Les dessins de Dürer dans Gallica
Conservés à la Réserve du département des Estampes et de la photographie, les dessins de Dürer viennent enrichir les fonds numérisés dans Gallica et s’ajoutent à son œuvre gravé, notamment ses burins, admirables en ligne. La diversité des techniques graphiques employées par Albrecht Dürer est représentée à travers les neuf dessins conservés à la Bibliothèque Nationale de France.
Un croquis illustre les débuts de Dürer : le Couple assis jouant au trictrac et dame jouant aux échecs témoigne de ses années de compagnonnage entre 1492 et 1493. Ce dessin reste assez mystérieux, le jeu représenté demeure inconnu. Une partie du premier dessin a été coupée et un autre dessin collé sur la même feuille.
Certains se comprennent comme des œuvres autonomes, c’est le cas pour la Tête de cerf percée d’une flèche de 1494-1506. L’étude d’après nature de cette tête de cerf est un mélange de technique mêlant le lavis brun et gris, l’aquarelle et quelques rehauts de gouache appliqués au pinceau sur un papier filigrané. Le réalisme, la précision et la délicatesse du trait, le cadrage serré autour de la tête de l’animal, en font un chef d’œuvre d’une qualité exceptionnelle.
Cette feuille a pu servir de modèle pour une gravure au burin, datée de 1502, Apollon et Diane. Cette œuvre révèle également le talent de Dürer pour restituer le monde animal et végétal.
Une adresse qui se perçoit dans l’aquarelle rehaussée de gouache représentant le Moulin aux saules , de 1495-1496, dans laquelle l’artiste excelle à restituer d’un paysage au bord de la Pegnitz, proche de Nuremberg, peint sur la route de son premier voyage en Italie. Les nuances orangées du ciel et la précision des feuillages des arbres sont impressionnants.
L’influence de l’art de l’Italie du Nord se lit dans certains dessins de cette collection. Par exemple, le croquis à la plume et à l’encre brune La Foi de 1495 montre le processus d’inspiration de l’artiste.
En effet, cette figure féminine est inspirée d’un jeu de tarot dit de Mantegna, également numérisé. Trois études préparatoires sont également conservées à la Réserve du département des Estampes.
L’Etude pour une sainte Vierge de 1503 est une peinture à la détrempe sur toile fine. L’artiste a pu observer cette technique en Italie du Nord, notamment dans les œuvres de Mantegna. La facture réaliste de ce portrait de femme blonde rapproche néanmoins cette œuvre de la tradition du portrait germanique.
Les deux dessins Christ enfant tenant une couronne et Trois têtes d’enfants de 1506 sont deux études pour La Fête du Rosaire de 1506 conservé à Prague. Trois têtes de chérubin dessinées au pinceau et à l’encre de Chine sur papier bleu émergent sur un fonds neutre uni de bistre sombre. Cette technique est inspirée de celle des artistes vénitiens qu’il fréquentait pendant son deuxième voyage entre 1505 et 1507.
Enfin, deux études de têtes d’un jeune garçon viennent compléter cette collection. Ce sont des peintures à la détrempe qui couvre une esquisse à la plume sur une toile fine doublée de papier. Les têtes ressortent nettement sur un fond noir. Ces deux toiles sont très soigneusement exécutées. Si ce sont des œuvres préparatoires nous ignorons pour quel tableau elles ont été réalisées. Par leur style et leurs techniques elles se rapprochent de l’Etude pour une Sainte Vierge. Le rendu des modelés et du relief donne une impression de ronde-bosse saisissante.
Le corpus de dessins d’Albrecht Dürer de la Bibliothèque Nationale de France montre une pluralité de techniques graphiques qui transgressent les catégorisations établies, mais également une diversité de thèmes représentés qui bousculent les genres. Ces dessins viennent de la collection de l’Abbé de Marolles, acquise en 1667 par la Bibliothèque royale, acte de naissance du Cabinet des Estampes du roi. La richesse de ces œuvres est maintenant accessible sur Gallica.
Ajouter un commentaire