Samarobriva, l’Amiens gallo-romaine
En 2029 ouvrira à Amiens le nouveau site de conservation de la BnF. Des sondages archéologiques ont été menés dans cette zone au nord de la ville, où la présence de vestiges gallo-romains est attestée. Découvrez les origines de l’antique cité des Ambiani, à travers des documents de Gallica.
Si la ville gallo-romaine de Samarobriva n’est pas antérieure au règne de l’empereur Auguste, son nom apparaît déjà dans la Guerre des Gaules de César, et même dans des lettres de Cicéron. Auprès de ce camp fortifié, où César hiverna après avoir échoué à envahir la Grande-Bretagne, quelques gaulois autochtones appartenant au peuple des Ambiani s’établissent.
Samarobriva serait un toponyme gaulois signifiant « Gué sur la Somme », cependant à ce jour il n’existe pas de vestige épigraphique antérieur à la romanisation nommant le fleuve. Le nom d’Amiens, dérivé du peuple gaulois des Ambiani, a fini par se substituer au nom de la cité.
Au Ier siècle, les axes de communications de l’Empire se densifient et sont propices à la création de villes nouvelles : Samarobriva est ainsi édifiée le long de la Via Agrippa qui relie Lyon à Boulogne-sur-Mer.
La ville reçoit tous les équipements urbains classiques : un vaste forum long de 320 m et large de 125 m, doté d’un temple vraisemblablement dédié à Rome et Auguste ; un amphithéâtre pouvant accueillir 12 000 à 15 000 spectateurs ; des thermes, agrandies à plusieurs reprises ; un théâtre de 120 m de diamètre, pouvant accueillir 5000 spectateurs ; des remparts, des villae, mais aussi plusieurs nécropoles hors les murs, dont l’une, datée des IIIe et IVe siècles, découverte à la citadelle lors de fouilles en 2015.
Carrefour commercial jouissant d’une rivière navigable, Samarobriva prospère à l’époque romaine, comme en attestent les vestiges de céramiques andalous, narbonnais ou lyonnais, mais aussi le verre de Cologne retrouvés lors de fouilles. La cité capitalise elle sur le savoir-faire gaulois, et s’illustre dans la métallurgie, tandis que les campagnes environnantes profitent de ce dynamisme et lui envoient leurs produits agricoles.
Comme de coutume dans l’Empire, l’archéologie atteste le mélange et le syncrétisme de nombreux cultes, romains – Apollon, Mercure, Vénus… –, orientaux – Jupiter Ammon, Mithra… –, ou appartenant au substrat gaulois, telle que les déesses-mères, Gesacus, ou le mystérieux dieu Veriugodumnus, associé à Apollon dans une inscription, qui s’avère être sa seule occurrence connue à ce jour.
A la fin de l’Antiquité, la cité subit de plein fouet les « incursions barbares » des Saxons, des Francs, puis des Alamans : vers 260, elle aurait perdu la moitié de sa population. Au IVe siècle, Samarobriva, désormais nommée Ambianorum, devient une ville de garnison, intégrée à la ligne de défense de l’Empire de Constantin. Cette nouvelle fonction redynamise la cité, qui produit armes, boucliers et textiles pour l’armée.
Si l’époque médiévale et l’époque moderne ont effacé du paysage les éléments gallo-romains en élévation, les destructions de la Première et de la Seconde Guerre mondiale ont paradoxalement favorisé la redécouverte de vestiges enfouis. En effet, les travaux de reconstruction d’après-guerre ont été l’occasion d’entreprendre des fouilles archéologiques dans le centre-ville, et d’accroître considérablement nos connaissances sur l’histoire de Samarobriva.
Si peu de vestiges sont aujourd’hui visibles dans les rues de la ville, le Musée de Picardie expose de nombreuses pièces exhumées lors des fouilles : elles nous offrent un bel aperçu de la vie à Amiens aux premiers siècles de notre ère.
Scène du triomphe indien de Dionysos, mosaïque c. 200, découvertes en 1837 dans les fondations de la chapelle des Ursulines, présentée dans le Catalogue des collections du musée de Picardie-Amiens (1990), à découvrir sur Gallica intra-muros.
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