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Les Trochilidés : colibris et oiseaux-mouches

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23 juin 2023

Qui ne s’est jamais arrêté pour observer une abeille, un bourdon ou un papillon virevolter et récolter du pollen ou du nectar de fleur en fleur? Certains oiseaux, comme les colibris et oiseaux-mouches, sont également friands du même délice.

 

Trochylus pyra Histoire naturelle des oiseaux-mouches ou colibris constituant la famille des Trochilidés. Tome 2 / par É. Mulsant,... et feu Édouard Verreaux..., 1877

Dans le langage courant, le terme « colibri » s'est imposé dans bon nombre de langues, y compris le français. Il s'agit d'un nom vernaculaire dont le sens est ambigu en biologie. Colibri désigne l'ensemble de la famille des Trochilidés ou Trochilidae (les oiseaux-mouches), mais aussi l'un de ses genres, Colibri. En dehors du Colibri, la famille des Trochilidés (ordre des passériformes ou passereaux) comprend de nombreux genres qui portent des noms tels que bec-en-faucille, ermite, campyloptère, mango (cravate verte ou plastron noir), émeraude, saphir, rubis, topaze, ariane, grenat, inca, etc. Les noms de pierres précieuses viennent des couleurs chatoyantes et métalliques du plumage lumineux et brillant de ces oiseaux.

De tous les êtres animés, voici le plus élégant pour la forme et le plus brillant pour les couleurs. Les pierres et les métaux polis par notre art ne sont pas comparables à ce bijou de la nature.    Buffon
 

Histoire naturelle et générale des colibris, oiseaux-mouches, jacamars et promerops, par J.-B. Audebert et L.-P. Vieillot, 1802

Chez les Cubains, les oiseaux-mouches répondent au nom de zunzuncito, mot espagnol signifiant «petit zunzun», issu du bruit fait par le battement très rapide de leurs ailes. Les anglophones les nomment hummingbird (du verbe to hum, vrombir ou bourdonner), tandis que les Portugais les appellent Beija-flor, littéralement «baise-fleurs».

 Oxypogon Guerini

Histoire naturelle des oiseaux-mouches ou colibris constituant la famille des Trochilidés. Tome 3 / par É. Mulsant,... et feu Édouard Verreaux..., 1877

Les Trochilidés sont des oiseaux migrateurs. Ils évoluent exclusivement sur le continent américain, de l’Alaska à la Terre de Feu (cap Horn). Il ne faut pas les confondre avec d’autres familles d’oiseaux de trè petite taille pouvant vivre sur d’autres continents (Nectariniidés, Méliphagidés, Dicoeidés). Leur squelette particulier (la quasi-totalité des os sont pneumatiques) ainsi que la morphologie et la disposition des plumes des ailes et de la queue en font des «voiliers» de très grande endurance parcourant de très longues distances d’une seule traite. On en rencontre à presque toutes les altitudes et latitudes et fréquentent des milieux très diversifiés : régions arides, plaines, hautes montagnes, etc. Ils délaissent pourtant les épaisses et hautes forêts tropicales pauvres en fleurs (leur nourriture principale) et préfèrent les zones moyennement boisées, les espaces ouverts où poussent les buissons.

Colibri grenat

Histoire naturelle, Oiseaux. N°1 : [estampe], 1857

Les colibris peuvent battre des ailes dans toutes les directions, voler en stationnaire et réaliser des voltiges impressionnantes, y compris à reculons (une faculté unique au monde). Leur vitesse en vol atteint près de 100 km/h avec une moyenne d’environ 60km/h, performances dues à la masse de leur muscle pectoral, représentant 25 à 30 % de leur poids contre 5% chez l’homme. Ils peuvent voir les ultraviolets, ont un cœur très gros et un cerveau très développé par rapport à l’ensemble du corps.

Panychlora Aliciae

Histoire naturelle des oiseaux-mouches ou colibris constituant la famille des Trochilidés. Tome 2 / par É. Mulsant,... et feu Édouard Verreaux...1877

                             Et, pour tout dire enfin, le charmant colibri
                             Qui, de fleurs, de rosée et de vapeurs nourri,
                             Jamais sur chaque tige un instant ne demeure,
                             Glisse et ne pose pas, suce moins qu’il n’effleure :
                             Phénomène léger, Chef-d’œuvre aérien
 
                                                           Le Colibri, Jacques Delille
 

D’un point de vue physiologique et métabolique, leur température corporelle peut atteindre les 40° C. Pour la refroidir, les oiseaux-mouches respirent environ 250 fois par minute au repos et plus de mille fois par minute en vol. Pendant leur sommeil, les Trochilidés entrent dans une sorte «d’hibernation nocturne» appelée torpeur. Au cours de cette phase, les battements du cœur et de la respiration chutent, avec une température du corps passant à 21°C. De par leur petite taille, leur vol extrêmement rapide, et leur caractère agressif, les oiseaux-mouches ne craignent  quasiment aucun prédateur, sauf quand ils sont dans cet état de léthargie. Faucons, serpents arboricoles ou araignées deviennent alors dangereux.

Histoire naturelle des colibris, suivie d'un supplément à l'histoire naturelle des oiseaux-mouches. Ouvrage orné de planches dessinées et gravées par les meilleurs artistes, et dédié à M. le baron Cuvier par R. P. Lesson, 1830-1831                                

 Les oiseaux-mouches possèdent un long bec pointu, ainsi qu’une langue tubuleuse, bifide, qui jaillit hors du bec (fig.286), leur permettant l’accès au fond des fleurs pour en récolter le nectar. Ce sont les seuls pollinisateurs de certaines plantes. Chaque jour, ils absorbent l’équivalent de 30 % de leur poids en nectar. Au menu figurent aussi des petits insectes noyés au fond des corolles, capturés en plein vol ou consommés sur les toiles d’araignées. Poids et taille varient en fonction des espèces : d’environ 2 grammes et 6 centimètres pour le colibri d’Elena (Mellisuga helenae, le plus petit oiseau au monde), à environ 22 centimètres et 23 grammes pour le colibri géant (Patagona gigas). Leur plumage très dense présente des nuances de couleurs variées qui peuvent être très vives ou plus ternes, avec un dimorphisme sexuel très marqué ou inexistant selon les genres.

Le règne animal distribué d'après son organisation pour servir de base à l'histoire naturelle des animaux, et d'introduction à l'anatomie comparée : édition accompagnée de planches gravées... par une réunion de disciples de Cuvier.... Les oiseaux. Atlas / par Georges Cuvier

A la saison des amours, la femelle pond en général deux œufs dans un nid en forme de tasse ou coupelle confectionné à partir de mousse, fibres, tigelles, brins d'herbe, débris d'écorce, bourre et parfois de duvet ou de lichen, le tout attaché avec des fils d'araignée. Le nid est créé à quelques centimètres du sol mais peut aussi s’élever à plusieurs mètres, sous des feuilles vertes, à l’abri de la pluie et du soleil. La couvaison dure de 11 à 19 jours et les petits demeurent jusqu’à un mois dans le nid. L’adulte peut vivre de deux à trois ans. L’oiseau-mouche est généralement solitaire mais très protecteur pour sa couvée. Si un autre individu approche de son territoire, ils savent se défendre âprement, s’accrochant à l’adversaire, même de taille très supérieure, et le lardant de coups de leur bec effilé.

 Histoire naturelle des oiseaux-mouches ou colibris constituant la famille des Trochilidés. Tome 4 / par É. Mulsant,... et feu Édouard Verreaux..., 1877

Si vous voyagez dans les Amériques, n’hésitez pas à prendre un moment pour observer et admirer le balai vrombissant et coloré des colibris et oiseaux-mouches devant des fleurs tout aussi resplendissantes.

Pour aller plus loin

Les plus beaux ouvrages de zoologie illustrés : les oiseaux

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