Le genêt à balais
Du grec ancien saros (balai) et thamnos (buisson), le nom de cet arbrisseau aux fleurs jaunes, Sarothamnus scoparius, tire son origine de l’utilisation très répandue de ses rameaux comme balai.
“Les genêts, doucement balancés par la brise
Sur les vastes plateaux font une houle d’or (...)
Cette fleur toute d’or, de lumière et de soie
En papillons posée au bout des brins menus”
Dans cet extrait du poème Les Genêts, son auteur François Fabié tend à sublimer l’éclatante et abondante floraison caractéristique des genêts. Ces arbrisseaux touffus, exigeants en lumière, apprécient les terrains légers (majoritairement siliceux) et sont largement implantés dans les landes. Leur fleur, typiquement papilionacée, est composée de cinq pétales distincts. Pour la partie supérieure : un étendard dressé au-dessus de deux ailes ; pour la partie inférieure : la carène (composé des deux derniers pétales soudés). Le style, très long, peut être recourbé ou en spirale. Le fruit est une gousse linéaire.
Charles-Louis Gatin, Les arbres, arbustes et arbrisseaux forestiers. 1932. Bibliothèque nationale de France
Bien que les différences entre les espèces soient minimes, les genêts ont été répartis en plusieurs genres : Spartium, avec une seule espèce, le genêt d’Espagne ; Sarothamnus, avec une seule espèce, le genêt à balais ; Cytisus pour les espèces à feuilles trifoliées ; Genista comprenant toutes les autres espèces.
Parmi le genre Genista, mentionnons le genêt des teinturiers (Genista tinctoria) qui possède des feuilles plus claires que le genêt à balais et des fleurs jaunes agglomérées en grappes dressées. Il était autrefois couramment utilisé dans la teinture et le textile (le vert obtenu avec les rameaux et le jaune avec les fleurs).
Le genêt d’Angleterre (Genista anglica), le genêt scorpion (Genista scorpius) et le genêt d’Allemagne (Genista germanica) se distinguent, quant à eux, par la présence d’épines.
Amédée Masclef, Atlas des plantes de France utiles, nuisibles et ornementales : 400 planches coloriées... et un texte explicatif des propriétés des plantes, de leurs usages et applications.... Tome 2. 1891. Bibliothèque nationale de France
Distingué par le botaniste allemand C. F. H. Wimmer, le genêt à balais, Sarothamnus scorpius compose donc à lui seul le genre Sarothamnus. Toutefois, les travaux des botanistes d’aujourd’hui convergent vers une réintégration de l’espèce dans le genre Cytisus.
Amédée Masclef, Atlas des plantes de France utiles, nuisibles et ornementales : 400 planches coloriées... et un texte explicatif des propriétés des plantes, de leurs usages et applications.... Tome 2. 1891. Bibliothèque nationale de France
Le genêt à balais est fréquent dans toute l’Europe et abonde tout particulièrement dans les landes, souvent en compagnie des bruyères. Pouvant atteindre 2 mètres de hauteur, le genêt à balais ne vit que quelques années et atteint sa majorité sexuelle à l’âge de trois ans. Ses rameaux sont verts et quadrangulaires, ses feuilles inférieures sont trifoliées et pétiolées, et simples et sessiles pour la partie supérieure. Ses fleurs, d’un jaune d’or, possèdent un large étendard et s’épanouissent en abondance en mai-juin. Le style, long et recourbé, est tendu comme un ressort, ce qui assure à l’espèce une pollinisation explosive. A l'atterrissage d’une abeille, le dispositif est déclenché et les étamines jusqu'alors bloquées contre les parois internes de la carène sont libérées et l’insecte recouvert de pollen. Plus tard en été et sous l’effet de la chaleur, les gousses du genêt se fendent subitement et projettent les graines à plusieurs mètres à la ronde. Ce phénomène émet un crépitement caractéristique.
Outre l’utilisation du genêt à balais dans la confection de balais, de cordes ou comme bois de chauffe, on lui connaît également des propriétés médicinales. Il contient de la spartéine qui, à l’état pur, peut être administrée lors d’un accouchement laborieux. En phytothérapie, il est aussi utilisé contre les irrégularités cardiaques. On prête également à la plante des qualités d’anti-venin. D’après d’anciens témoignages de bergers auvergnats, parmi les moutons mordus par des vipères, ceux ayant précédemment consommé des rameaux de genêts semblaient alors mieux résister au poison.
Le genêt a également été l'emblème de plusieurs maisons royales. Ainsi, la légende veut que le surnom de Geoffroy V d'Anjou, dit le Bel ou “Plantagenêt” soit issu du brin de genêt qu’il avait pour habitude de placer au sommet de son couvre-chef. Cependant, les historiens mettent sérieusement en doute cette origine du nom. Il s’agirait davantage d’une légende construite et relayée a posteriori par les descendants du roi visant à consolider la dynastie des Plantagenêt.
Au même titre que le cerf ailé et le tigre, le genêt a aussi été l’une des devises du roi Charles VI. Très présent dans l’emblématique royale, le roi en a même fait une récompense sous la forme d’un collier de livrée : l’ordre de la Cosse de Genêt. Véritable outil de pouvoir, le roi en faisait ainsi cadeau à ses favoris afin de renforcer ses allégeances.
Inventoire general de tous les joyaulx... tant d'or comme d'argent... du roy Charles le Quint,... commancé le XXIme jour de janvier l'an mil troys cens soixante dix neuf ». 1401-1500. Bibliothèque nationale de France
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