Le marronnier d'Inde
Le marronnier d’Inde forme, avec le platane, des alignements urbains si familiers qu’on en oublie les origines. En effet, il ne vient pas d’Inde et il ne faut pas confondre ses marrons d’Inde avec les savoureux marrons, chauds ou glacés, tirés du châtaignier.
Le marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum) est originaire des montagnes de Macédoine, bien loin du sous-continent indien. Il doit son nom à son fruit appelé marron d’Inde par analogie au marron, fruit provenant du châtaignier. Ce dernier produit des bogues rassemblant trois fruits. Quand le fruit central occupe toute la place par avortement de ses deux voisins, il est qualifié de marron et consommé sous cette appellation. Le châtaignier appartient à la famille des Fagacées comme le hêtre et le chêne tandis que le marronnier d’Inde a donné son nom à la famille des Hippocastanacées. Son nom latin Aesculus signifie « chêne »,et hippocastanum « châtaigne de cheval », du fait qu’il servait à soigner les chevaux. Un de ses noms communs est ainsi « châtaignier-de-cheval ».
Le genre Aesculus compte d’autres espèces comme le pavier de Californie (Aesculus californica) ou le marronnier à fleurs rouges (Aesculus x carnea), Certaines espèces sont ornementales comme le marronnier de l’Himalaya (Aesculus indica).
Eugène Grasset, La plante et ses applications ornementales, Paris, 1896
Le marronnier d’arbre est un arbre à croissance rapide, qui peut atteindre trente mètres de haut. Ses grandes feuilles palmées sont formées de cinq à sept folioles dentées. Ses fleurs sont regroupées en grappes odorantes et sont tachées de rouge et de jaune. Elles donnent de grosses capsules épineuses contenant d’un à trois grosses graines appelées marrons d’Inde qui parsèment à l’automne les allées urbaines et les cours d’école.
Traité des arbres et arbustes que l'on cultive en France. Tome 2, Paris, 1804
Originaire du sud des Balkans, le marronnier d’Inde y pousse dans des forêts mêlées de feuillus, en zone fraîche et humide, sur des sols riches, calcaires ou alluvionnaires. Il apprécie les expositions ensoleillées. Planté dans les parcs et jardins, il y est exposé à la pollution urbaine, au chancre bactérien et à la mineuse. Introduit en Europe à la Renaissance, il est présent à Paris depuis 1615.
Le marron d’Inde est utilisé dès le 18e siècle pour traiter bronchites, vertiges ou migraines. Il était recommandé d’en porter sur soi pour prévenir les rhumatismes, les lombalgies, la goutte ; il renforce les capillaires sanguins, tandis que l’écorce des jeunes arbres est fébrifuge. Les fruits contiennent des saponosides qui moussent, permettant de les utiliser pour le shampooing ou pour laver des laines foncées. Son bois, mauvais combustible, sert pour fabriquer du contreplaqué, des caisses d’emballage ou former l’intérieur des meubles ; il est recommandé pour la pyrogravure. L’écorce contient de l’esculoside, récoltée sur les branches au printemps. Les marrons d’Inde, réduits en farine, donnent de la colle et contiennent de la potasse. Chèvres et porcs en sont très friands. La prochaine fois que vous en croiserez, glissez-en un dans votre poche !
[Papier à motif répétitif], 1803
Pour aller plus loin
Retrouvez les autres arbres d’alignement dans la sélection Botanique du parcours Gallica La Nature en images.
Ajouter un commentaire