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La ruine de Rome

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Rome ne s’est pas faite en un jour dit le proverbe et il est peu probable que la cité antique doive sa disparation à cette toute petite plante. En effet, la Ruine de Rome, un des noms vernaculaires de Cymbalaria muralis, est une petite plante vivace, pas plus haute que 10 cm.

Pierre Bulliard, Flora Parisiensis ou Description et figures des plantes qui croissent aux environs de Paris. (Tome 4). Paris, 1776-1783.

De la famille des Scrofulariacées, on l’appelle aussi Linaire cymbalaire ou Cymbalaire ou lierre fleuri. Cette dernière appellation peut facilement induire en erreur car ses feuilles arrondies en forme d’éventail  ou de barque (cymba en latin signifie barque ou nacelle et, en grec, veut dire cymbale) évoquent un peu les feuilles de lierre mais il ne s’agit pas ici de lierre terrestre (Glechoma hederacea) ni de nombril de Vénus (Umbilicus rupestris) et encore moins de Hedera helix L.

Zenobe Pacini, « Véronique à feuille de Cymbalaire » in Plantes vivantes exprimées par le cylindre. Florence, 1520

Cette plante rampante apprécie les empierrements calcaires et devait se trouver à l’état sauvage parmi les rochers et éboulis sur tout le pourtour méditerranéen. Elle s’est très bien acclimatée aux ouvrages humains et colonise facilement les vieux murs et ruines sans pour autant les fragiliser.

Nicolas-François Regnault, La botanique mise à la portée de tout le monde (…) Tome 1. Paris : 1774

La fleur présente les même caractéristiques que la plupart des linaires (muflier ou linaires) et se compose de deux lèvres, supérieure et  inférieure; un éperon contenant le nectar se situe à l’arrière. La ruine de Rome fleurit de mai à octobre. Ses fleurs sont mauves ou blanches et les tiges de couleur pourpre peuvent s’étendre jusqu’à 80 centimètres.

Pierre  Bulliard, Flora Parisiensis ou Description et figures des plantes qui croissent aux environs de Paris. (Tome 4). Paris, 1776-1783.

Les fleurs sont tournées vers le soleil mais, une fois fécondées, elles deviennent lucifuges; semblant fuir la lumière et recherchent l’obscurité en se tournant vers le mur. Ainsi les graines auront-elles plus de chance de trouver un interstice dans la muraille dans laquelle elles pourront germer.

Henry Correvon, Les plantes alpines et de rocailles : description, culture, acclimatation. Paris, Librairie agricole, 1895

On ne sait pas vraiment comment ou pourquoi cette plante originaire d’Italie et de Méditerranée se retrouve à présent en France et en Europe du Nord. Pour certains, c’est le transport de vestiges antiques vers le nord qui aurait permis sa propagation, les graines ayant voyagé avec les pierres.

Nicolas-François Regnault, La botanique mise à la portée de tout le monde (…) Tome 1. Paris : 1774

Pour d’autres, elle se serait ce serait répandue vers le nord grâce à ses propriétés médicinales. Cultivée, la plante se serait adaptée à un climat plus océanique et aurait prospéré. Elle a été autrefois utilisée contre la gale et le scorbut. Les feuilles fraîches sont hémostatiques.

Mathieu Leclerc du Sablon, Nos fleurs, plantes utiles et nuisibles, dessinées d'après nature par Adolphe Millot. Paris : 1892

Plante discrète et gracieuse, vous pourrez l’admirer sur les ruines ou les vieux murs où elle s’épanouit sans pour autant fragiliser les constructions tout en offrant un cachet romantique à souhait !

Pour aller plus loin

- un article à propos de cette plante si romantique 
- tous les autres billets de l'Herbier de Gallica publiés sur le blog
- la sélection Botanique du parcours Gallica La Nature en images

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