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Stephen Ellcock, le Gallicanaute chasseur d'images

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26 septembre 2018

Stephen Ellcock s'est fait connaître depuis quelques années grâce à l'extraordinaire iconographie qu'il partage chaque jour sur les réseaux sociaux. Ce visiteur assidu de Gallica nous parle de ses recherches et de ses projets en cours.

Le miroir historial, de Vincent de Beauvais, Français 50, XVe siècle
 

Bonjour Stephen Ellcock, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis un collectionneur d’images, écrivain et chercheur originaire de Londres, ancien musicien professionnel et libraire (entre autres activités). Aujourd’hui je consacre l’essentiel de mon temps à développer sur Facebook et Instagram un musée virtuel qui ne cesse de grandir et qui est fréquenté aujourd'hui par plus de 280 000 “visiteurs”.

Dans quel contexte avez-vous créé vos comptes sur Facebook et Instagram ? Les utilisez-vous de la même manière ?

Malgré mes réticences, ma soeur a réussi à me convaincre d’ouvrir un compte Facebook alors que je traversais une période difficile, suite à une grave maladie. Dans un premier temps, j’ai trouvé ça extrêmement banal et assez barbant mais progressivement, à force de me faire des contacts intéressants, je me suis laissé séduire et je me suis bientôt retrouvé à consacrer beaucoup de temps et d’argent dans des cafés internet, vu que je n’avais à l’époque pas de PC, d’ordinateur portable ou de smartphone me permettant de me connecter à internet. Après une première année assez peu active, j’ai commencé à percevoir l’immense intérêt d’utiliser Facebook pour animer une sorte de “forum visuel” et j’ai réalisé que très peu de gens l’utilisaient alors de cette manière. Une fois que j’ai commencé à poster des images et que j’ai réalisé que je pouvais créer des albums thématiques contenant autant de visuels que je le souhaitais, plus possible de m’arrêter et, encouragé par les réactions, j’ai poursuivi jusqu’à tout cela prenne une place centrale dans ma vie. J’ai résisté à Instagram pendant plusieurs années mais j’ai finalement succombé et créé un compte il y a 18 mois, j’en suis devenu un utilisateur compulsif. De la même manière, j’étais un peu sceptique au départ mais aujourd’hui je trouve assez stimulantes les contraintes formelles imposées par Instagram. Poster sur Instagram s’apparente pour moi à une sorte d’exercice de “création de motifs”, tandis que mes albums Facebook relèvent davantage d’une forme de récit sans queue ni tête et qui menace à tout moment de sombrer dans le chaos, l’entropie et la redondance.
 

Heures de Marguerite d'Orléans, Latin 1156B, XVe siècle
 

Comment avez-vous découvert Gallica ?

A partir du moment où j’ai commencé à poster régulièrement sur Facebook, passant beaucoup de temps à chercher des contenus sur Tumblr, Pinterest etc. et plus particulièrement quand j’ai commencé à compiler des albums d’images consacrés à mes sujets de prédilection (la cosmologie, les manuscrits enluminés, l'illustrations botanique et scientifique, l’iconographie religieuse, l’eschatologie et l’hagiographie, l’alchimie, les textes magiques et occultes et plus généralement tout ce qui a trait au mystérieux et à l’ésotérique), il est vite devenu évident que Gallica était une ressource incontournable et une mine d’or pour trouver des contenus visuels. Aujourd’hui, j’utilise Gallica plus qu’aucune autre ressource en ligne similaire.

Comment utilisez-vous Gallica pour vos activités de recherche personnelles ? Dans votre vie privée ou au travail ?

J’utilise constamment Gallica à la fois pour des activités de recherche et pour mon propre plaisir (souvent au détriment voire à l’exclusion de mes supposés autres “centres d’intérêt” et “loisirs”).

Comment choisissez-vous les documents iconographiques dans Gallica ? Comment et à quel point les modifiez-vous avant de les poster ?

Sans vouloir tomber dans le charabia ou l’obscurantisme, je me dis souvent que ce sont les images qui me choisissent plutôt que l’inverse. Si j’aime à penser que je suis très rigoureux et discipliné dans mes recherches, je ne compte plus le nombre de fois où je suis tombé sur l’image parfaite par accident, par sérendipité ou alors que je cherchais quelque chose d’autre. Si je n’étais pas d’un naturel sceptique, je serais presque tenté de penser que des forces de l’étrange sont à l’oeuvre ! Je rogne quelques fois des images pour Instagram en particulier mais autrement, je ne modifie presque jamais les images que je poste.

Auriez-vous une anecdote sur un document que vous avez découvert dans Gallica ?

Quand j’ai posté une image de la Bête de l’Apocalypse provenant de Somme le Roi (ou Livre des vices et des vertus par Frère Laurent d’Orléans, BnF, Français 958, fol. 6v ndlr.), c'était au moment de l’investiture de Donald Trump, cela a suscité des critiques considérables et abusives de la part de certains de ses partisans mécontents. Ils ont considéré que c’était délibérément insultant et satirique, que c’était une attaque ad hominem, ce que je trouve assez révélateur. Le fait qu’il y ait une intention délibérément satirique de ma part n’est pas le sujet.
 

Le Livre des vices et des vertus ou Somme le Roi, Français 958, XVe siècle
 

Rencontrez-vous des difficultés particulières durant votre travail de recherche ?

La plupart des difficultés que je rencontre peuvent être attribuées à mon manque de connaissances sur certains sujets, ou encore à mes compétences linguistiques. Il me semble que trouver des images sur l’art africain, sud-américain ou océanien, voire de l’Asie centrale ou du sud, à partir de sources autres que les institutions européennes ou américaines, est toujours assez complexe pour le simple amateur. Il se peut aussi que je cherche simplement aux mauvais endroits.

Quels sont vos projets en cours ?

Je travaille actuellement sur un livre qui, si tout va bien, devrait être publié en septembre 2019. De même, je devrais travailler également sur de nouveaux projets avec certains magazines et avec une collection privée extraordinaire, comportant un nombre significatif d’oeuvres et d’objets d’art. Vous en saurez plus bientôt.

Qui est susceptible de vous aider à trouver de nouvelles sources ?

J’arrive à trouver des nouveaux contenus passionnants à peu près tous les jours, il y en a largement assez pour une vie entière. C’est assez difficile pour moi de résister à la tentation d’errer et d’explorer, j’ai probablement perdu de très nombreux mois (peut-être même des années) de ma vie de la sorte.

Le mot de la fin ?

Deux des principales leçons que j’ai tirées de mes recherches sur la littérature médiévale, les manuscrits et les marginalias sont : 1. Les chatons ont toujours été irrésistibles pour toutes les classes sociales. 2. Les faux-prophètes et les bêtes de l’apocalypse (il y en a beaucoup de couleur orange) ont toujours été parmi nous mais aucun d’entre eux n’a triomphé… pour le moment.

Retrouvez Stephen Ellcock :

Vous aussi vous utilisez Gallica pour un projet qui vous tient à cœur et vous souhaiteriez en parler sur le blog Gallica ? N’hésitez pas à nous contacter à gallica@bnf.fr en mentionnant "Billet Gallicanautes" dans l’objet de votre message.

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