Chien. Spécialement créé pour sauver la vie à son maître. — (Le chien est l’idéal de) L’ami de l’homme, (parce qu’il est son esclave dévoué).
Cette citation, issue du
Dictionnaire des idées reçues de Flaubert montre bien que, plus que tous les autres animaux, le chien est envisagé dans son rapport avec l’homme et caractérisé par sa grande docilité. En effet, contrairement au chat qui,
nous l’avons vu, jouit d’une réputation d’indépendance, celui que l’on désigne souvent par la périphrase « meilleur ami de l’homme », occupe une place spéciale dans les foyers, probablement du fait de sa domestication précoce au cours du Paléolithique. Mais la fidélité et le dévouement qui le caractérisent ne sont pas toujours bien perçus, comme le démontrent les expressions connotées négativement et insultes qui intègrent le nom de l’animal et qui sont encore en usage – N’a-t-on pas peur de mener une
vie de chien ? De mourir
comme un chien ? Ou pire, de ne pas pouvoir bronzer sur les plages à cause d’un
temps d’un chien ?
La langue garde ainsi en mémoire l’histoire heurtée et paradoxale de la relation homme/canidé qui oscille entre affection et détestation. Car si le chien a mérité son statut de meilleur ami par les services rendus à l’homme et sa loyauté à toute épreuve, le comportement des humains à l’égard de leur compagnon à quatre pattes est loin de l’exemplarité – L’homme serait-il donc finalement un loup pour le chien ?
Aussi ces désignations péjoratives – comme l’expression chien de garde - illustrent les différentes fonctions attribuées à l’animal à travers les siècles. Auxiliaire de tous les temps, le chien est tantôt gardien, assistant de chasse ou encore employé pour la traction.
Une amitié éprouvée
Vénéré par les Égyptiens qui lui accordaient un rôle culturel et fonctionnel majeur, le chien est condamné par l’Église catholique voyant en lui l’incarnation du diable, notamment à cause de la rage qu’il pouvait véhiculer.
Si cette mise au ban participe à ternir sa réputation, le chien commence à être conçu comme un objet de prestige par l’aristocratie dès le XIIIe siècle, et devient ainsi un animal d’agrément pendant la Renaissance. Le XVIIIe siècle, inspiré par les théories des Lumières, initie ensuite une forme de sensibilité à l’égard de l’animal et se questionne sur son statut.
Il faut cependant attendre le XIXe siècle pour que le chien soit peu à peu considéré comme un animal de compagnie auquel l’on peut s’attacher : le développement des expositions canines participe notamment de cette « caninomanie ».
Cependant, cet engouement pour l’animal ne fait pas l’unanimité et la croissance du nombre de chiens – se traduisant par des errances qui font renaître la peur de maladies - suscite des exécutions et des mauvais traitements. Comme l’explique
Éric Baratay, les chiens connaissent souvent une fin brutale :
« Lorsqu’ils meurent chez les particuliers, les chiens sont très souvent jetés : dans les rues ou dans les rivières en ville ; dans les bois, les fossés, les gouffres et les étendues d’eau en campagne ».
Le premier cimetière pour animaux n’est créé qu’à la toute fin du XIXe siècle, à Asnières, par Georges Harmois et Marguerite Durand.
La Grande Guerre joue ensuite un rôle décisif dans la représentation de l’animal : les chiens
sanitaires, entraînés pour aider les soldats au combat deviennent de véritables héros. Durant la Seconde guerre mondiale, les chiens ont également été utilisés pour le courrier, le pistage ou encore la détection.
Reconnu comme un « être vivant doué de sensibilité » par le Code civil depuis seulement 2015 au terme d’une longue lutte, le chien est aujourd’hui considéré comme un membre de la famille à part entière. Il n’en demeure pas moins important de protéger ses droits et de veiller à sa protection.
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