie et sur le parvis de Notre-Dame. En 1865 la reconstruction complète de l’Hôtel-Dieu est déclarée d’utilité publique. Ce chantier - effectué sous la conduite d’Emile Jacques Gilbert (1793-1874) et Arthur-Stanislas Diet (1827-1890) entre 1867 et 1879 - s’inscrit dans celui, plus vaste, de modernisation de la capitale française mené par Napoléon III et le préfet de la Seine Georges-Eugène Haussmann. Les anciens bâtiments situés sur l’île de la Cité sont entièrement détruits. Ceux présents sur la rive gauche de la Seine servent durant quelques années d’annexes au nouvel Hôtel-Dieu, avant d’être détruits en 1909.

Depuis sa construction, l’édifice du XIXe siècle n’a fait l’objet d’aucune modification extérieure, seule l’intérieur a été régulièrement modifié pour répondre aux exigences sanitaires de la médecine moderne. En mai 2019, l’AP-HP décide de dédier un tiers de sa surface du bâtiment à l’accueil de commerces et d’entreprises liés à la santé, rompant ainsi avec la longue histoire de l’Hôtel-Dieu, qui avait jusque-là consacré l’ensemble de ses missions à l’accueil et aux soins des malades.

Anne-Laure Huet, BIU Santé

Pour aller plus loin
Voir la section dédiée aux hôpitaux parisiens dans les Sélections consacrées à l'Histoire de Paris.
Voir la page sur l'hôpital Hôtel-Dieu dans les mêmes Sélections.

Commentaires

Soumis par Nadia Marguerit... le 21/09/2021

Bonjour,

Merci pour votre commentaire. La date de cette image n'est pas indiquée car elle n'est pas précisément connue. Elle a été éditée dans le courant du 18e siècle.

Bien cordialement,

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