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L’hôpital militaire du Val-de-Grâce

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23 avril 2020

En hommage au personnel soignant mobilisé face au coronavirus, Gallica propose une série de billets dédiés à l’histoire des hôpitaux parisiens. Nous poursuivons cette série avec l’histoire de l’Hôpital militaire du Val-de-Grâce situé dans le Ve arrondissement de Paris.
 

Paris Val de Grâce dessin de Hubert Clerget, 1880

Le faubourg Saint-Jacques, où sont situés les bâtiments actuels de l’hôpital, remonte au Moyen-Age et on y trouvait à l’époque de nombreux couvents et établissement religieux. L’existence de l’abbaye royale du Val-de-Grâce remonte au XIème siècle. En 1514, Anne de Bretagne lui donne le nom d’Abbaye du Val-de-Grâce de Notre Dame de la Crèche. A l’époque, l’abbaye bénédictine était située dans la Vallée de la Bièvre, à une douzaine de kilomètres au Sud-Ouest de Paris. En mai 1621, Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, favorise l’installation de la communauté des bénédictines du Val-de-Grâce de Notre-Dame de la Crèche à Paris. Elle achète, en mai 1621, le site du Petit Bourbon au faubourg Saint-Jacques et y commence d’importants travaux de construction d’un ensemble de bâtiments qui prendront le nom de « Val-de-Grâce ». A la naissance de Louis Dieudonné, le futur Louis XIV, la Reine promet d’y édifier « un temple magnifique » voué à la Nativité. L’église du Val-de-Grâce a pour ex-voto  « Jesu nascenti Virginique Matri » (A Jésus naissant et à Vierge Mère), et sa construction confiée à François Mansart a été terminée en 1665, un an avant la mort d’Anne d’Autriche.

Eglise Notre Dame du Val-de-Grâce, 1760

L’hôpital militaire, ancien Service de Santé des Armées, a été créé en 1708 par Louis XIV. A cette époque, il existe une cinquantaine d’hôpitaux militaires en France et les bases de l’enseignement médical sont mises en place.

Après la Révolution, le Val-de-Grâce et ses dépendances ont une vocation hospitalière dédiée aux soins des blessés et des malades. En 1796, le Val-de-Grâce évolue vers un hôpital d’instruction, une véritable clinique universitaire avant la lettre, à côté des hôpitaux de Lille, Metz et Strasbourg. L’objectif principal d’une telle institution est la formation des officiers de santé par des stages, un contrôle permanent des connaissances, des concours et des prix annuels. Parmi les illustres professeurs du Val-de-Grâce, rappelons le baron Desgenettes, médecin en chef de la Grande Armée, le baron Dominique Larrey, médecin de Napoléon, Jean-Antoine Villemin, qui démontra en 1865 que la tuberculose était contagieuse, ou encore Alphonse Laveran, qui découvrit la cause du paludisme.

Pendant les guerres napoléoniennes, cette forme d’enseignement  est remplacée par la pratique sur les champs de bataille. Puis, sous la Restauration, Louis XVIII rétablit l’activité de l’hôpital d’instruction du Val-de-Grâce, qui continuera jusqu’en 1836.

Sous la Monarchie de Juillet, de 1836 à 1848, le Val-de-Grâce devient hôpital de perfectionnement et a un rôle privilégié dans l’achèvement de la formation médicale initiale, obtenue dans les hôpitaux d’instruction de Lille, Metz et Strasbourg. On y organise des cours de clinique interne, pathologie médicale, hygiène, médecine opératoire et appareil, chimie et toxicologie, histoire naturelle, botanique, préparation des médicaments, physiologie, anatomie pathologique.

Si en 1850, Louis-Napoléon Bonaparte y suspend l’activité de perfectionnement et d’instruction pour attribuer ce rôle aux universités, le Val-de-Grâce devient, sous la pression publique, Ecole Impériale d’Application de Médecine et de Pharmacie Militaires.  La guerre de Crimée, celle de 1870 et la Grande Guerre reconfirment l’importance de la formation des médecins militaires.Pendant la seconde guerre mondiale, sous l’occupation allemande, le Val-de-Grâce est fermé jusqu’à la Libération.

Actuellement, l’Ecole d’Application du Service de Santé des Armées (EASSA), lieu d’excellence de la médecine militaire, porte le nom d’Ecole du Val-de-Grâce. En 1974, l’adoption d’un nouveau plan architectural a permis la restauration des bâtiments abbatiaux et des jardins. Après des travaux d’excavation d’une ampleur exceptionnelle, les niveaux inférieurs sont posés directement sur les carrières souterraines du Moyen-Age.

L’inauguration de l’hôpital actuel, qui a eu lieu en janvier 1979, vient ajouter un nouveau chapitre à l’histoire du Val-de-Grâce qui a acquis au fil des siècles une valeur de symbole, au titre d’hôpital militaire et civil à la fois.

Pour aller plus loin

Voir la section dédiée aux hôpitaux parisiens dans les Sélections consacrées à l'Histoire de Paris.
Voir la page sur l’Hôpital militaire du Val-de-Grâce dans ces mêmes Sélections.

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