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Le myosotis

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23 novembre 2020

Le myosotis est un genre à lui tout seul, qui comporte plus de cent espèces différentes. Enrichissons cette semaine l’herbier de Gallica avec le myosotis alpestre, ou Myosotis alpestris.

Le mot myosotis nous vient du grec, plus précisément des mots myos "souris", et otis, "oreille". Que viennent faire les oreilles de souris là-dedans ? C’est l’arrondi légèrement pointu de ses feuilles, mais surtout leurs poils denses qui lui ont valu ce nom. La comparaison s’arrête là, puisque les feuilles sont de couleur vert sombre, plutôt que gris souris.

Le myosotis alpestre appartient au genre des myosotis, dans la famille des boraginaceae. Comme son nom l’indique, il se trouve le plus souvent en région montagneuse, là où la fonte des glaces a suffisamment humidifié le sol. Il pousse en touffe de petite hauteur, entre cinq et vingt centimètres, et ses fleurs éclosent à plusieurs au bout d’une même tige épaisse, avant de s’épanouir en corolle de cinq pétales, dont le bleu peut varier du clair au foncé. La gorge de la fleur (son centre) est jaune ou jaunâtre.

Il se distingue des autres espèces de myosotis par sa petite taille, et sa couleur. Certains myosotis, moins fréquents, peuvent en effet être roses ou même blancs.

 

Vous connaissez aussi sûrement le surnom poétique du myosotis "Ne m’oubliez pas". Dans de nombreuses langues, cette formule lui tient lieu de nom commun, Forget me not en anglais, vergiss mich nicht en allemand, nomeolvides en espagnol, niezapominajki en polonais… Cette petite fleur s’offre aux amoureuses et aux amoureux, comme pour contrer le malheureux "loin des yeux, loin du cœur". De ce fait, on le retrouve dans Gallica, illustrant des valses et sujet de poèmes.

Par un léger glissement sémantique, il devient peu à peu un symbole mémoriel. La petite fleur bleue des amoureux se lie à la nécessité du souvenir, comme dans ce poème de Bataille.

 

Vous pouvez planter du myosotis alpestre dans votre jardin, pour égayer vos parterres. Il est facile à entretenir et supporte bien les températures basses. Attention toutefois, il ressème spontanément, ce qui peut le rendre envahissant. Il s’assure ainsi que vous ne l’oublierez pas !

Commentaires

Soumis par Daniel Toro Navarro le 24/11/2020

“Myosotis”
Par Stéphane Moreau

“…Les pâles endormis sous la terre au grain lourd
Reposent bras croisés, sans voix et sans pensée,
Mais parfois un frisson court dans leur chair glacée :
Aux souvenirs anciens leur cœur froid n'est pas sourd.

Un rêve unique dans leurs prunelles vidées
Emplit de visions les orbites non clos;
Et le songe hanteur dans les tombes éclos
Surgit de la nuit où glissèrent les idées.

A ceux qu'ils ont quittés songeant avec effroi,
Un long sanglot s'exhale en leur sein lamentable;
Ils clament en râlant vers l'ombre inexorable
« Souvenez-vous de moi! Souvenez-vous de moi! »

Qu'importe que leur corps s'en aille en pourriture.
Être oubliés!...La crainte éternelle des morts!
Rien ne survit ni des amours, ni des remords;
La substance s'écoule en la grande Nature.

Dans l'immobilité leurs membres sont liés,
Leur corps se crispe et tant leurs angoisses sont vives
Qu'un rictus grimaçant vient tordre leurs gencives
Dans l'effroyable peur qu'ils ont d'être oubliés.

Monte vers les vivants leur voix désespérée.
— « Souvenez-vous de moi! » Dans l'ombre qui descend,
Ils se dressent au fond de leur tombe, écoutant
S'ils entendront enfin la réponse espérée!

— « Souvenez-vous de moi! » Murmure dont s'emplit
La tristesse des soirs sous les ifs séculaires,
C'est l'heure où les défunts adressent leurs prières,
Tandis qu'à l'Occident le soleil roux pâlit!....

Et vous, clairs astres nains, fleurettes minuscules,
Myosotis, échos des serments oubliés,
Ouvrant vos regards purs d'amants extasiés,
Vous parsemez de bleu l'ombre des crépuscules!...”

—“Myosotis” par Stéphane Moreau, appears in his precious book: “Les Jardins de l’Orient; A la Mémoire de ma Chére Hélène”, Chapter I: “Visions et Paysages”, page 7-9; Alphonse Lemerre, Éditeur MCMIV (1904), Paris.—

Link:
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5111228/f3.item

Soumis par Christine Collet le 25/11/2020

Très bel article et joliment illustré.
Un bémol : la famille du myosotis = boraginacées (avec un "r") (et non "boaginacées")

Soumis par Nadia Marguerit... le 27/11/2020

Bonjour,

Merci beaucoup pour votre commentaire, et excusez-moi pour cette faute de frappe, maintenant corrigée.

Bien cordialement,

Soumis par clairevacher@noos.fr le 05/12/2020

Avec joie on les retrouve chaque année, alors qu'ils avaient complètement disparu. Ils ne nous oublient pas !
Merci pour ce poème touchant comme ces petites fleurs d'un bleu unique.

Soumis par BURFIN le 07/12/2020

J'en ai replanté dans mon terrain, tous les ans il fleurit

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